OS n°3 : La vengeance

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Ean – 21 décembre 2007

« Mais Ennis, pourquoi tu ne veux pas me rendre mon doudou, pleurnichait Earl. Je n'ai rien fait de mal, je te promets. J'ai été sage, maman m'a dit que j'étais sage. »

Ce cirque durait depuis au moins dix minutes. Quand Ennis avait quelque chose en tête, cela finissait toujours de manière assez dramatique. On n'aurait pas dit que mon frère avait quinze ans. Peut-être mon âge, à la rigueur. C'étaient les vacances de Noël et toute la famille était réunie dans la maison familiale, comme tous les ans, ou presque. Mon grand-père était encore à Boston avec mon père, il n'y avait que ma mère qui vivait avec nous au quotidien. Enzo était revenu exceptionnellement malgré les conflits, Lexy était également de passage pour les vacances. Et comme on disait chez nous : quand le chat n'est pas là, les souris dansent. En l'occurrence, Abigail avait été chercher son mari à l'aéroport avec quatre heures d'avance pour être sûre d'arriver à l'heure alors que mon père ne devait même pas être monté dans ce foutu avion, donc il n'y avait que nous à la maison.

« Si je te rends ton doudou, tu devras faire quelque chose pour moi, souffla Ennis sous le regard amusé de notre aîné, assis pas très loin. Tu es d'accord, le mioche ? Sinon, tu dormiras sans pendant une semaine parce que tu ne pourras même pas l'attraper.

- Mais si je le dis à maman...

- Maman va être sur les nerfs jusqu'au premier janvier, c'est même pas la peine de lui demander quelque chose jusque-là, tu ne seras jamais entendu, petit bout. D'ailleurs, tu ne seras pas tout seul, y'a Ean et Edwin aussi. »

Je grognai, assis sur ma balançoire. Earl m'observa un instant de ses petits yeux humides de larmes, me demandant silencieusement de l'aide – à moins qu'il voulût que j'approuvasse l'affirmation de notre frère. Le seul problème, c'était que lorsque les plus âgés nous engageaient dans des évènements présentés de cette manière, c'était rarement bon signe. La dernière fois, ma mère m'avait frappé les doigts avec sa règle en métal jusqu'à ce que ma peau fût à vif. Le pire, c'était que j'étais le seul à avoir pris, parce qu'Ennis et Enzo étaient forcément trop vieux pour avoir manigancé ce genre de choses, Edwin et Earl étaient trop jeunes pour avoir conscience de ce qu'ils faisaient – ce n'était pas comme si Edwin avait seulement un an de moins ! – et les filles n'avaient jamais rien à voir avec des actions barbaresques comme celles-ci. Evidemment !

« Ean, c'est vrai ? Tu vas m'aider ? »

Je plissai les yeux, retroussant le nez par la même occasion. Je n'avais vraiment aucune envie de leur servir de cobaye encore une fois, mais en voyant cette moue adorable de notre cadet, j'étais incapable de dire non. Lorelei éclata de rire toute seule dans son coin en me voyant hocher la tête de lassitude, Enzo esquissa un rictus dont lui seul avait le secret et Ennis inclina légèrement la tête, comme s'il était surpris. L'enfoiré savait très bien que je ne résistais jamais aux grimaces du plus petit. Et puis j'étais encore trop jeune pour négocier face à lui, il faisait une tête de plus que moi. On en reparlerait d'ici quelques années.

« On va devoir faire quoi ? demanda-t-il finalement. Parce que je suis petit, moi, je peux pas faire trop de trucs de grands.

- Maman m'a demandé un service, vous allez juste le faire à ma place. Mais je n'ai aucun doute sur le fait que vous serez parfaits pour ce que j'ai prévu pour vous. En plus, Lorelei, Edwin et Lauren vous aideront. Lexy est trop fatiguée après avoir pris la route, Enzo est trop nul pour ça, quant à moi, j'ai juste tellement pas envie de le faire !

- Et maman, elle t'a demandé quoi, sans vouloir la ramener trop, soupirai-je. De tondre le chien ? Parce que je te rappelle qu'on n'a plus de chien depuis... Bah depuis que vous l'avez passé à la machine, c'est vrai ! Avec vos jeux à la con...

I. Domination [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant