Chapitre 9

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Jeudi 23 juin – Ean

Un bruit lointain titillait mes tympans, comme un chant de chouette, quelque chose de doux, mais de répétitif. Cela contrastait vaguement avec l'air enragé de cet homme que je ne connaissais pas et qui me hurlait dessus depuis quelques minutes. Mes yeux me brûlaient, je ne réagissais pas, trop concentré sur l'arbre en contrebas. Des mains d'approchèrent de moi et je repris conscience brusquement. Le bruit ne disparut pas, mais l'homme n'était plus là. J'étais resté allongé mais ma respiration était haletante, je peinais à reprendre mon souffle.

Lorsque je voulus bouger mes doigts, je constatai qu'ils n'étaient pas sur leur surface habituelle. M'étais-je endormi par terre ? Non, j'avais l'air d'être sur mon canapé. Je compris finalement que je n'étais pas seul. Ma tête était posée sur une hanche, mes mains étaient nonchalamment posées sur les cuisses de l'individu en question. Pendant quelques secondes, je me demandai qui avait bien pu pénétrer chez moi. Je me souvenais avoir pleuré, longtemps, avoir ravagé ma chambre – les coussins était de bons défouloirs – mais en aucun cas avoir invité quiconque... Puis la fin de l'après-midi me remonta à l'esprit. Aiden était venu avec Enzo. Il m'avait parlé, il m'avait changé les idées... En revanche, aucune idée de comment je m'étais retrouvé dans cette position.

J'étais allongé sur Aiden.

Merde !

Je fis un bond en arrière pour me retrouver étendu sur le dos par terre, le regard rivé sur le plafond. Déjà que ma posture nocturne avait endolori mes muscles, la chute n'avait rien arrangé. Non seulement j'avais le bassin en vrac, mais en plus, mon poignet me lançait car il avait percuté violemment la table basse. Je ne faisais jamais les choses à moitié.

Aiden sursauta au vacarme que j'avais fait, je faillis presque me prendre un coup de pied au visage. Heureusement qu'il avait retiré ses chaussures. Je le vis tourner les yeux dans tous les sens, cherchant certainement où il se trouvait. Il lui fallut presque une minute pour se courber et me voir. Un sourire se dessina sur son visage lorsqu'il me tendit sa main pour m'aider à me relever. Une fois debout, il tapota la place près de lui pour que je me rassois, ce que je fis avec une œillade hésitante. Il se foutait ouvertement de moi.

« C'était la première fois que tu étais à genoux devant moi, j'aurais pu en profiter.

- Ne prends pas tes rêves pour la réalité.

- Pendant deux secondes, ils sont devenus réalité. »

Je levai les yeux au ciel avant qu'il ne m'attire contre lui délicatement. Je me retrouvai avec l'oreille posée tranquillement sur son épaule, dans un silence apaisant. À vrai dire, je n'avais pas l'impression de m'être levé à peine cinq minutes plus tôt.

« J'ai mal partout, déclarai-je en moulinant mon poignet.

- Moi aussi, avoua-t-il dans un rire. Puis dormir en costume, ce n'était pas l'idée du siècle. Non seulement ils sont froissés, mais en plus ils sont encore plus inconfortables.

- Je pourrais t'en prêter un nouveau si tu veux, je ne vais pas te laisser sortir dans cet état...

- J'ai une faim de loup.

- Il est dix heures et on n'a pas mangé, constatai-je. Je suis un hôte épouvantable. »

Aiden me relâcha soudainement, me permettant de me ruer dans ma cuisine pour préparer un dîner digne de notre appétit et assez rapide. Puisque je n'avais pas grand-chose dans mon réfrigérateur, je me contentai de faire des crêpes. En réalité, il me fallut une grosse demi-heure, en me débrouillant pas si mal. Aiden ne se fit pas prier pour fouiller dans les placards et y prendre le nécessaire.

I. Domination [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant