Obsession

Chapitre 58

Matthieu. J'avais identifié le problème. C'était lui. Le fils de mon amour. Le fils que j'élevais comme le mien. C'était lui la menace. J'avais beau l'observer, le voir tisser sa toile autour de Rémi, je n'arrivais pas à percevoir quand et comment il était devenu mon rival. Avait-il deviné pour sa sœur ? Après tout, il était avec elle ce jour-là. En avait-il parlé à ses parents ? Etais-je en danger ? Je ne pouvais pas vivre sans Rémi. C'était lui avant moi.

Est-ce que la paranoïa m'envahissait ? Peut-être qu'il ne savait rien, qu'il se contentait de passer du temps avec son père. Peut-être que Rémi compensait l'absence de Laura qui semblait incapable de garder son fils sans penser à sa fille. Elle venait une heure ou deux par semaine mais elle ne prenait plus Matthieu avec elle. Elle prenait le café avec nous, posait deux, trois questions à son fils ou se contentait de faire bonne figure.

Etaient-ils tous dans le coup ? Savaient-ils ce que j'avais fait par amour ? L'autre était-elle revenue en rampant ? Son nouveau copain l'avait peut-être plaquée et elle venait jurer un amour éternel à mon homme.

Je ne pouvais pas attendre sans rien faire qu'on l'arrache à moi. Je scrutais tous les gens qui m'entouraient. La garce ne semblait pas être revenue, Laura était trop fragile pour avoir les idées claires, restait que Matthieu. Je lui avais tout donné. Pouvait-il me trahir ? Le sang est plus fort que tout. S'il savait quelque chose, s'il en parlait à Rémi ? Je ne pouvais pas vivre sans lui. S'il le persuadait de me quitter ? Il voulait son père rien que pour lui, toujours à lui demander de l'aider pour ses devoirs, de jouer au foot, de bricoler... Je n'arrivais plus à réfléchir et ce téléphone qui n'arrêtait pas de sonner. J'avais fini par le couper mais le fixe avait pris la relève. Je laissais sonner, prétextant en avoir marre des prospecteurs. Cécile ne me lâchait pas. Je ne savais pas ce qu'elle avait pu découvrir mais elle était venue jusqu'ici. Heureusement, j'étais seule. Je la connaissais bien, je n'avais pas été surprise. Je lui avais ouvert la mine fatiguée, lui montrant une échographie trafiquée. Ma grossesse me fatiguait, c'est pour cela que je donnais peu de nouvelles. Le bébé était fragile et je devais me reposer. Je n'en avais parlé à personne encore, je voulais être sûre que le danger était écarté, mais comme c'était ma meilleure amie, je ne pouvais pas garder ça pour moi. Je l'évitais parce que je savais que je ne pouvais pas lui mentir. Par superstition, me taire revenait à protéger mon bébé. En pleurs, elle me serra dans ses bras et partie avant que Rémi ne revienne. Elle me promit de ne rien dire tant que je ne la tenais plus à l'écart. J'essayais mais parfois, j'en avais ras-le-bol de l'avoir sur le dos. J'avais d'autres choses à gérer que la rassurer.

Je risquais de perdre Rémi. C'était inconcevable. J'avais tout fait pour lui, pour que nous soyons ensembles, je n'avais pas de temps à perdre. Encore ce fichu téléphone, j'avais mal à la tête. Je devais me concentrer, trouver un moyen de rayer la menace. Si je pouvais simplement réfléchir en silence. Je devais agir, maintenant. Avant qu'il ne soit trop tard. Je verrais tout par amour, nous n'étions rien l'un sans l'autre. Personne ne pouvait, ne devait nous séparer.