Chapitre 14

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Vendredi 5 aout

« Bon, eh bien à la semaine prochaine », marmonnai-je pour moi-même en m'installant à ma place dans le train. Ean n'avait pas voulu m'accompagner pour deux raisons, disait-il. La première étant qu'il était trop tôt et je le comprenais puisqu'il n'était que cinq heures trente, la deuxième étant parce qu'il n'aimait pas les adieux sur les quais de gare. D'une certaine manière, je lui en étais reconnaissant. Je n'aurais jamais réussi à m'échapper s'il était resté dans les parages. D'un autre côté, je me sentais étonnamment seul.

Une fois le véhicule en marche, ma solitude s'était amplifiée. Non seulement j'étais quasiment seul dans le wagon, mais les autres qui étaient là étaient en couple. Je dus changer de train à Kingston et me retrouvai assis en face d'un gamin de quatre ans à tout casser et de son grand-père. Le vieux racontait des histoires aux petit qui n'en avait que faire et hurlait pour communiquer. Je me mis à regretter le train précédent.

Descendre dans la gare de Plymouth avait été un intense soulagement. Non seulement le trajet m'avait paru interminable, mais en plus, j'avais encore l'impression d'entendre la voix criarde du gosse alors qu'il n'était plus à côté de moi. Le chaos de la rue fut donc bienvenu, à côté de l'enfer que je venais de vivre. Envoyer un message à ma sœur, ma mère, Enrick McAndrey et Ean pour les prévenir que j'étais bien arrivé à destination fut libérateur. Lorsque ce dernier me répondit, ce fut ce qui acheva de me calmer.

Je sortis mon GPS pour vérifier où je devais aller. J'étais prêt à marcher pendant des heures, si cela pouvait m'éviter de prendre un taxi ou un bus. Lorsque mon téléphone m'indiqua qu'il n'y avait que trente minutes de marche, je ne pus m'empêcher d'être rassuré. Cependant, l'itinéraire proposé me faisait tourner à chaque coin de tue. Je tirai ma valiser derrière moi, sentant mon bras devenir de plus en plus douloureux à mesure que j'avançais. J'avais la sensation de passer toujours aux mêmes endroits.

Mon trajet fut bien plus long qu'annoncé. Au bout d'une heure et une multitude de demi-tours, j'errais encore dans les rues de Plymouth. Je me demandais encore comment j'avais réussi à me perdre deux fois. En même temps, avec mon téléphone qui datait de l'époque des dinosaures et qui se bloquait à chaque instant, c'était compliqué. Je me rendis compte, en arrivant enfin à destination, que j'étais déjà passé cinq fois devant les lieux et que je tournais juste en rond. Le pire, c'était que j'avais appris que j'étais arrivé parce que j'avais demandé mon chemin à un type, complètement désespéré par la situation. Il s'était ouvertement foutu de ma gueule en me disant que j'étais sous le porche.

Je rentrai dans l'hôtel, savourant le calme ambiant. Il n'y avait pas d'autre bruit que la climatisation. Le décor était somptueux, avec une prédominance de marbre, un coin café, un coin restaurant, le tout dans des teintes blanches, crème et noires. J'allai me présenter à l'accueil et fus d'autant plus surpris lorsqu'on me donna le badge d'une suite, qu'un employé vint me prendre ma valise pour l'emmener à l'étage et qu'un homme s'attela à m'accompagner jusqu'à l'endroit où j'allais résider. Ce fut donc le moment propice pour me demander combien le père McAndrey avait dépensé pour m'offrir une semaine dans cet endroit luxueux. Question qui resterait à jamais sans réponse.

Une fois en haut, on m'indiqua le règlement. J'avais visiblement forfait pour pouvoir manger à ma guise, sans dépenser un centime. Mon estomac fit un bond dans mon estomac. Depuis combien de temps n'avais-je pas mangé un repas complet, de l'entrée au dessert, sans me priver dans les quantités ? Ean avait bien tenté une paire de fois de m'inviter, au restaurant ou chez lui, mais je ne parvenais pas à accepter. J'avais cru comprendre une paire de fois que cela le frustrait, mais c'était hors de question de dépendre de lui. Je ne couchais pas avec lui pour son argent et je voulais qu'il le comprenne.

I. Domination [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant