Chapitre 45

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J'attendais fébrilement. Rémi avait décidé de venir en moto pour ne pas perdre de temps dans les embouteillages et surtout profiter du beau temps. J'essayais de ne pas trop m'en faire mais des images toutes plus horribles les unes que les autres s'imposaient à ma rétine. Il était parti, il y avait de cela un peu plus d'une heure et il me restait encore un bon moment à patienter sans pouvoir prendre de ses nouvelles. Je priais pour qu'il ne lui soit rien arriver. Pour m'occuper l'esprit, je refis un peu de ménage avant de vérifier mon reflet dans le miroir de la salle de bain. Je rajoutais une touche de mascara sur mes cils et me recoiffais à la va-vite.

« Je suis en bas ».

Déjà ? Je vérifiais l'heure. J'étais rassurée, mais je savais très bien qu'il avait roulé trop vite. Je faillis faire une attaque en l'apercevant au pied de mon immeuble. J'avais souvent rêvé de ce moment, mais je n'avais pas imaginé le voir sagement appuyé sur sa moto, les bras croisés, à fixer mon arrivée. Je déglutis et sentis mes jambes se mettre à trembler.

-Tu peux te garer dans le parking souterrain, si tu veux, lui dis-je en lui ouvrant le chemin.

Une main de fer s'abattit sur mon avant-bras, empêchant ma progression.

-Bonjour.

-Bonjour, rougissais-je.

Son sourire se fit taquin et il se décida à me suivre. Une fois, sa moto en toute sécurité, nous prenions l'ascenseur pour rejoindre mon étage.

-Tu as fait bonne route ? demandais-je pour briser le silence.

La cabine d'ascenseur me paraissait soudain minuscule. Son odeur m'enveloppait. Je regardais les chiffres dansés quand une main se posa sur mon ventre. Je sursautais et me plaquais contre la cloison.

-Je te fais peur ? demanda-t-il d'un ton grave.

-Non, balbutiais-je. Tu m'as surprise, ajoutais-je en retrouvant une voix à peu près normale.

-En bien ou en mal ?

-Comment cela ? soufflais-je.

-Tu sais ce que je veux dire, m'accusa-t-il avec un sourire espiègle.

L'ouverture des portes coupa notre conversation et je me précipitais pour ouvrir ma porte. Je bataillais avec mes clés et un rire discret m'indiqua qu'il ne perdait pas une miette de mon trouble.

-Entre, marmonnais-je en posant mon sac sur la console de l'entrée.

-Merci.

Il inspecta le salon comme s'il était de retour chez lui après un long voyage.

-C'est sympa chez toi, siffla-t-il.

Je souris avec fierté. C'est vrai que j'avais eu une chance incroyable. De hautes fenêtres, un parquet de qualité, une cuisine aménagée de dernière génération. C'était un petit trésor où je me sentais bien.

-Je sais. Viens je vais te montrer la chambre d'amis.

-Parce que tu as des amis ?

-Tu es là, non ?

-Ahah, tu avoues que tu m'aimes bien !

Je levais les yeux au ciel.

-Disons que je te supporte, c'est bon pour mon karma.

-C'est ça ! C'est ton karma qui t'importe seulement.

-Bien sûr. Quoi d'autre ?

Il se referma comme s'il attendait une autre réponse. Je le laissais ranger ses affaires et préparais à boire et à grignoter. Il était encore un peu tôt pour prendre l'apéritif, j'optais pour la cafetière et coupais la tarte aux pommes en regardant vers la chambre d'amis. Il était là. Je devais me retenir de bondir de joie. Une telle réaction aurait paru démesurée et je me sentais encore gênée par sa présence imposante. Pourquoi avait-il semblé déçu par ma réponse ? S'attendait-il à autre chose ? Se pouvait-il que je lui plaise ?

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