OS 2 : Jeu de séduction

3K 94 38
                                    

EARL

-Earl, tu devrais prendre une pause, sinon le sélectionneur va croire qu'il aura à faire à une écrevisse... Ou pire, que si tu joues un peu, tu es à deux doigts de l'asphyxie !

-Mais je n'ai pas fini mon match ! chougnai-je.

-Arrête donc de me tenir tête un peu, bon sang de bon soir !

-Oh, c'est bon, ne soyez pas vexé.

Il roula des yeux et s'éclipsa, me laissant seul face à mon meilleur ami, qui était aussi le deuxième meilleur joueur de mon club. Il me lança une nouvelle balle, et nous nous remîmes à faire nos simples échanges, qui accéléraient toujours de plus en plus à chaque fois que notre raquette frappait le cercle orangé pour la renvoyer de l'autre côté du filet. Puis il s'arrêta lorsque notre score atteint l'égalité et que six nouveaux points étaient passés pour qu'on pût aller atteindre nos serviettes et éponger toute cette sueur qui s'écoulait sur notre front.

-Tu sais, le coach a raison, tu es aussi rouge que le tapis !

-Le tapis est bleu...

-Peu importe !

-Bah je ne peux pas être rouge comme un tapis qui est bleu !

-Mais on s'en fout !

Je fis la moue et finis par m'asseoir sur le sol, proposai à mon ami d'arrêter le match, pour s'entraîner tout bêtement, ou nous amuser un petit peu. C'était quelque chose que nous faisions assez souvent. En l'occurrence, nous détendre me parut une meilleure idée qu'être véritablement sérieux, alors nous nous remîmes derrière la table pour relancer quelques balles. On commença par en user plusieurs à la fois, mais puisque cela nous semblait plutôt simple, on continua en tentant de rattraper l'engin qui vaguait de l'un à l'autre de toutes les manières possibles et inimaginables... Avec le poignet, avec le genou, le front, la paume... Et j'eus soudainement une idée exceptionnelle. Je repris ma raquette, abandonnant l'idée du corps comme moyen de rattrapage, et me mis à essayer un truc que j'avais vu dans un film absolument ridicule un jour – ou une série, ou je ne savais pas quoi d'autre exactement – et me mis à tourner sur moi-même en hurlant. Un moment, je m'arrêtais, et tendis le bras en avant :

-Attaque du tourbillon ! m'écriai-je.

La balle me toucha la joue pour seule réponse de ma connerie, et je me mis à chanceler légèrement en arrière avant de tomber sur les fesses sous le regard ahuri de mon camarade. Bon, le tournis était mon ami à cet instant-là, mais il se dissipa plutôt rapidement, alors qu'on me tendait une main pour me relever. Pourquoi on m'appelait « le guignol », déjà ?

En tournant les yeux, j'aperçus mon coach accompagné d'un homme armé d'une sacoche noire à bandoulière en cuir, et les deux me regardaient avec incrédulité. Justice me murmura alors pour seul encouragement « t'inquiète, tu seras pris ! », et je grimaçai. C'était facile à dire pour quelqu'un qui avait déjà été en demi-finale aux jeux olympiques ! Je le fusillai du regard et me précipitai de me nettoyer le derrière. Je savais que l'homme qui était là était celui qui allait décider ou non si j'avais réellement le talent nécessaire pour assister aux championnats du monde. Car Justice, lui, était certain d'être pris.

-Vous êtes sûr que...

-Certain, répondit le coach, ne le laissant même pas terminer sa phrase. Earl est le meilleur élément que nous avons et il a réussi brillamment toutes les étapes précédentes, c'est la petite fierté du club. Il a même remporté les championnats des Etats-Unis dans sa catégorie, en quelques sortes. Il est juste un petit peu turbulent, mais il est encore jeune, il n'a que dix-huit ans et a encore toute sa fougue.

I. Domination [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant