Obsession

Chapitre 22

Nous étions à la mi-août déjà. Les travaux étaient pratiquement achevés. Les peintures étaient bien avancées. L'équipe avait été restreinte. Cela suffisait largement pour finaliser les pièces et y installer les nouvelles décorations. Alexia était absente, elle finalisait les achats pour la chambre parentale. Je repensais à mon arrivée. J'étais alors persuadée que l'été allait être interminable. Oui, j'avais un peu exagéré. En réalité, depuis que je m'étais rapprochée de Rémi, l'été avait filé à vive allure. Maintenant qu'il y avait moins de travail à boucler, il m'expliquait les bases du bricolage quand je m'ennuyais. C'est-à-dire, assez souvent. Je ne trouvais aucun bouquin dont le héro pouvait rivaliser avec le jeune homme et Greg était la plupart du temps absent.

J'étais une apprentie maladroite mais appliquée. Je l'écoutais avec sérieux et suivait ses conseils à la lettre. J'avais déjà massacré trois de mes débardeurs préférés, mais c'était pour la bonne cause, j'apprenais à me débrouiller. Fièrement, je finissais de fixer une étagère dans le cellier et me tournais vers Rémi, attendant sa validation.

Le jeune homme éclata de rire et je me renfrognais.

-Qu'est-ce qu'il y a ? l'interrogeais-je en observant méticuleusement l'étagère.

-Rien, me rassura-t-il en me touchant le bras.

C'était une chose qui me surprenait toujours. Contrairement à moi, Rémi était très tactile. Il n'avait pas de gestes déplacés ou ambigus mais il passait son temps à m'effleurer le bras, l'épaule, surtout quand il essayait de me réconforter.

-Alors pourquoi rigoles-tu ? lui reprochais-je.

-Parce que tu ressembles à une enfant le soir de Noël, tu as les yeux qui brillent et le sourire jusqu'aux oreilles. Je ne connais personne qui soit aussi heureux de fixer une simple étagère.

-Tu vois, tu te moques, baissais-je la tête.

Il agrippa mes épaules et me força à le regarder.

-Je ne me moque pas, répondit-il sincèrement. J'ai juste du mal à imaginer que cela te tiennes tant à cœur. Tu as fais des études, tu as de l'argent, ... et toi ce qui te plais c'est d'apprendre à bricoler.

-J'aime bien apprendre, haussais-je les épaule, et puis, ça me change des bouquins.

-C'est sur. Elle est parfaite ton étagère !

-Merci !

J'étais à peu près certaine de rayonner tellement j'étais heureuse.

-Ils sont là-bas, indiqua Marc au loin.

Rémi et moi nous regardions étonnés. Qui pouvait bien nous chercher ? Alexia arriva toute échevelée. Ma bulle de bonheur éclata brusquement. Ainsi donc, elle était de retour. J'éprouvais une satisfaction toute féminine à l'accueil que lui réserva Rémi. Bien sur, il lui dit bonjour et lui fit la bise, mais cela s'arrêta là. Il n'oublia pas ma présence à l'instant où il l'aperçu.

-Que se passe-t-il ? lui demanda-t-il, peu habitué à la voir dans cet état.

Alexia affala sa salive et reprit une contenance avant de fixer son regard sur moi.

-J'espérais que tu pourrais m'accorder ton après-midi, commença-t-elle embarrassée.

-Bien sur. Je n'en avais aucune envie mais je me voyais mal l'envoyer paître alors qu'elle semblait déjà gênée.

-Parfait, j'ai...j'ai les illustrations des chambres sur la tablette, je me demandais si tu pouvais jeter un coup d'œil.

-Oui, pourquoi pas, me forçais-je à sourire.