Lundi 22 août – Aiden
L'angoisse, c'était le pire des sentiments. Mêlé avec une sensation d'abandon, c'était un combo dévastateur. Je n'avais toujours pas de nouvelles d'Ean. Je lui avais envoyé des messages après mes conversations avec ma sœur, je l'avais appelé, laissé des vocaux, mais rien n'y faisait. Tout restait en suspens, il ne les lisait même pas, je n'étais même pas sûr qu'il écoutait. Je donnerais n'importe quoi pour qu'il me donnât un signe de vie, mais visiblement les choses ne se passaient pas toujours comme on le voudrait.
De plus, je savais que j'allais voir mon meilleur ami avant d'aller aux bureaux et cela me terrifiait. Je savais que j'avais l'air pitoyable, il remarquerait sans nul doute que l'absence de son frère m'affectait. Mais j'étais si maladroit lorsque je voulais exprimer mes émotions que je risquais une nouvelle fois de tout détruire. J'étais surtout terrorisé à l'idée qu'il rejette l'idée une nouvelle fois de me voir avec Ean. J'ignorais pourquoi j'avais tellement besoin de sa bénédiction, de son soutien, mais j'avais l'espoir que tout rentrât dans l'ordre si jamais il l'acceptait.
En fait, je n'appréhendais pas tant de le revoir que de recevoir des réflexions qui m'enfonceraient davantage. Que se passerait-il s'il ne comprenait vraiment pas que je tenais au petit roux plus que ce que j'avais pu dire dans son bureau ?
Je soupirai une énième fois en tournant ma paille dans mon verre. J'aurais dû prendre un café, à cette heure-là, pour me réveiller. Mais j'avais surtout eu besoin de courage et un soda était plus réconfortant à mon sens. Je n'arrivais même pas à boire, la gorge nouée. J'étais arrivée avec une trentaine de minutes d'avance, tellement que mes glaçons étaient déjà fondus. J'avais tellement cogité la nuit passée que je n'avais pas réussi à fermer l'œil. Je sentais que j'allais passer une journée au travail épouvantable.
Je me mis à triturer un élastique trouvé au fond de ma poche sans me souvenir de ce qu'il faisait là, nerveux. Lorsque j'en eus terminé je passai à mes cheveux que j'enroulai autour de mon doigt. Je me fis d'ailleurs la remarque qu'il était peut-être temps de retourner chez le coiffeur. Lorsqu'ils arrivaient au milieu de ma nuque, c'était qu'ils étaient trop longs.
Je me fis la réflexion que si Enzo refusait que je me remette avec Ean parce que j'étais ce qu'il appelait un dominant, alors j'étais prêt à abandonner le Circle afin qu'il comprenne que cela m'intéressait moins que son frère. Après tout, je n'y allais déjà quasiment plus, il aurait dû saisir que ce n'était pas une pratique que je partageais avec son frère.
« Monsieur Miller ? »
Je relevai la tête en cessant la contemplation de mon verre pour reporter mes yeux sur l'aîné McAndrey. Il arborait un sourire joueur, fier de m'avoir fait peur. Son air ravi disparut aussi rapidement que je m'étais redressé. Je devais le fixer avec une certaine animosité, jamais il ne s'était dépêtré de sa bonne humeur aussi vite. Il vint s'asseoir face à moi sans un mot, leva un doigt pour commander une boisson dont je ne compris pas le nom et reporta son attention sur moi.
« Tu as des nouvelles d'Ean ? m'enquis-je sans attendre.
- Tu ne perds pas le nord, toi. »
Ses sourcils étaient froncés et ses traits s'étaient durcis. S'il avait pu m'empoigner le col et m'insulter, il l'aurait fait sans hésiter. À la place, il se contenta de serrer les dents et de grommeler des choses dans une langue étrangère. J'ignorais si j'étais censé comprendre un traitre mot de ce qu'il disait, mais à part les formulations de bases de quelques langues latines, je n'avais aucune notion de grammaire ni aucun vocabulaire associé à celles-ci.
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I. Domination [Boy x Boy]
Roman d'amourEan est l'un des jeunes héritiers d'une famille d'avocat célèbre à Boston : les McAndrey. Dans le but de mieux comprendre une affaire qu'il doit résoudre pour ses études, il se rend dans le club de son frère. Mais il ne pensait pas y rencontrer un h...