Chapitre 26

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Finalement je réussis à annoncer mon départ à mes parents. Ils n'eurent pas la réaction escomptée, c'est à peine s'ils en souciaient. Leur seul tracas reposait sur la réaction de la famille de Greg.

J'abandonnais un poste et mon petit ami. Qu'allaient-ils dire ? Seraient-ils toujours amis ? Je refusais de me sentir coupable une fois de plus.

C'était ma vie, je ne pouvais pas continuer comme cela à me convaincre que tout allait bien alors qu'au fond de moi je savais bien que j'étais malheureuse.

Ma mère fut soulagée que j'aie attendu leur retour pour prendre ma décision, comme si j'allais partir au beau milieu des travaux. Plus personne ne venait au chantier à part Marc et Rémi. Pour le second, j'étais persuadée que ma mère trouvait des prétextes à la pelle pour le faire venir ; Une ampoule à changer, une haie à tailler...il venait régulièrement. Depuis mon annonce, nous nous étions un peu éloignés. Il ne me semblait pas idéal de continuer à reposer autant sur lui alors que je devais partir bientôt. Il avait une vie bien à lui et il n'avait certainement pas besoin de gérer mes problèmes à ma place.

De plus la séparation sera bien assez dure pour moi. Je m'étais habituée à le voir tous les jours, à l'admirer en silence, à lui parler dès que j'en avais besoin... Mon Dieu, il devait me prendre pour une gamine incapable de me débrouiller. Je savais que j'avais pris la bonne décision. Je devais voler de mes propres ailes. Je voulais qu'il soit fier de moi. Je devrais sans nul doute consulter si j'avais besoin de l'approbation d'un homme que je connaissais depuis quelques mois seulement. Après tout, il y a encore quelques mois, il était un parfait inconnu. Notre relation avait certes évolué mais je n'étais pas sûre que nous puissions nous décrire comme des amis. Je n'avais pas l'impression d'être sur un pied d'égalité avec lui. J'avais besoin de récupérer ma confiance en moi, et de me prouver que je pouvais m'en sortir seule.

Pour cela, il fallait encore que j'annonce ma décision à Gregory. J'avais reporté ce moment, je ne voulais pas lui faire de peine, mais plus j'attendais, plus les choses seraient difficiles.

*****

J'entendis la portière claquée et les pas de Greg claquer sur le marbre. J'appréhendais ce moment et me tordais les mains d'angoisse. Il gravit rapidement les marches et sembla étonné que je l'attende. A sa tête, je sus qu'il avait passé une mauvaise journée.

-Tu peux me dire pourquoi mon père m'a annoncé que je devais te remplacer à l'agence au lieu de bosser au siège ? C'est quoi ces histoires !

-Greg, je... il faut que je te parle.

-Je t'écoute !

Ma timidité soudaine souffla sa colère. L'inquiétude naquit dans son regard.

-Je ne vais pas à Paris avec toi, expirais-je dans un souffle. J'ai trouvé un poste ailleurs et j'ai accepté.

-Mais...balbutia-t-il. Comment allons-nous faire ?

-Je veux rompre, dis-je doucement.

Je soutins son regard, j'avais pris cette décision et je ne reviendrais pas en arrière. Sa mâchoire se serra, accusant le coup. Il aurait pu feindre la surprise, mais nous aurions su tous les deux que ce n'était que des mensonges. Nous nous voilions la face depuis trop longtemps. Nous n'avions rien à faire ensemble. Il me regarda comme si une inconnue se tenait devant lui et il repartit sans m'adresser un mot. J'étais triste que cela se termine ainsi, et tellement soulagée. La peine que j'avais lue dans ses yeux n'était qu'une blessure d'ego, mais une véritable blessure. Il devait surement s'inquiéter de ce qu'il allait dire à sa famille et à ses amis.

Je fixais la place vide de la Maserati. J'étais libérée, lui aussi, pourtant je me sentais misérable. C'était un échec sur toute la ligne. A regret, je sortis de ma contemplation. J'avais des cartons à emballer.

ObsessionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant