Chapitre 53

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Je fixais l'amas de vêtements sur mon lit avec exaspération, jean, robe, bustier, tout y était passé. J'avais le tract. Rémi m'avait réveillée en me rappelant qu'il m'emmenait manger mais il ne m'avait pas donné d'autres renseignements et s'était esclaffé devant ma mine boudeuse. Le salopiot ! Je suis persuadée qu'il l'avait fait exprès. Je regardais toutes les tenues que j'avais essayé avec désespoir. Une robe ou trop habillée ? Juste jean et top, trop négligée ? De frustration, j'optais pour un pantalon sculpteur et un haut qui découvrait mes épaules. Je dénouais mes cheveux et passais mes doigts dans ma tignasse pour leur donner un air sagement décoiffé. Je respirais plus librement maintenait que le mystère de ma tenue était résolu. J'appliquais une touche de maquillage et récupérais des talons épais. Ce n'était pas les plus glamours mais je pouvais marcher longtemps s'il le fallait et je ne voulais pas en faire trop.

J'entendis la porte d'entrée s'ouvrir puis la porte de la salle de bain. Je secouais la tête, refusant de céder à ma rêverie qui consistait à imaginer Rémi sous la douche. Je récupérais mon sac à main et allait l'attendre dans le salon.

Dix minutes plus tard, il apparut en jean et chemise noire. La vie était délicieusement injuste. Comment pouvait-il être aussi beau ? Je me levais avant de me mettre à baver devant lui.

-Tu es très belle.

-Merci, rougissais-je en me tordant les doigts. Où allons-nous ?

-Tu verras, me fit-il un clin d'œil.

Je levais les yeux au ciel. Je détestais ne pas savoir, ne pas être préparée.

*****

J'eus le souffle coupé quand il se gara devant un petit restaurant isolé au bord de mer. Une musique discrète s'élevait dans les airs et des lanternes multicolores ornaient la terrasse pour se refléter sur l'eau.

-Ce n'est pas aussi bon que lorsque tu cuisines, mais je me suis dit que tu apprécierais le cadre, me guida-t-il d'une main ferme sur ma taille.

-C'est splendide. Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? m'alarmais-je en le voyant sourire en coin.

-Tu es la seule personne que je connaisse qui utilise « splendide » pour décrire un lieu.

Je relevais fièrement le menton.

-J'essayes d'enrichir ton vocabulaire, plains-toi !

Il posa sa main sur la mienne et son pouce suivit le contour de ses doigts.

-Loin de moi, l'idée.

Nous étudions le menu en silence, nous observant à la dérobée et souriant comme des idiots lorsque nous nous prenions sur le fait. Je regardais le menu sans savoir quoi choisir. Je n'avais absolument pas faim. Tout ce qui m'importait était de profiter du temps que je pouvais passer avec lui, mon estomac était relégué aux oubliettes. J'observais Rémi et me mordit la lèvre pour m'empêcher de gémir. J'avais terriblement envie de lui. Sa décision de m'accorder de son temps et de me faire la cour me rendait fébrile. J'étais touchée et je me sentais enfin estimée.

-Si tu continues de me regarder comme cela, je ne vais plus me conduire aussi bien, m'avertit-il sans même lever les yeux.

Oups, prise en flagrant délit. Je détournais le regard, étudiant le front de mer. Son rire sensuel me rappela à l'ordre. Heureusement, je vis la serveuse arriver juste au-dessus de son épaule.

-Vous avez choisi ?

-Pas sûr qu'ils aient ce que tu veux, pas vrai Théodora ?

J'écarquillais les yeux. Il n'avait pas osé ? Je me sentis virer au rouge pivoine avant de réaliser qu'il m'avait appelé par mon nom complet. C'était si rare. Je plissais les yeux. Que dirait-il si je lui demandais s'il était au menu ?

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