Chapitre 17

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Vendredi 12 août – Ean

« Ean ! Ean ! Lève-toi, Ean ! »

Je bondis dans mon lit avant de voir la moue ravie et enthousiaste de Duncan face à moi. Il était agenouillé par-dessus mes genoux, sur mes draps, sautillant légèrement ce qui me donnait l'impression d'être sur un bateau en haute mer. Son sourire apaisa rapidement les effets du cauchemar que je n'avais pas achevé. De toute façon, j'en connaissais déjà la fin. Je fis signe à mon ami d'arrêter de bouger comme un enfant auquel on aurait promis une sortie à Disneyland, sous peine de devoir prendre une douche dans les prochaines secondes. Il s'exécuta aussi, des étoiles dans les yeux, les mains jointes devant lui.

« Merde, qu'est-ce qui t'arrive ? Tu as trouvé une maison ? »

Il leva les yeux au ciel avant de secouer la tête. Je pus constater en même temps qu'il portait l'un de mes tee-shirts bariolés. Il pouvait le garder, d'ailleurs. Il se releva, tourna sur lui-même et me jeta une œillade entendue avec un sourire narquois. Je commençais à avoir peur. Qu'est-ce qui lui était arrivé pour qu'il soit dans cet état un vendredi matin où nous n'avions pas de cours particulier ?

« Je vais rencontrer l'homme de ta vie aujourd'hui !

- Oh ! »

Je tournai rapidement les yeux vers mon horloge numérique sur ma table de chevet avant de soupirer de soulagement. J'avais encore deux heures avant de partir pour la gare et aller le chercher. Je remarquai alors que mes volets étaient déjà grand ouverts, Duncan avait déjà prévu de me faire lever.

D'un coup, je me rappelai qu'Aiden ne connaissais pas mon ami et qu'il n'était pas au courant qu'il vivait chez moi à cause de l'incendie de sa maison. En effet, depuis le dernier dimanche, il n'avait pas décampé. Ses parents avaient refusé de le reprendre chez eux et je me souvenais des mots de son père : « Reste dans ton monde et ne reviens plus nous emmerder ! ». Des paroles si tranchantes que même ma mère n'aurait jamais prononcé à l'égard d'Enzo.

Duncan avait un travail dans un bar qui était très mal rémunéré et n'avait pas les moyens de se payer un appartement à long terme. C'était choisir entre un logement et ses études. Autant dire que je ne l'avais pas laissé tomber. Hors de question qu'il abandonne sa carrière. J'étais donc allé voir mon père afin de lui demander si une colocation n'était pas envisageable le temps qu'il soit plus stable financièrement. Il cherchait donc activement un nouvel emploi qui pourrait subvenir à tous ses besoins. Mon père avait vraisemblablement besoin de réfléchir mais il était convenu que mon ami reste avec moi le temps de sa réflexion.

Aiden, en revanche, en voyant un homme chez moi, pourrait croire que je le trahissais. Pourtant, je n'avais rien fait de mal et ne comptais rien faire qui nuirait à ma relation déjà bancale avec lui. Je passai une main sur mon front humide et en profitai pour virer une mèche rebelle. Je me pinçai l'arête du nez en soupirant fortement, les yeux clos. Il fallait absolument que je mette mon amant au courant rapidement pour qu'il n'y ait aucun quiproquo.

« Tu n'es pas content de le voir ?

- Si, évidemment, mais je pensais que tu m'avais réveillé pour un truc grave, tu m'as foutu une trouille bleue ! »

Il ricana doucement, se releva, tira mon drap et l'étendit sur le rebord de la fenêtre. Tous les matins, il faisait cela et à chaque fois j'étais terrifié à l'idée que le morceau de tissu parcoure la ville au fil du vent. Enfin, ordinairement, il s'en tenait à sa chambre, il ne venait pas s'occuper de la mienne. Il me balança une œillade entendue, laissant glisser son regard sur mon buste dévêtu, me fit un clin d'œil avant de quitter la pièce avec un :

I. Domination [Boy x Boy]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant