Chapitre 28

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Les jours s'enchainaient à un rythme fou. Entre les visites d'appartement, le travail, les magasins de décoration, l'enthousiasme de retrouver Cécile et mes nouveaux collègues, je n'avais pas une minute à moi. 

Heureusement, j'avais vite trouvé mon appartement. Un immense F3 dans une ancienne usine. Il avait été refait à neuf mais en gardant le cachet de l'ancien, notamment certains murs en brique apparente. Ces hauts plafond me donnaient l'impression de vivre dans une boite à musique. Je passais mes weekends à l'aménager sur les conseils de Cécile, puis le soir venu, elle me faisait découvrir tous les lieux à la mode. Pour certains, j'aurais préféré m'en passer, mais dans l'ensemble, cela me faisait du bien et m'évitais de trop réfléchir. J'avais beau essayer d'occulter Rémi, à chaque fois que je choisissais un objet pour mon appartement, je me demandais ce qu'il en penserait. J'avais éclaté de rire quand j'avais constaté que ma cuisine était vaguement similaire à la sienne. Chaque soir où je dansais, je fermais les yeux et imaginais qu'il me rejoignait. 

Sans Cécile, je pense que je serais au fond de mon lit à me morfondre. Par chance, j'avais surement l'amie la plus excentrique et la plus réconfortante du monde. C'est pour cela que je travaillais comme une acharnée d'ailleurs. Plus que l'envie de faire mes preuves, je ne voulais pas la décevoir. Je passais donc les premières semaines enfermées dans mon bureau jusqu'à une heure avancée de la nuit. Mes collègues me regardaient d'un mauvais oeil mais je n'avais pas le temps de sociabiliser. Je voulais être parfaite et cela le plus tôt possible. 

Lorsque je travaillais, je ne m'autorisais pas à penser à Rémi. Quand son image s'imposait, je la chassais et me concentrais plus ardemment. Ma récompense fut d'avoir les félicitations du Grand Patron qui débarqua dans mon bureau quelques semaines après mon arrivée. 

-Bonjour Théodora, me salua-t-il les mains dans ses poches. 

-Oh, bonjour Monsieur, bredouillais-je en levant mes yeux du dossier devant moi. 

Il s'installa confortablement sur la chaise face à la mienne et je pris tout mon temps pour enlever mes lunettes de lecture. Soit c'était une bonne nouvelle, soit l'annonce allait être terrible. 

-Vous avez fais des miracles, commença-t-il avec une certaine admiration dans la voix. Vous avez rattrapez votre retard et pas qu'un peu. J'ai vu que vous aviez même avancer certains dossiers de vos collèges, ajouta-t-il sur un ton qui ressemblait à une question. 

Je me mordis la lèvre, je n'avais volé le travail de personne, mais si ces dossiers n'étaient pas traités plus rapidement nous risquions de perdre les clients et c'était mauvais pour l'image de marque. 

-Je ne voulais faire de tort à personne, commençais-je prudemment. J'avais du temps devant moi, et il me semblait opportun d'avancer sur certains dossiers. Ils ne sont pas clos, j'ai juste regroupé pour les éléments pour les chargés de dossiers. Ils n'ont plus qu'à prendre rendez-vous avec les clients pour clore l'affaire. 

-Je ne suis pas d'accord! 

Son ton ferme me fit frémir. J'avais fais une erreur. 

-Vous avez fais tout le boulot, les dossiers vous reviennent donc. Cela faisait des mois que je demandais à mon équipe d'accélérer le rythme, grâce à vous nous n'avons plus de retard et qui sait, ils se montreront peut-être plus compétitifs maintenant que vous êtes là. 

Sans plus de cérémonie, il regagna son bureau me laissant au bord de la syncope. Je me retins de sourire, consciente de tous les visages pas forcément ravis, tournés vers moi. Je mourrais d'envie d'appeler Cécile. Elle serait contente et surtout elle m'aiderait. Sans le vouloir, enfin pas complètement, je venais de me faire des tas d'ennemis. 

*****

-Tu t'en moques, ce ne sont que des glandeurs de toute façon! décréta Cécile en m'entrainant vers notre brasserie habituelle. 

Je hochais les épaules. Il fallait que j'arrange les choses. 

ObsessionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant