Chapitre 39

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Je m'installais dans mon siège et lui fit signe de la main, le cœur lourd. Le fait de ne pas savoir quand j'allais le revoir rendait cet « au revoir » douloureux. Je repensais à ces deux jours ici, et la nostalgie me gagnait. Une secousse ébranla le wagon et le train se mit en marche. Rémi me fit un dernier signe de la main et je le regardais jusqu'à ce que le train quitte la gare. Je soupirais en me réinstallant dans mon siège. Le fait d'avoir « vécue » avec lui un week-end renforçait mes sentiments pour lui. Ce n'était pas un simple béguin qui me faisait l'idéaliser au-delà du raisonnable. Il représentait tout ce que j'aimais chez un homme, même ses défauts me faisaient craquer.

-Vous laissez un amoureux éploré ? demanda la petite mamie à côté de moi, réagissant à mon soupir.

-Non, lui répondis-je en me retenant de l'envoyer paitre.

-Oh, vous devriez jeune file.

Je hochais la tête et me perdis dans mes souvenirs pour échapper à ma voisine envahissante. Dire qu'il a encore quelques heures, nous nous chamaillons comme des gamins. J'avais hâte de le revoir mais ce n'était pas pour tout de suite. Je regrettais presque de ne pas être restée dans le manoir familial. Il m'aurait suffi d'une excuse pour le croiser en ville, au supermarché... Hélas, j'étais trop loin pour cela. Mon sac vibra sur mes genoux m'avertissant de l'arrivée d'un message. Je farfouillais à la recherche de mon portable et mon cœur s'accéléra en voyant le destinataire.

-Laissez-moi deviner, c'est un charmant jeune homme qui vous fait sourire comme cela ? me demanda la mamie malicieuse.

Mon sourire s'effaça et je me renfrognais sur mon siège.

-Non.

Je me détournais pour ouvrir le message tranquillement. « J'ai passé un excellent week-end grâce à toi, cela faisait longtemps. Préviens-moi quand tu seras bien arrivée ». J'avais envie de hurler de se sautiller sur place, mais les regards à la dérobée de ma voisine me forcèrent à rester stoïque. Je ne voulais pas lui répondre dans l'instant alors pour éviter la tentation, je me refis le film de notre journée.

*****

Les enfants dormaient alors nous nous étions installés sur la terrasse pour déjeuner. Rémi avait préparé le café et sortais les confitures alors que je faisais griller du pain. Il me preta une paire de lunettes qui trainait sur le comptoir de l'entrée et nous nous installions au soleil. Je chaussais la lunette en évitant de penser à sa propriétaire.

-Est-ce que ça va ? Tu fais une drôle de tête, tu as mal dormi ? Sofia a fait un autre cauchemar et je ne l'ai pas entendu ? demanda-t-il devant ma grimace.

Non, j'espérais juste que ces lunettes n'aient jamais touchée cette pétasse qui te sers de meilleure amie ! Je me mordis la langue pour ne pas dire le fond de ma pensée. Moi qui avais du mal avec la vulgarité, ma jalousie faisait ressortir ce qu'il y avait de pire en moi.

-Non, c'est juste que le weekend est passé si vite, regrettais-je.

Au moins, je ne mentais pas. La perspective de repartir le soir-même m'avait gardé éveillé bien après le cauchemar de sa fille. Enfin, ces regrets étaient mélangés à pas mal de fantasmes, je devais bien l'avouer. Vers 3 heures du matin, un cri strident m'avait fait bondir. Sur le coup, je ne savais plus où je me trouvais. Il me fallut un moment pour rassembler mes pensées et je me ruais vers l'origine du cri. Rémi avait été plus rapide. Je m'arrêtais à la porte de la chambre et n'osais plus bouger de peur de les déranger. Il réconfortait sa fille en larmes et je m'appuyais contre le mur. Il n'avait jamais été aussi sexy qu'en cet instant. Il prenait son rôle de père tellement au sérieux. Il était un papa parfait. Je ne pouvais pas m'empêcher d'envie Sofia. Cela doit être magique d'avoir quelqu'un prêt à tout pour soi. Je comprenais mieux les petites filles qui étaient amoureuses de leur père. A côté de Rémi, les héros Disney faisaient office de figurants. Avec des murmures et des gestes rassurants, il recoucha la petite fille et la borda doucement. Il appuya sur la veilleuse et une musique douce se mit en marche. Il resta à côté d'elle jusqu'à ce qu'elle dorme profondément. Il sortit de la chambre en fermant la porte et sa main me caressa le ventre en passant à côté de moi.

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