I. Domination [Boy x Boy]

Chapitre 26

Samedi 27 août – Aiden

Lorsque nous arrivâmes à l'aéroport cet après-midi-là, je ressentais un soulagement intense. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine à l'idée de pouvoir toucher Ean dont la main était logée dans la mienne. Nous ressemblions à un vrai couple, bien que nous ne nous soyons jamais attribué cette relation. C'était comme un serment tacite, nous étions ensemble et c'était l'essentiel.

La veille avait été révélatrice, pour moi, ainsi que plutôt surprenante. Je m'attendais à me faire éjecter à coups de pieds par sa jeune famille. Il ne s'était rien passé, en réalité. Lauren m'avait accueilli avec un regard mauvais, mais elle avait reniflé et m'avait emmené jusqu'à son frère. Elle avait veillé sur lui à distance et je lui en étais reconnaissant. Abigail, à part me dévisager avec son air méprisant qui lui collait à la peau, ne m'avait pas vraiment adressé la parole avant sa soirée de la veille alors que c'était elle que je redoutais le plus.

Quant à Ean, je l'avais imaginé me repousser froidement, le retrouver dans un état de rage noire avec des bandages partout à la suite de son accident. La réalité m'avait atteint plus que prévu. Je l'avais retrouvé couvert d'ecchymoses, rien de surprenant de ce côté. Cependant, à la place de son air renfrogné et colérique, j'avais trouvé un regard éteint et désespéré. Il était revenu vers moi plus rapidement que dans mes rêves les moins réalistes, me coupant la chique. J'avais bataillé tout de même pour le ramener vers moi, mais j'avais la sensation que tout avait été trop facile.

Enfin, Ean n'était pas redevenu égal à lui-même. Il était peu souriant, évitait mon regard et répondait des bouts de phrases rapides, loin de son entrain habituel. Il avait plus parlé avec Abigail dans la matinée qu'avec moi tout au long de la journée. Je l'avais mérité, songeais-je, alors je n'avais aucune raison de m'en plaindre. J'avais déjà eu la chance de ne pas me faire houspiller par sa mère, qui avait semblé garder ses commentaires pour elle, c'était déjà énorme. Puis Ean était au bout de mon bras, c'était assez improbable pour ne pas avoir à rouspéter.

« J'ai l'impression de ne pas être venu depuis une éternité, souffla le roux pour lui-même.

- En fait, ça...

- Ne réponds juste pas, » répliqua-t-il fermement.

Il ne parlait pas méchamment et je savais que ce n'était pas dit pour me blesser, mais ses paroles me piquèrent en plein cœur. Je n'arrivais pas à avoir de conversation avec lui. Dans l'avion, il s'était contenté de fermer les yeux et de faire semblant de dormir pendant tout le trajet. Ean s'éloigna légèrement de moi pour agripper son nouveau téléphone et appeler un taxi qui arriva dans la foulée. Nous montâmes à son bord sans commentaire et Ean se chargea des formalités. Il riva son regard sur le paysage, posant sa main valide sous son menton. Il avait l'air enfantin, ainsi posé.

Une boule d'angoisse se logea dans mon ventre. Est-ce qu'il voulait vraiment de moi dans sa vie ? Pourquoi avait-il accepté de revenir avec moi si c'était pour ne pas m'adresser la parole ? Je me mordis la lèvre en serrant mes mains sur mes cuisses. Puis quelque chose de glacial vint se poser sur mon poignet. Je tournai vivement la tête vers le roux qui avait l'air confus. Son regard était étrange, comme s'il plusieurs émotions s'y battaient en duel. Il soupira et riva de nouveau ses yeux sur la route, laissant toutefois ses doigts sur ma peau. Je les saisis entre les miens, me sentant légèrement revigoré par ce simple contact.

Lorsque nous descendîmes du taxi et qu'Ean eut payé le trajet, je m'abstins de tout commentaire. Je n'avais aucune envie de le contrarier comme j'avais l'habitude de le faire lorsqu'il s'agissait d'argent. Si j'avais la sale manie de me vexer dans ce genre de cas, il n'en fut rien cette fois-ci.