Obsession

Chapitre 34

Je n'en revenais toujours pas d'avoir menti à Cécile. J'avais erreur des mensonges mais je ne pouvais pas l'accompagner à une rave. Je détestais cela et j'avais autre chose en tête. Si je lui avais donné la vraie raison, il aurait fait des pieds et des mains pour chercher à me dissuader. Vu l'état de fébrilité dans lequel j'étais, elle aurait facilement réussi. J'avais prétexté un début de migraine et attendu qu'elle sorte pour me préparer à mon tour. Je n'avais aucune idée de ce que je faisais, et cette pensée faisait battre mon cœur un peu plus fort.

A pas mesurés, je pénétrais dans le bar où Cécile m'avait emmenée quelques mois plus tôt. A ce que j'avais cru comprendre, Benjamin y avait ses quartiers. J'espérais qu'il soit là, après tout, il était peut-être avec une cliente. Je longeais la piste de danse et fus rassurée. Il était installé dans une table en retrait et regardait la foule comme si le monde lui appartenait. Tout de noir vêtu, il avait un air de mauvais garçon, bien différent de l'homme distingué que j'avais croisé au Château. Ses yeux croisèrent les miens, et je me figeais. Mince, il m'avait remarqué et en plus je le matais. Son sourire s'étira paresseusement avant qu'il ne me fasse signe de le rejoindre.

Je levais les yeux au ciel, je n'allais tout de même pas faire marche arrière. Il pouvait m'aider, je ne savais pas encore comment, mais j'en avais l'intuition. Le plus dur allait être d'oser lui demander son aide. Je m'assis délicatement à côté de lui et croisais mes mains sur mes genoux. Son sourire amusé me fit sentir stupide.

-Quoi ?! aboyais-je mal à l'aise.

Il secoua la tête pour chasser son rire et prit une gorgée d'une boisson ambrée.

-Quoi, toi-même ! Pourquoi tu m'agresses ?

Que répondre à cela ? Je suis tellement intimidée que je songe à partir en courant. Il serra mon genou et je sursautais comme si son contact m'avait brûlée.

-Et si on allait boire un verre ailleurs ? Tu sembles en avoir besoin ? Malgré la musique il n'avait pas à élever la voix. Je me demandais comment il faisait.

-Pourquoi pas ici ?

-Ça sera plus simple pour parler, non ?

Je hochais la tête.

-Comment sais-tu que je veux te parler ?

Il sourit gentiment.

-Si tu veux me sauter dessus, je ne suis pas contre, précisa-t-il, me faisant rougir, mais tu es venue déterminée, j'imagine que tu veux me parler, je me trompe ?

-Non, avouais-je en baissant les yeux.

-Viens, je connais un pub sympa où on ne sera pas dérangé.

Je n'étais pas sûre de vouloir me retrouver dans un endroit sympa avec lui, d'autant plus s'il n'y avait personne. Je ravalais mon angoisse en le suivit, ignorant les regards que l'on nous jetait. Il prit ma main pour éviter de me perdre dans la foule et nous fraya un passage grâce à ses épaules larges. Je lui suivis avec peine et me retrouvais dans un taxi avant même d'avoir senti la fraicheur de la nuit. Il s'assit à ma suite et donna une adresse au conducteur. Sa cuisse frôlait la mienne et je comprimais mes poings. Hors de question que je me ridiculise en me décalant. Je me contentais de fixer le point où ne deux corps se rejoignant. Il posa sa main sur ma cuisse et la pinça légèrement.

-Relaxe, je ne mords pas, à moins que tu me le demandes très gentiment, se marra-t-il.

-Hilarant, parvins-je à articuler en desserrant sensiblement les dents.

- Si tu essayais de respirer normalement pendant cinq minutes, histoire que je n'ai pas à appeler les pompiers, ironisa-t-il.

-Je vais très bien !