Je ne savais jamais sur quel pied danser avec Rémi. Il était lointain et inaccessible la plupart du temps. J'avais l'impression de vivre avec un fantôme puis sa colère surgissait et cela se finissait en séance de sexe explosive. Chaque appel à l'assistante sociale le mettait dans une rage noire. Il refusait de voir son ex et sa mère était l'une des seules personnes qu'il tolérait à petite dose. Je devais généralement la raccompagner jusqu'à la porte alors qu'il lui tournait le dos en claquant la porte. Dès que la voiture disparaissait, il me sautait dessus et je finissais satisfaite mais courbaturée.
Alors qu'il tournait comme un lion en cage m'empêchant de lire mon livre, je lui fis remarquer que sa clôture était abimée. Il passa l'après-midi à tout arracher pour tout refaire à neuf. Il revint torse nu, en sueur avec des tâches de peinture blanche sur les bras. Je salivais et faillis lâcher mon livre.
-J'ai pris une décision, m'annonça-t-il d'une voix déterminée.
-Je t'écoute, posais-je mon livre en redoutant qu'il me demande de partir.
-Je vais reprendre le travail. J'ai besoin de faire quelque chose. La boîte va mal. Je...j'aimerais que tu restes, enfin...je comprendrais si tu devais ou voulais rentrer.
-Je reste, je te l'ai dit. Je resterais le temps qu'il faut. Tu es sûr de toi ?
Il hocha la tête.
-Je vais appeler mon travail, voir si je peux écourter mes vacances et prendre une période de télétravail.
Il hocha la tête sans quitter le seuil. Il se décida enfin, embrassa mes cheveux et se dirigea vers la salle de bain.
Quelques heures plus tard, Cécile m'appela. J'attendais son appel, espérant me tromper mais je la connaissais bien. Mon amie n'était pas d'accord avec ma décision et elle me le faisait bien savoir. Epuisant son stock d'arguments en béton, elle se lança dans des cris aigus qui me vrillaient les tympans. Je l'assurais pour la centième fois que je savais ce que je faisais. Je ne renonçais pas à ma carrière, je bosserais à Mougins et viendrais un à deux jours par semaine à Lyon pour rencontrer mes clients. J'avais conscience de perdre ainsi l'opportunité d'une promotion sur Genève mais je n'avais jamais eu l'envie d'y aller. Je comptais rester près de Rémi pas changer de pays. Je ne l'annonçais pas à ma meilleure amie cependant. Elle était déjà assez perturbée comme cela. Je la sentais différente depuis quelque temps et elle refusait de m'en parler.
-Tout va bien ? me fis sursauter Rémi.
-Oui, j'étais perdue dans mes pensées.
*****
Cela faisait maintenant quatre jours que Rémi avait repris le travail. Son chantier avait du retard et bien que le client s'avérât compréhensif, mon entêté préféré se tuait à la tâche pour respecter les délais malgré son absence. Il partait aux aurores et rentrait rarement avant vingt-deux heures. Cela me laissait le temps de bosser et de préparer des plats dignes de ce nom pour être sûre qu'il mange. Les cernes sous ses yeux m'inquiétaient mais il faisait la sourde oreille. Si seulement il rentrait épuisé et qu'il allait se coucher sans faire d'histoire. A la place, il attendait que je fasse la vaisselle pour me coincer contre l'évier. Chaque soir, je me promettais de lui résister et chaque soir je cédais. Mon inquiétude pour lui finissait par s'évanouir, remplacée par une boule de désir. Je rinçais le plat quand il vint se coller derrière moi.
-Laisse-moi t'aider, c'est toujours toi qui fais la vaisselle, chuchota-t-il en plaquant ses hanches contre mes fesses.
-Je ne savais pas que la vaisselle te faisait tant d'effet.

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Obsession
Mystery / ThrillerJusqu'où iriez-vous par amour? Ce fut d'abord une lueur, puis une flamme grisante, qui enflamme qui embrase tout mon être.Il semblait être tout ce que je voulais, même ce que je ne n'osais espérer. Et vous qu'auriez-vous fait à ma place? Pour ceux...