Chapitre 5

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Mercredi 22 juin – Ean

Depuis mon réveil, j'errais dans mon appartement, rangeant, astiquant les meubles, balayant la moindre poussière. Ma mère était sensée débarquer chez moi avec Earl et Lauren et j'étais plutôt anxieux. J'avais mis mon plus beau costume, que j'avais repassé jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien de froissé et je mourrais de chaud. Il ne me restait plus qu'à l'attendre. Les premiers à arriver, en plus, étaient les jumeaux. J'avais cru qu'enfin ma panique allait disparaître, mais non, c'était pire désormais. Je m'activais sous leurs yeux ébahis, j'avais même dû entendre une dizaine de fois ma sœur me demander de m'asseoir au lieu de nettoyer une vingtième fois ma table basse.

Je savais que Lexy allait fêter la fin de ses études, elle avait passé le barreau et il ne lui restait plus qu'à travailler. Mon grand-père l'accueillait déjà au sein de son cabinet pour l'habituer depuis quelques semaines. Quant à Enzo, il ne comptait plus vraiment. Sa première erreur fut de refuser de devenir avocat pour faire des études de management, sa deuxième fut de refuser l'épouse qu'on lui prédestinait. Cela lui avait permis de s'émanciper plus tôt, vivre de ses propres moyens avec un peu d'aide de mon grand-père, trouver son propre appartement, puis sa maison... Bref, on l'avait laissé devenir un adulte. Puis il avait ouvert sa propre entreprise, sans en parler à quiconque. Si, Lexy et moi. Mais en aucun cas mes parents ne s'y étaient intéressés et il avait mieux fallu que notre aïeul ne sache rien de son business. Quant à mes autres frères et sœurs, ils risqueraient de faire une crise cardiaque rien qu'en entendant le thème de son club. Edwin peut-être pas, mais il était trop proche de Lorelei.

D'un coup, alors que je dépoussiérais pour la dixième fois le plan de travail, l'interphone me dérangea. Je me ruai sur l'interphone pour entendre la voix nasillarde de ma mère à l'autre bout du combiné. Je lui répondis en bégayant, eus une légère hésitation puis appuyai sur le bouton de déverrouillage. Ma sœur se leva, jeta un regard en biais à son jumeau pour lui faire comprendre de faire de même, puis ils vinrent me rejoindre dans l'entrée, formant un comité d'accueil oppressant. À peine quelques secondes plus tard, nous étions huit dans le minuscule SAS, à nous faire des accolades formelles. Mon cœur s'emballait dans ma poitrine à l'idée d'avoir fait une erreur, d'avoir laissé un truc trainer...

« Eh, tu es en train de nous faire une syncope ? pouffa Earl avant de se faire réprimander.

- Laisse ton frère, rouspéta Abigail avant de se tourner vers moi. Détends-toi, qu'est-ce qui te prend ? Tiens, va nous servir un verre, ça t'occupera. »

Je serrai les dents et partis dans la cuisine pour remplir huit grands verres d'eau. Ma mère me tuerait si elle apprenait que j'avais de l'alcool dans les placards. La sueur commençait à perler sur mon front à l'idée qu'elle ait l'idée de vérifier mes consommations. J'avais au moins deux bouteilles de vin et de champagne en stock, que je ne boirais jamais mais qui avaient été apportées par mes amis lorsqu'ils étaient venus pour la soirée d'Halloween que j'avais organisée avec les jumeaux.

« Ean, le verre déborde. »

Je me retournai en sursaut vers Edwin qui me fixait avec interrogation. Il me prit la bouteille des mains et termina mon travail avant de m'ordonner de me calmer, stipulant que j'avais l'air d'un drogué. Nous revînmes dans le salon avec un plateau de boissons peu diversifiées. Toutes les places étaient prises, je dus aller me chercher une chaise dans la partie salle à manger pour mon frère et moi. Ce fut seulement à cet instant-là que je remarquai deux autres personnes que je ne connaissais pas. Je n'avais même pas dû les saluer, dans mon impolitesse légendaire.

Lauren était à ma place, dans une position confortable. Plus elle grandissait, plus elle ressemblait à notre mère. De grands yeux verts, des cheveux roux qui ondulaient jusqu'au milieu du dos, toujours lâchés, le regard droit. C'était une jeune femme qui savait ce qu'elle voulait et qui rejoindrait bientôt notre immeuble. Elle représentait tous les stéréotypes de la richesse, physiquement. L'expression hautaine, maniérée... Mais en réalité, elle était sûrement la plus douce des trois femmes qui me servaient de sœurs.

I. Domination [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant