I. Domination [Boy x Boy]

Chapitre 6

Jeudi 23 juin - Aiden

J'étais épuisé. Non seulement je n'avais pas réussi à fermer l'œil de la nuit, me remémorant mon entrevue avec Ean, mais en plus, travailler à la place d'Enzo était éreintant. Il fallait régler tous les problèmes administratifs, entre les membres du club, répertorier les arrivées et les sorties pour avoir les statistiques de la boîte. Certes, le salaire en valait la peine, mais ce n'était vraiment pas fait pour moi.

Quant à Ean... Il tiraillait encore mes pensées. Depuis le départ de mon ex, l'avoir eu à ma merci une seule soirée m'avait profondément touché. Je l'avais déjà vu plusieurs fois, dans un cadre professionnel ainsi que plus personnel. Je ne le connaissais pas encore assez pour m'être attaché à lui au point d'envisager une amitié durable, pourtant, il m'avait déjà consumé. C'était la première fois que je me dévouais à une personne aussi rapidement. Je me sentais bien lorsque j'étais avec lui et le reste du temps, il occupait mes pensées. Je n'osais pas imaginer ce qu'il se serait passé s'il avait échangé avec un autre dominant du Circle. Non pas qu'ils étaient violents, mais pour eux, pour mieux comprendre, pour s'immerger au mieux dans le milieu et répondre à ses interrogations, il fallait se soumettre. Je n'étais pas tout à fait certain que cela aurait plu au roux, trop autoritaire et irritant pour cela. Il aurait eu des punitions à la chaîne.

Je fus tiré de mes pensées lorsque mon nom fut appelé dans la salle de réception. Sans courir, je m'y rendis, tentant de garder mon calme. Les locaux avaient été décorés et préparés la veille, donc il ne restait que des détails. Je savais de plus que j'étais arrivé près de deux heures en avance, donc rien n'était urgent au point que je risque une cheville. Monsieur Hollygan était là, en haut des trois marches qui séparaient le couloir de la pièce. Il jeta un regard en arrière, vers moi, m'adressa un sourire et me demanda de tendre la main pour y laisser tomber un badge. J'allais enfin pouvoir empêcher ces hommes d'appeler mon supérieur dans leur talkie-walkie à chaque fois qu'ils me croisaient au second étage parce que j'étais convié à aller me servir de la photocopieuse. Et le pire était qu'ils avaient beau me trouver trois fois dans une matinée, ils allaient appeler trois fois mon supérieur. À croire qu'ils ne me reconnaissaient pas... Ou qu'ils croyaient que j'allais me faire virer toutes les cinq minutes.

Je jetai un œil derrière lui après l'avoir remercié pour y trouver Enrick, son gendre. Il guidait une femme à la chevelure flamboyante qui décalait une guirlande vers la gauche. Je les saluai, sans réponse de leur part. Le vieux leur adressa un regard médusé, souffla et m'entraîna plus loin, dans le vestiaire des employés. Là, je constatai qu'un costume trois pièces était suspendu à un cintre, devant mon casier. Un costume qui valait probablement le double voire le triple du mien. Mes yeux s'écarquillèrent lorsqu'il m'ordonna de l'enfiler. J'avalais difficilement ma salive tandis que monsieur Hollygan s'impatientait.

« Est-ce que oui ou non vous allez l'enfiler, Aiden ? Je l'ai fait fabriquer sur mesure pour vous, payé de mes soins. Considérez qu'il s'agit de mon cadeau de bienvenue dans l'entreprise familiale... Vous vous souviendrez de moi lorsque vous serez au service de mon gendre.

- Mais, je ne peux pas accepter un cadeau d'une telle valeur, bégayai-je en observant attentivement les boutons de manchettes qui étaient joints au costume. Puis, j'ai déjà mon costume...

- Assez ! J'ai une fille très attentive à ce genre de détails, mes petits-enfants le seront également. Ils devineront sans aucun problème que vous n'êtes pas du même milieu d'eux rien qu'en voyant l'usure de votre veste et le fait qu'elle est trop grande pour vous. Je suppose que vous n'avez pas envie d'être mis à la porte ?

- Non, monsieur, déglutis-je.

- Vous êtes excellent dans votre domaine, je ne doute pas que vous ferez un avocat hors pair. Aujourd'hui, c'est votre dernière épreuve. Il n'est pas tout à fait à mon goût personnel, mais je suis sûr qu'il vous ira comme un gant et que c'est votre style. »