Lundi 5 septembre – Aiden
Je lui demandai de répéter, incertain de ma compréhension. Conclusion : mon ouïe était bonne ou alors elle était tellement détraquée que j'avais compris deux fois de suite la même connerie. J'espérais sincèrement que la deuxième option était la bonne, bien que je tinsse à mes oreilles.
J'avais tiré un trait sur toutes relations en rapport avec la domination dès que j'avais commencé à le fréquenter. Après tout, dès notre première rencontre, j'avais bien compris que ce n'était pas un homme que je pourrais manipuler à ma guise. En fait, Ean était certes passif au lit, mais il dominait clairement notre pseudo-couple. Dans mon ancien monde, le soumis avait tous les droits mais devait obéissance à son maître. Avec le roux, c'était clairement une mission impossible. Quant à l'aspect qu'il appelait douloureux de ce genre de relation, j'avais du mal à envisager qu'il soit partant. Alors je ne comprenais pas vraiment ce qu'il attendait.
Je ne pouvais pas m'empêcher de repenser à mon passé, à Peter, qui était parti du jour au lendemain sans laisser de trace. Sa famille avait coupé les ponts, rien ne m'avait permis de savoir où j'avais péché. L'avais-je blessé sans qu'il n'ose le dire ? L'avais-je involontairement humilié ? Avait-il décidé que ce n'était pas un mode de vie qui lui convenait, finalement ? Tant de questions qui m'angoissaient davantage. Lorsqu'il n'y avait aucune attache, c'était facile de se lâcher. Mais j'avais tant à perdre cette fois-ci, je ne voulais pas risquer de voir Ean partir une nouvelle fois avec une image de moi déplorable en tête.
L'intéressé fronça les sourcils en me voyant hésiter et se dressa sur la pointe des pieds pour m'embrasser le front, puis il se remit à ma hauteur pour déposer un baiser sur mes lèvres, aussi furtif que significatif. Il se saisit de mes mains qu'il posa sur ses hanches, se serrant contre moi sans excès, et reformula de nouveau sa requête atypique. J'étais mitigé, paniqué à l'idée de le faire fuir.
Cela me rappela que je ne lui avais jamais parlé de mon passé avec Peter. En réalité, il ne savait pas grand-chose de moi, contrairement à moi qui devais connaître une grosse partie de sa vie. Il connaissait ma sœur et avait fini par faire le rapprochement entre Ayah et moi, mais il n'avait jamais entendu parler de ma mère, je ne l'avais jamais laissé approcher mon appartement, ni même de mon passé.
« Je ne peux pas, soufflai-je, anxieux. Pas avec toi. Je ne peux pas.
- J'ignore si je dois bien le prendre ou si je dois considérer que tu me traites comme une petite chose fragile, se vexa le roux en faisant la moue.
- Ni l'un ni l'autre, ça n'a rien à voir, ajoutai-je en sentant ma gorge se nouer.
- Je ne comprends pas, se reprit-il doucement. Pourquoi tu ne peux pas ? »
Mes yeux me brûlaient. Je voulais lui raconter, être capable de tout balancer, de libérer mon cœur d'un poids trop longtemps camouflé. Mais en tournant les yeux et en voyant notre reflet dans le miroir, je repris du courage.
« On devrait aller dans ta chambre, affirmai-je. Il y a des choses que tu dois savoir. »
Il opina du chef et me guida jusqu'à son lit sur lequel nous nous assîmes côte à côte. Nos cuisses étaient étroitement serrées l'une contre l'autre et il avait le regard rivé sur mon visage tandis que j'évitais scrupuleusement de trouver ses yeux. J'avais les pupilles rivées sur mes mains entremêlées sur lesquelles s'étaient glissés les doigts de mon amant pour me rajouter de la force.
Je lui racontai alors toute l'histoire. Ma relation avec Peter de dominé à dominant, mes débuts dans le domaine, ce que nous faisions sans entrer dans les détails sordides de notre sexualité... puis son départ sans la moindre explication, la douleur de voir partir la première personne que j'avais réellement aimée et la sensation d'abandon.
VOUS LISEZ
I. Domination [Boy x Boy]
RomanceEan est l'un des jeunes héritiers d'une famille d'avocat célèbre à Boston : les McAndrey. Dans le but de mieux comprendre une affaire qu'il doit résoudre pour ses études, il se rend dans le club de son frère. Mais il ne pensait pas y rencontrer un h...