Vendredi 24 juin – Aiden
J'étais rentré chez moi la veille au soir en trainant des pieds. Je peinais à me dire que j'avais réussi à réfréner mes désirs pour... Pour quoi au juste ? Je ne savais même pas ce qui m'avait pris. Certes, Ean était très agaçant parfois. Il était fier, arrogant, clairement supérieur en termes de charisme et je ne savais pas toujours comment lui répondre. Pour une fois, j'avais eu le dernier mot, même s'il m'avait foutu à la porte de frustration. J'aurais voulu en rire. En réalité, je m'étais trimbalé une trique pas possible jusqu'à chez moi et j'avais tellement regretté de ne pas l'avoir baisé sur ce fauteuil.
J'avais pu jouir de quatre pauvres heures de sommeil avant de devoir aller gérer le Circle, comme je l'avais promis à Enzo, pour gérer la paperasse qui était dans un tel désordre qu'il était compliqué de comprendre exactement ce que je faisais. Son travail, côté administratif, était d'un ennui mortel. Je préférais mille fois terminer mes propres dossiers. Mon quotidien me parut soudainement beaucoup plus amusant. Au moins, il ne m'avait pas incombé la tâche de trier tous ses dossiers, je devais juste consulter les allées et venues des invités, les potentielles inscriptions et les CV de quelques fous. Bien entendu, je n'avais pas le pouvoir de répondre aux candidats, mais lire leurs lettres m'amusait beaucoup, surtout lorsque j'y trouvais quatre erreurs par mots.
C'était sans compter sur son espace à la limite du vivable. Le Circle était un endroit luxueux, immense. À côté, son bureau était un placard lugubre. Même sa lampe de chevet donnait l'impression de ne pas éclairer. Des fils électriques pendaient autour du lustre qui ne s'allumait pas et l'interrupteur se décollait du mur. Le pire, selon moi, c'était cette lumière rougeâtre qui clignotait depuis le couloir et qui se glissait sous la porte. Le tout était couronné par une surcharge de meubles. Le bureau prenait déjà la moitié de la pièce, mais il y avait des chaises en métal, celle à roulette d'Enzo, ainsi que les caisses de rangements qui décoraient les moindres recoins libres. Impossible de marcher sans enjamber un carton.
La seule chose que je pouvais dire, c'était que j'avais vraiment hâte d'être au lendemain. Enfin tranquille ! Le Circle était ouvert le week-end mais Enzo n'allait jamais au travail les samedis et dimanches. Il y avait tout de même une raison qui me poussait à venir, c'était la paye que me promettait mon ami. Les fins de mois étaient toujours difficiles. Je ne recevrais mon salaire d'avocat que le premier juillet et les bourses étudiantes s'étaient arrêtées dès que j'avais eu mon diplôme. J'étais à deux doigts de rendre mon appartement pour pouvoir me nourrir.
Il y avait tout de même quelque chose qui me plaisait dans le métier que je faisais temporairement. Les interventions dans le club étaient vraiment amusantes. J'appréciais accueillir les potentiels inscrits comme Enzo m'avait appris à le faire. Il s'agissait de leur faire passer un test de comportement face à des situations fictives, leur faire signer une décharge, un formulaire de consentement des règles et leur faire régler la note pour pouvoir entrer et sortir à leur guise pendant un an. Autrement, je devais y aller car des habitués demandaient le chef sans savoir qu'il était absent. Leur surprise valait tout l'or du monde. Je me souvenais également de cette fois – l'avant-veille, en fait – où j'avais dû virer un type qui avait manqué à l'une des règles fondamentales de la boîte. Le résultat était une douleur abdominale qui m'avait suivi toute la journée, sans que je ne pipe mot. En contrepartie, j'étais fier de ma réaction. Cet homme n'avait pas accepté que sa partenaire utilise son code de sécurité et l'avait fait voler à travers la pièce pour la ruer de coups. Le tout sous le regard abasourdi et indigné des spectateurs qui s'étaient empressés d'appeler à l'aide. L'un des dominants témoin avait tenté d'intervenir avant mon arrivée et se pavanait avec un bel œil au beurre noir. Je m'estimais heureux de m'en sortir sans rien de visible.
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I. Domination [Boy x Boy]
RomantizmEan est l'un des jeunes héritiers d'une famille d'avocat célèbre à Boston : les McAndrey. Dans le but de mieux comprendre une affaire qu'il doit résoudre pour ses études, il se rend dans le club de son frère. Mais il ne pensait pas y rencontrer un h...