Obsession

Chapitre 49

Le réveil fut horrible. J'avais entendu Rémi tourner toute la nuit et j'étais restée bien sagement dans ma chambre, redoutant de le déranger face à ses démons. Je m'extirpais du lit comme un ours sortant d'une hibernation trop longue, et fus soulagée d'entendre le bruit familier d'un rasoir électrique. Vu la nuit qu'il avait passée, j'avais eu peur de ne pas réussir à le réveiller dans les temps.

Je me glissais dans la cuisine et m'arrêtais net. Une bouteille de whisky quasiment vide et un paquet de cigarette dans le même état reposaient sur la table.

-Insomnie, grogna une voix dans mon oreille.

-Je vois ça.

Je me dépêchais de vider la bouteille sur les cigarettes et je jetais le tout. Rémi leva un sourcil interrogateur.

-Comme cela, tu n'iras pas les récupérer.

Un sourire diabolique étira ses lèvres, son regard noir aurait pu me faire peur si je n'étais pas autant distraite par ses cernes.

-Qu'est-ce que cela peut te faire ? s'avança-t-il menaçant.

Je relevais le menton et m'obligeais à ne pas reculer.

-Rien, je rêvais d'annuler mes vacances pour te voir te détruire à petit feu.

Il cilla.

-Prends un café et dessoule avant d'aller dire au revoir à ta fille, le contournais-je avant qu'il ne voie mes larmes.

Il me retint par le bras.

-Je ne veux pas lui dire au revoir.

-Je sais.

Il hocha la tête et alla se servir un café, j'en profitais pour me préparer. Je paniquais à l'idée d'aller à son enterrement. Je n'y avais pas ma place, je ne connaissais pas sa famille. Sara était une petite fille adorable, j'avais envie de lui rendre hommage. Je récupérais une petite robe noire ornée de dentelle et des talons pas trop hauts. C'était la seule tenue plus ou moins appropriée. J'espérais qu'avec ses chaussures, la robe paraitrait moins courte. Je remontais mes cheveux en une queue de cheval toute simple et renonçais à me maquiller.

-Tu es prête ?

-J'arrive.

Je rejoignis Rémi dans l'entrée et m'arrêtais net. Dans son costume gris, il était à couper le souffle. C'était la première fois que je le voyais avec une cravate, et cela lui allait à merveille. A la réflexion, c'était la première fois que je le voyais habillé autrement qu'avec un jean et un T-shirt.

Il eut un sourire ironique.

-La dernière fois que j'ai mis cette tenue c'était pour un mariage.

Je m'approchais timidement et lui pris la main, voulant lui donner du courage. Il mêla ses doigts aux miens et sourit tristement avant de m'entrainer vers la voiture. Nous fîmes la route en silence et sa main se resserrait sur la mienne à mesure que l'on approchait.

*****

Le nombre de voitures sur le parking de l'église m'étonna. Après tout, la mort d'un enfant était une tragédie mais je n'en revenais pas du nombre de badauds qui avaient fait le déplacement. Rémi devait avoir la même pensée car sa poigne comprima ma main. Je laissais échapper un gémissement.

-Désolé, s'excusa-t-il en caressant mes phalanges.

-Ce n'est rien, le rassurais-je. Tu es prêt ?

-Pas vraiment.

-Tu veux que je t'attende ici.

Il y avait assez d'étrangers comme cela.