Chapitre 23

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Lundi 22 août – Ean

Mes yeux s'ouvrirent difficilement. L'effroi tordait encore mes tripes et j'avais la nausée rien qu'à repenser à mon cauchemar. Mes joues étaient humides, mon front était trempé ainsi que le reste de mon corps.

« Ean ! »

Je tentai de tourner la tête avant de constater que mon mouvement était entravé par quelque chose. Je levai la main pour découvrir que j'avais un truc enroulé autour du cou. Lauren se leva alors de sa chaise pour se mettre face à moi, le visage tordu par l'inquiétude. Lauren ? Que Diable faisais-je à l'hôpital ? Et elle ? Pourquoi est-ce qu'elle était là ?

« Tu m'entends ?

- Oui, baragouinai-je.

- Tu as eu un accident de voiture. »

Je me souvins. L'accident, la rencontre surprenante avec cet ambulancier stagiaire, mon cauchemar, mon départ pour Denver, Aiden. En voyant ma main, je vis que j'étais relié à un appareil qui mesurait tout ce qui était mesurable. Je n'avais plus besoin d'aide pour respirer, la douleur était terrible mais plus insupportable.

« Qu'est-ce que j'ai ?

- Pas grand-chose, en fait. Un petit traumatisme crânien, des points de suture sur le front, un genre de torticolis et deux ou trois côtes fêlées. Ça fait mal, mais d'après les médecins tu t'en remettras vite. Ah, et tu as une entorse au poignet qui devrait passer rapidement. Sinon, beaucoup d'hématomes sans importance. Ils t'ont fait passer beaucoup d'examens d'après maman.

- Maman ? Où est-ce qu'elle est ?

- Elle est restée avec toi toute la nuit et jusqu'à ce que j'arrive. Elle ne nous a même pas prévenus, Earl et moi, on a su que tu étais là seulement à midi. J'ai séché le club pour venir la remplacer.

- Elle a horreur des hôpitaux.

- Elle a surtout porté plainte contre l'autre con qui conduisait sous emprise de l'alcool et qui t'a embouti l'arrière-train. »

Je me retins de faire une remarque sur sa phrase, pas plus pour ne pas la choquer que parce que parler me faisait mal. Elle m'informa qu'Earl passerait à la fin de son entraînement. Il était impatient de me voir mais pas au point d'abandonner une partie de tennis de table, vraisemblablement. J'en aurais ri si j'avais eu la garantie que ça ne me détruirait pas les poumons.

« Tu as une sale gueule.

- Je te retourne le compliment, répondis-je au tac-au-tac.

- Ce n'est pas comparable, je n'ai pas un œuf au-dessus de l'œil et la joue bleue, les yeux cernés comme jamais et le cou enfermé dans une minerve.

- Un point pour toi. »

Un médecin passa peu après pour prendre mes constantes, me faire quelques tests et j'appris que je devrais pouvoir sortir le mercredi suivant, le temps de vérifier que mon état ne se dégradait pas. Il me sortit quelques termes médicaux qui n'avaient aucun sens à mes oreilles, adressa quelques notes à ma sœur et nous laissa seuls de nouveau.

« Maman t'apportera de quoi manger ce soir, les repas de l'hôpital sont toujours aussi immondes. Tu as déjà échappé à la mort avec ton accident, il est hors de question qu'on te laisse crever de faim.

- Mon téléphone ?

- Il n'a pas eu la même chance que toi, il est décédé tristement. Il n'en restait pas grand-chose. »

I. Domination [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant