I. Domination [Boy x Boy]

Epilogue

Ean

14 juin 1996. La photo me représentait le jour de ma naissance. J'étais un tout petit bébé prématuré, né deux mois trop tôt, avec un bonnet bleu typé, un pyjama fourni par l'hôpital dans la précipitation tout aussi bleu et des petits chaussons jaunes contrastant avec tout le reste. Mon visage était ridé comme celui de tous les enfants du même âge, ma bouche légèrement entrouverte, mes yeux complètement fermés. Mes bras étaient étalés de part et d'autre de ma tête, les poings complètement serrés et mes jambes étaient pliées de la même manière. Cette image donnait tout son sens à l'expression « dormir comme un bébé ». J'avais beaucoup de mal à croire que j'avais ressemblé à cela, un jour.

18 août 1997. Une nouvelle photo datée à l'arrière, sur laquelle j'avais pris un an. J'étais représenté sur une jambe au milieu du jardin, levant l'autre bien trop haut pour pouvoir continuer ma route, les bras bien tendus à gauche et à droite de mon corps. J'étais dans une petite salopette grise qui m'arrivait aux genoux et j'avais un chapeau en toile qui me couvrait le haut des yeux. Derrière moi, Lexy et Ennis tendaient les bras pour que je les rejoignisse, comme s'ils faisaient un défi pour savoir lequel je préférais. Une époque dont j'aurais beaucoup aimé me souvenir, mais qui était malheureusement bien trop loin pour moi.

20 décembre 1998. J'avais deux ans et j'étais représenté sur une photographie dans les bras de ma mère, assise. Elle portait un énorme pull en laine et j'étais emmitouflé dans un manteau de cuir presque trop grand pour ma petite taille. J'avais les deux bras levés vers le ciel, comme pour hurler au photographe de ne surtout pas se tromper d'angle. Mon sourire trahissait un enthousiasme très important. Je devinais les sourires envieux de mes frères aînés derrière la caméra, fixant leur mère en train d'aduler un bébé arrivé plus tard qu'eux et qui détenait une part plus importante de son cœur.

16 janvier 2000. J'avais trois ans et on m'avait photographié dans une robe fleurie que ma sœur m'avait enfilée avec ma mère. Lexy avait toujours beaucoup aimé me travestir pendant mon enfance, mais cela ne semblait pas me déranger, au contraire. J'étais, sur l'image, devenu une petite fille mince et avec de longs et soyeux cheveux roux qui cueillait innocemment des pâquerettes dans un énorme champ dont les herbes m'arrivaient au-dessus de la tête. Ma mère avait toujours refusé de couper mes cheveux au-dessus de mes épaules quand j'étais jeune. Maintenant, je me demandais pourquoi. Parce qu'elle avait Lexy et Lorelei pour satisfaire ses désirs de changer ses enfants en poupées.

Septembre 2001. Le jour n'était pas noté derrière l'image qui me représentait en petit garçon modèle dans son uniforme scolaire gris et noir. Je savais néanmoins que c'était mon premier jour d'école. Je regardais fixement l'objectif avec une sorte d'angoisse au fond des yeux, comme si quelque chose allait sortir de la caméra pour venir me manger. Mon sourire disparu était substitué par une grimace qui me laissait croire que j'avais dû pleurer quelques instants plus tard. Néanmoins, à ne pas se méprendre, j'avais toujours beaucoup apprécié l'école. Le premier jour avait juste visiblement été un petit peu compliqué. Ma mère pourrait vous le raconter mieux que moi.

02 juillet 2006. Dans la boîte que je fouillais, il n'y avait aucune autre photographie datant d'entre ces deux périodes. J'avais ainsi dix ans, représenté devant Uxmal, ville ancienne qui avait toujours suscité en moi une attention particulière. J'étais vêtu d'un tee-shirt vert pomme, d'un short blanc et d'un chapeau puisque ma mère ne prenait jamais aucun risque avec le soleil, surtout pas au Mexique où il faisait bien plus chaud qu'à Denver. Cette image-là était accompagnée d'une autre, sur laquelle j'étais vêtu légèrement différemment, mais qui se passait toujours au Mexique, cette fois sur la plage de Tulum, assis sur un rocher, un œil fermé à cause d'un rayon du soleil mal placé, mais un sourire épanoui étendu sur mes lèvres. Désormais, je rêvais d'y retourner un jour, peut-être une fois à la retraite.