I. Domination [Boy x Boy]

Chapitre 2

Dimanche 19 juin – Aiden

J'avais revu ce jeune homme plusieurs jours de suite pour l'aider dans son affaire et j'avais compris très rapidement qu'il était étudiant pour devenir avocat ou un truc du genre. En tous cas, depuis la salle glaciale du club, son visage n'était pas sorti de ma tête. Il s'y était installé confortablement. Je me rappelais la manière dont il secouait la tête lorsqu'il était contrarié, ses yeux perçants à chaque fois que je disais quelque chose qu'il estimait déplacé, la manière dont ses doigts tapotaient nerveusement sa paume lorsqu'il était dans une impasse. Samedi, nous nous étions vus pendant plusieurs heures et cela lui avait permis de boucler son dossier bien que je l'imaginais bien le poursuivre dans son coin pour ajouter des détails incongrus. En fait, comme j'étais moi-même du métier, j'avais pu lui fournir quelques idées pour avancer. Je comprenais désormais pourquoi Enzo était venu me voir en personne avec Ayah pour que je puisse aller le rencontrer... J'avais eu l'excellente idée d'omettre cette information lors de nos échanges avec Ean.

Je ne comprenais pas spécifiquement pourquoi il était aussi ancré dans ma tête... Physiquement, il n'avait rien de très sexy... Ses cheveux roux et ses taches de rousseur lui donnaient un air enfantin, ses costumes hors de prix semblaient cacher un corps un peu trop frêle. Il n'y avait que ses joues qui paraissaient rebondies. Et ses putains de yeux bleus trop clairs pour être réels. En fait, ce qui me laissait admiratif, c'était qu'il m'avait tenu tête. Jamais personne n'avait osé me défier comme il l'avait fait, moins encore quelqu'un d'aussi jeune. Son ton assassin m'avait beaucoup amusé, j'avais encore envie de le taquiner. En réalité, je me demandais où étaient ses limites... La dernière fois, j'estimais que je l'avais peut-être atteinte lorsqu'il avait viré au rouge brique, les poings serrés, à deux doigts de me balancer la table à la gueule.

Mais bon... S'il avait été clair dès le début sur ses intentions, peut-être n'aurais-je pas joué ainsi. Ne disait-on pas qu'il fallait être explicite lorsqu'on désirait quelque chose ? La seule chose à laquelle je ne m'attendais pas, c'était de voir débarquer le boss des lieux. Nous étions amis depuis quelques années, c'était même grâce à lui que j'avais trouvé du travail il y avait à peine deux mois. J'avais fait mes études dans un autre Etat, je n'avais jamais réussi à me classer en haut des podiums et j'avais un diplôme qui m'avait garanti un travail. Cependant, là où je travaillais les dernières années, je n'avais jamais eu la moindre reconnaissance. À la place de me confier des clients, ils s'étaient contentés de me demander de trier des dossiers, faire des photocopies, chercher des informations en fraudant parfois pour leur éviter de se salir les mains, sans jamais être mentionné. Cette situation m'avait convenu quelques temps, mais j'en avais eu assez. J'avais déménagé mais personne ne voulait de moi avant de rencontrer Enzo un an plus tôt. Un type de trente ans avec aussi peu d'expérience ne pouvait pas être bon. J'avais donc un salaire encore plutôt bas, compte tenu de mes débuts récents, surtout que je devais envoyer une partie de ma paie à ma mère pour qu'elle survivît à l'autre bout des Etats-Unis. Je gagnais juste assez pour payer mon appartement minable et pour me nourrir pendant un mois avec mon chat. C'était Enzo qui avait refait ma garde-robe en décrétant que non, un vieux tee-shirt blanc avec des trous ne pourrait jamais faire office de chemise et qu'un vieux jean ferait tâche au tribunal. J'avais donc déjà des dettes, bien qu'il n'accepterait jamais un remboursement.

Dans ma tête, j'avais peut-être le moindre espoir de pouvoir voir Ean en dehors du café dans lequel nous discutions travail. Seulement, depuis qu'il avait fini son dossier, il ne m'envoyait que des formalités et prétextait ne pas avoir assez de temps pour me rencontrer dans d'autres circonstances. Mais je ne pouvais pas me contenter de cela. Son image m'évoquait des faits peu catholiques, dans mes rêves, je le baisais déjà dans toutes les positions possibles. J'avais suivi pendant un moment des cours pour apprendre à me faire respecter, ils étaient réduits à néants alors que ce morveux se dressait devant moi. Il me donnait l'impression de ne plus rien maîtriser.