I. Domination [Boy x Boy]

Chapitre 19

Dimanche 21 août

J'en ignorais la raison, mais la première chose qui m'était monté à la tête lorsque j'avais voulu fuir, c'était la maison familiale. Celle où vivaient encore ma mère, Earl, Lauren. Une journée et demie pour y aller en voiture en passant par les autoroutes, traverser les Etats du Massachusetts jusqu'au Colorado était une véritable aventure. De quoi me permettre aisément de me remplir l'esprit d'autres choses.

J'avais tout de même attendu la veille avant de partir, des fois qu'Aiden ait l'idée de venir s'excuser. Malheureusement, cela n'était pas arrivé. Je n'avais eu aucune nouvelle et ma rage s'était décuplée. La tournure des évènements m'avait horriblement déçu. Pour commencer, Enzo n'avait pas du tout été compréhensif. J'appréhendais ce genre de réaction, pour être honnête, mais c'était celui en qui j'avais le plus confiance parmi ma fratrie. Enfin, Aiden m'avait rejeté comme s'il ne s'était rien passé alors qu'il m'avait assuré que tout se passerait bien.

Je comprenais bien son besoin de dominer, d'avoir le contrôle de tout et je n'étais clairement pas le mieux placé pour respecter ses exigences. J'avais compris le message. J'étais une pauvre chose sensible et fragile qu'on ne pouvait pas heurter et je n'étais pas réceptif à ses désirs. Pourtant, jusque-là, il n'avait à aucun moment prononcé son envie de tenter d'autres choses avec moi. J'aurais pu faire un effort pour tester des nouvelles expériences, après tout.

Ce qui m'avait le plus blessé, c'était son manque de confiance en moi. Cela pouvait se comprendre, après tout... Mes frères et sœurs et mes amis savaient pour nous deux alors que le premier mot de notre relation, c'était discrétion. Malgré cela, j'avais tout fait pour être irréprochable. Non seulement parce que je ne voulais pas le décevoir, mais également parce que je n'avais aucune raison de faire un pas de travers. Personne ne savait ses penchants, Pourtant, le résultat était le même.

Je n'avais toujours pas digéré cette annonce. Je m'étais fait jeter lamentablement devant mon frère. C'était devant Enzo qu'il avait balancé que je ne le satisfaisais pas, qu'il ne voulait plus de moi, que notre relation était vouée à se terminer aussi subitement. Je ne savais pas vraiment si j'étais aussi vexé parce que mon égo avait été touché ou pour une autre raison sur laquelle je ne pouvais pas mettre le doigt.

Je n'arrivais simplement pas à concevoir qu'il ne se passerait plus rien avec Aiden. Je risquais de le revoir dans une relation purement professionnelle, puisqu'il travaillait avec ma famille, mais plus aussi intimement. C'était difficile à réaliser, douloureux. Je lui avais tout montré de moi, toutes mes facettes, même celles que je ne voulais pas qu'il voie. Il savait que je faisais des cauchemars, ce que mes parents ignoraient eux-mêmes. Malgré cela, il m'avait brisé le cœur avec un public.

Le tout avait été couronné par l'appel de mon frère quelques heures plus tard pour me dire :

« Aiden n'est pas une personne pour toi, Ean, il te fera plus de mal que de bien. Tu n'es pas comme lui, tu mérites tellement mieux. »

Qu'est-ce que tu en sais, au juste ?

Les larmes se remirent à couler le long de mes joues et je dus porter une main rageuse sur mon visage pour les effacer. Je serrai les dents, pestant en me demandant la raison de cette nouvelle crise. Depuis le dernier jeudi après-midi, je ne faisais que pleurer ou je restais aussi stoïque qu'un Playmobil, fixant le vide. J'avais naïvement cru que sur la route, la musique me viderait l'esprit, mais c'était presque tout le contraire. Au moins, j'étais actif et j'arrivais à passer des heures sans verser une larme. Voir ma mère et me disputer avec elle me permettrait au moins de me changer les idées.