Chapitre 25

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J'observais la foule qui se massait dans le grand salon. Je ne m'y faisais pas. Depuis ma naissance, j'avais participé à des soirées mondaines, mais j'avais toujours autant l'impression de participer à un cirque. Je me tenais en retrait, un verre intact dans la main, c'est à peine si je respirais. Je me faisais la plus immobile et la plus discrète possible. Mes parents étaient revenus depuis une semaine, et nous n'avions pas eu un instant de libre. Soit ils étaient invités, soit ils invitaient du monde. 

Je ruminais depuis leur retour, je souhaitais leur parler mais cela ne semblait jamais être le bon moment, ou juste un moment où ils n'étaient pas entourés d'une dizaine de personnes. Je reportais mon attention sur la porte fenêtre et me glissais subrepticement sur la terrasse. La musique se faisait plus sourde et le brouhaha redevenait supportable. Je m'installais sur l'un des transats au bord de la piscine et trempais mes lèvres dans mon verre de vin, quand une présence me fit relever la tête. En jean délavé et un cuir élimé, Rémi ressemblait au bad boy d'une comédie romantique. Le rebelle un brin voyou mais qui faisait craquer l'héroine et dévoilait un coeur d'or.  J'avais senti sa présence, je ne savais pas comment, je ne savais même pas qu'il était sur la propriété mais mon coeur s'était emballé comme à chaque fois qu'il était dans les parages.

-Qu'est ce que tu fais là? demandais-je en crispant les doigts autour du cristal. Les travaux sont finis.

Il hocha la tête et s'appuya nonchalamment contre la statut d'Aphrodite. 

-Il y a quelques trucs à faire encore. J'ai cru comprendre que ton père n'était pas vraiment un bricoleur, ironisa-t-il. Ta mère m'a demandé de poser quelques appliques en plus, des trucs dans le genre, éluda-t-il. 

-Et tu viens à cette heure-ci? haussais-je un sourcil circonspecte. 

Il me regarda avec un sourire carnassier. 

-Disons que je préfère travailler au calme, dit-il en jetant un coup d'oeil à la fête. Pendant que ta mère est occupée. 

Le sous-entendus aurait du me révolter, mais à vrai dire cela ne m'étonnait pas tant que cela. Dans un monde où le mariage servait à accroitre son statut, il était fréquent que les époux commettent des fautes. Je savais que ma mère était fidèle à mon père, mais plus par convenance que par grand amour. J'avais vu comment elle regardait Rémi et je me doutais qu'elle devait flirter avec lui à chaque occasion. Après tout, je ne pouvais pas la blâmer, être invisible n'était agréable pour personne. 

-Et toi qu'est ce que tu fais toute seule dehors alors qu'ils sont tous à l'intérieur ?

J'avais eu besoin de changer d'air, c'était fatigant de sourire sans cesse, de jouer un rôle à chaque instant. 

-Je me repose...J'en ai marre de prétendre être parfaite. 

Il s'installa à coté de moi et chassa une mèche de mon visage.

-Je croyais que tu étais parfaite, se moqua-t-il gentiment.

Je souris malgré moi. 

-C'est vrai que je le suis, mais pas pour eux, répondis-je d'une voix triste qui me surprit. J'avais juste envie d'être moi-même quelques instants, ajoutais-je en feignant l'amusement. 

-Pourquoi ne t'entoures-tu pas de gens avec qui tu peux être toi-même ?  Ca serait plus simple que de te cacher ici.

-Parce que d'où je viens, je n'en connais pas.

-Tu me connais moi, murmura-t-il d'une voix convaincu, son regard avait une intensité que je lui avais rarement vu, je te vois tel que tu es.

Il baissa les yeux vers mes lèvres et je me rendis compte qu'elles tremblaient. Je les pinçais fortement, cherchant à chasser l'émotion qui menaçait de me submerger. 

-Merci, répondis-je timidement.

J'entendis la voix de mon père m'appeler à l'intérieur.

-Tu devrais y  retourner, annonça-t-il.

-Oui, avouais-je encore plus malheureuse maintenant qu'il était là et que je le quittais. Dis tu..tu finis dans longtemps ?

-Ca dépend. Une heure ou deux pourquoi? 

J'aurais jurer que ces yeux brillaient d'une lueur que je ne lui avais jamais vu. Assis, les coudes sur les genoux, il me regarda partir. Tout son être semblait m'appeler. Je secouais la tête, je me faisais surement des idées. Sa main dans mes cheveux, son regard sur mes lèvres, son ton plus grave que d'habitude... j'aurais jurer qu'il attendait quelque chose de moi. 

Je passais le reste de la soirée à m'interroger sur cet étrange moment. Avais-je imaginé le romantisme de cette rencontre? N'était-ce que du désir que j'avais vu dans ses yeux? Me faisais-je des films et rien de cela n'était vrai. Il s'était montré gentil parce que j'étais triste, cela ne voulait pas dire qu'il avait chercher à flirter avec moi. L'esprit plein de contradictions, je le cherchais des yeux toute la soirée.

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