Chapitre 38

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Lundi 26 septembre – Aiden

Le deuil de la famille McAndrey avait causé une fermeture provisoire du cabinet dans lequel je travaillais. L'enterrement de Sebastian Hollygan avait produit grands émois et tous nos rendez-vous avaient été reportés. De fait, j'avais passé la matinée à la cérémonie en l'honneur de l'homme qui m'avait offert une nouvelle vie. Les affaires reprendraient le mercredi. Jusque-là, on m'avait mis en congés sans me demander mon avis.

D'habitude travailleuse, je m'étais tout de même rendu aux bureaux pour plancher sur mes futurs rendez-vous et sur les dossiers déjà entamés. Je n'avais pas de clients, grand bien m'en fît. Je n'avais pas pour autant envie de me retrouver submergé par le travail dès notre retour parce que je n'avais pas encore l'expérience d'Enrick. J'ignorait comment allait faire Lexy, mais je la savais capable de rester jusqu'à des horaires impossibles pour clôturer ses travaux.

Au moins, travailler me permettait d'oublier ce sentiment désagréable qui perçait ma poitrine. Je n'avais pas de nouvelles d'Ean depuis deux jours sans en connaître la raison et c'était une situation que je ne connaissais que trop bien. Je me sentais trahi et abandonné pour la deuxième fois de ma vie en deux relations et je me promis que je ne remettrais plus les pieds avec un autre type si tout tournait toujours de la même manière. Qu'est-ce que je leur faisais, à tous ?

Je ne descendis pas à la pause de midi, trop occupé par la paperasse et me fondis assez dans les documents pour ne pas la voir passer. Ce n'était qu'à quatorze heures que je commençais à trouver le temps long. Je me déplaçai jusqu'à la cuisine pour me servir un café, savourant son amertume pour me revigorer. Je dormais mal, je ne réussissais pas à fermer l'œil, imaginant le roux dans toutes sortes de situations catastrophiques. Alors qu'il s'était certainement barré, tout simplement.

Je m'humectai les lèvres face à la chaleur évidente du liquide et me tournai vers la fenêtre, où un couple passa justement sur le trottoir d'en face. Je clignai plusieurs fois des yeux pour empêcher mes larmes de couler comme elles aimaient tant le faire depuis la veille. J'étais dans un état pitoyable à tel point que Lexy ne m'avait même pas laissé rentrer seul et que ma chatte s'était montrée câline toute la soirée alors qu'elle me fuyait plutôt d'ordinaire. Cela n'enlevait rien à mon impression de solitude. Personne n'avait l'air de vouloir de quelqu'un comme moi.

Néanmoins, la sonnerie du cabinet me tira de ma rêverie dans un sursaut. Personne n'était censé venir. Les McAndrey étaient tous réunis chez eux, je voyais mal l'un d'eux fausser compagnie aux autres pour venir m'aider, d'autant plus que je n'étais pas censé être là. Enrick le savait certainement puisque j'avais désactivé l'alarme, mais pourquoi viendrait-il me voir alors qu'il avait autre chose à faire ? De toute manière, s'ils étaient venus, ils ne seraient pas passés par l'entrée des clients, donc la sonnette n'aurait pas retenti.

Je fis quelques pas pour me retrouver dans le hall, trouvant la dernière personne que je voulais voir debout, la posture incertaine. Ses mains étaient nerveusement cachées dans son dos, il se mordait l'intérieur de la joue, y formant un creux, ce qui trahissait sa gêne. Mais que diable foutait-il ici, encore ? Comment avait-il pu manquer la pancarte indiquant que nous étions fermés ? Elle était suffisamment grosse pour qu'on pût la lire à une cinquantaine de mètres !

« Qu'est-ce que tu fais là ? grognai-je en serrant ma tasse entre mes doigts.

- Toujours un spécialiste de l'accueil, à ce que je vois, rétorqua-t-il avec un sourire.

- Tu viens sur mon lieu de travail, tu croyais que j'allais réagir comment ?

- Pourtant il semblerait que vous soyez fermés.

I. Domination [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant