Dimanche 21 août – Ean
J'observai cet homme que je ne connaissais ni d'Adam ni d'Eve et qui semblait si ému de me voir. Je n'avais aucune réaction, simplement surpris de son comportement. Les autres urgentistes se pressaient derrière lui et lui demandaient de faire son travail alors qu'ils examinaient mon congénère ivre qui se tordait dans tous les sens à quelques mètres de moi.
Etais-ce parce que j'avais reçu un gros coup sur la tête que je ne reconnaissais pas cet homme ? Il était trop choqué à l'idée de me voir devant lui, tellement qu'il ne bougeait pas et qu'il ne m'aidait en aucun cas. Je ne pouvais que le fixer, hagard, fouillant dans ma mémoire pour savoir si son visage me revenait, en vain. De toute façon, toutes mes pensées s'entremêlaient sans aucune cohérence. Même si j'avais eu un de mes frères devant moi, je n'avais aucune garantie de pouvoir le reconnaître... Bon, j'exagérais peut-être.
C'était un homme plutôt beau mais très typique. Un brun aux yeux noirs, la peau très pâle avec un visage commun. Je pris bien le temps de le contempler, d'enregistrer ses traits pour les comparer à tous ceux que je connaissais. Mais rien.
Il s'agita soudainement lorsque l'un de ses collègues le rejoignit.
« Quels symptômes a-t-il ? demanda l'intéressé avec agacement, ne récoltant qu'un silence éloquent. Tu n'as même pas vérifié ? Mais qu'est-ce que tu fous ? Tu comptes l'avoir, ton diplôme, ou tu veux rester stagiaire toute ta vie ? »
Le ton commençait à monter entre l'urgentiste et son élève. Ils commencèrent par me parler, me poser des tas de questions, ainsi qu'à l'homme qui m'avait sorti de mon véhicule. Celui-ci expliqua que compte tenu de la fumée, il n'avait pas pris le risque de me laisser dans un barbecue. Il récolta quelques louanges pour sa bravoure en retour et ils passèrent à mon cas, comment j'avais réagi, ce que je pouvais faire, ce qu'il avait constaté.
Je voulus retenter de parler pour soulager ce pauvre homme qui perdait du temps ici. Je ne pus que sortir un grognement qui me brula la gorge. Un goût de fer irradia dans ma bouche et je dus tousser. Je cherchais du bout de ma langue s'il me manquait une dent mais je les trouvais toutes. Je me rappelai l'impact, m'être cogné contre la portière violement au niveau de la tempe. Une douleur insupportable commença à marteler ma tête. Le sang affluait dans mon visage, mon cœur battait contre mes tympans. Sa fréquence s'accéléra, ainsi que mon souffle.
Par réflexe, je portai une main à ma tête et fus forcé de constater l'étrange quantité de sang qui s'écoulait encore entre mes doigts. Depuis quand est-ce que je saignais, au juste ? Ma grande question était surtout : d'où est-ce qu'il venait ? Le regard inquiet de l'homme face à moi ne me rassurait pas. Ils s'activèrent soudainement, cherchaient eux-mêmes la source des saignements, appuyant là où je souffrais le plus. Ils avaient trouvé.
L'horizon commençait à se tordre devant mes yeux, j'allais de plus en plus mal.
« Comment est-ce que tu vas, Ean ?
- Qui es-tu ? »
Il ne m'entendit pas. À vrai dire, je ne m'entendis pas moi-même. C'était surtout ce que j'avais essayé d'articuler en vain. Il bougea un doigt devant mes yeux, que je m'empressai de suivre en y mettant tout mon cœur. J'étais peut-être lent mais ils constatèrent que j'étais bel et bien conscient. La question qu'ils se posaient, c'était apparemment : « Pour combien de temps ? »
Ils prirent mes constantes, s'inquiétèrent, recommencèrent à me poser des questions auxquelles on m'autorisa à répondre en hochant ou en secouant la tête. Je tentai tant bien que mal de leur dire à quel point mon cou était douloureux avant la première interrogation, sans succès. Ils finirent tout de même par le comprendre en me voyant grimacer à chaque mouvement.
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I. Domination [Boy x Boy]
RomanceEan est l'un des jeunes héritiers d'une famille d'avocat célèbre à Boston : les McAndrey. Dans le but de mieux comprendre une affaire qu'il doit résoudre pour ses études, il se rend dans le club de son frère. Mais il ne pensait pas y rencontrer un h...