I. Domination [Boy x Boy]

Chapitre 18

Jeudi 18 aout – Aiden

Lorsque j'avais demandé à Ean s'il voulait réellement que l'on mette Enzo au courant de notre relation, son incertitude m'avait sauté à la gorge. Il était devenu livide et avait bredouillé quelque chose avant de refuser. Sans trop de difficultés, j'avais compris que j'avais touché une corde sensible. Pourquoi ? Je n'en avais aucune idée. Je savais qu'il s'agissait de son frère, mais tous les autres étaient déjà au courant, sans exception. Même Lexy, en contact avec Ennis, m'avait glissé quelques sous-entendus au travail. J'avais avalé douloureusement ma salive en admettant qu'il avait ses raisons, sans insister. Je n'avais pas pu m'empêcher de trouver sa décision égoïste au départ, mais je me rendais compte que c'était sûrement plus profond que cela.

La veille seulement, Ean était revenu vers moi, nerveux, pour me dire qu'il avait changé d'avis. Je ne lui avais pas fait part de ce que je pensais depuis qu'il avait refusé, donc ma surprise avait été chargée d'incompréhension. Qu'est-ce qui avait motivé ce revirement ? Je ne m'étais pas résigné à lui poser la question, me contentant de l'embrasser avidement et de serrer contre moi un Ean pourpre.

D'un autre côté, je n'avais pas pu m'empêcher de me demander comment Enzo pouvait ne pas avoir deviné. Depuis que j'avais rencontré Ean, je n'allais plus dans son club et la seule fois où je m'y étais rendu, j'avais refusé les avances de tout le monde et m'étais contenté de me saouler au bar, ce qui n'était pas passé inaperçu. Après tout, le jeune roux était un livre ouvert. Rien que sa manière de me regarder était transparente. Même alors que nous n'étions pas ensemble le soir de la cérémonie en l'honneur de Lexy, tout le monde avait deviné qu'il y avait quelque chose entre nous. Tous sauf Enzo, Enrick et Abigail. Je soupçonnais Sebastian d'avoir deviné quelque chose mais de faire profil bas.

« Tu ne comptes pas changer d'avis, aujourd'hui ? questionnai-je Ean à l'entrée du Circle. Tu n'as pas l'air extrêmement sûr de toi, on dirait que tu as perdu de ta superbe. Qu'est-ce qui te dérange tant que ça dans le fait de parler de nous à ton frère ?

- Les autres ne te connaissent pas vraiment, avoua-t-il en relâchant ma main pour frotter nerveusement sa veste. Enzo sait que tu es dans son club, il connait tes penchants, il sait beaucoup de choses sur toi. Or, je connais mon frère, il va se faire des films. Je ne le vois pas énormément, mais il n'y a que Lexy et moi qui avons gardé contact avec lui. Il nous surprotège un peu, tous les deux. J'ai peur de sa réaction. »

Je l'attirai contre moi devant les portes vitrées de l'immeuble, profitant de l'instant pour déposer un chaste baiser sur son front, lui promettant qu'Enzo avait confiance en moi et que les choses se passeraient bien. Il n'y avait aucune raison qu'il vrille, après tout. J'étais réputé au Circle pour être dur avec mes partenaires, mais aucun ne s'était jamais plaint, je faisais toujours de mon mieux pour les satisfaire et je ne franchissais jamais les limites qu'ils imposaient.

Une fois que j'avais revigoré légèrement mon compagnon, je tapai le code de l'immeuble, me présentai au vigile qui poussa la porte, l'air moqueur. Je crus halluciner en l'entendant charrier Ean qui se tassa contre moi, la langue tirée et les yeux lançant des éclairs.

« Anne McAndrey a trouvé son chevalier servant ? »

Nous l'ignorâmes et nous dirigeâmes aussitôt dans le bureau d'Enzo dans les couloirs administratifs. Je sentais la perplexité du jeune homme derrière moi qui grandissait au fur et à mesure. En voyant la porte fermée et après avoir appris qu'il était en réunion, nous patientâmes dans le couloir. Les doigts d'Ean étaient serrés contre ma manche tandis que son regard passait de droite à gauche, examinant les boyaux exigus dans lesquels nous campions. Cherchant une diversion pour le détendre légèrement, je finis par dire avec amusement :