9. Le Mage Noir (2/2)

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Il faisait froid et il n'y avait pas beaucoup de monde dehors. L'enseigne de la Tête-de-Sanglier se balançait dans le vent en grinçant. L'aspect de l'établissement était aussi sinistre que la dernière fois qu'Arya y était venue.
− C'est ici. Entrons.

Arya et Scorpius entrèrent. Arya se fit toute petite, pour éviter de se faire repérer par le barman qui l'avait déjà fichue à la porte une fois.

Sa grand-mère était là, assise au fond de la salle, non loin de l'énorme tête de sanglier accrochée au mur. Elle portait sur la tête un foulard élégant qui laissait s'échapper des mèches de cheveux bruns et blancs. Ses yeux noirs se posèrent sur Arya et elle lui adressa un discret signe de la main.
Arya s'assit à la table avec Scorpius.
− Arya, sourit sa grand-mère.
Arya lui adressa un sourire avant de se raviser.
− Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Pourquoi tu ne m'as jamais rien dit au sujet de Grindelwald ? Au sujet de mon grand-père ? Attaqua-t-elle aussitôt.
− Je t'ai dit qu'il avait été en prison.
− Oui, mais tu as sûrement oublié de me dire qu'il était célèbre dans le monde de la sorcellerie en tant que mage noir ! Tu ne sais pas ce que j'endure à chaque fois que les gens entendent mon nom et...

Arya s'interrompit tandis que le barman posait un verre devant sa grand-mère. S'il reconnut Arya il ne fit aucun commentaire et retourna derrière son bar.
− Je suis venue pour que tu me racontes tout ce que tu sais sur lui. Absolument tout ! exigea Arya.
− Et lui ? Il peut entendre ? demanda sa grand-mère en désignant Scorpius du menton.
− Oui. C'est Scorpius, un ami.
− Très bien. Par où commencer ? J'ai rencontré Gellert par hasard, je ne m'en rappelle plus très bien. J'étais jeune, je finissais mes études à Durmstrang. C'était un excellent sorcier, très puissant, avec des rêves de grandeur très séduisants. À l'époque, je l'admirais beaucoup. Il me trouvait également assez douée. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble, même après qu'il fut renvoyé de l'école au cours de sa dernière année. Il m'avait séduit avec ses idées d'avenir, ses grands projets... Il voulait tenir le monde dans ses mains, afin de le contrôler, d'y faire régner l'ordre et d'en finir avec le chaos. J'étais jeune et j'y croyais. Et j'étais amoureuse... Aujourd'hui je m'aperçois de la folie de cette entreprise. Nous travaillions ensemble, mais petit à petit, notre relation a commencé à se dégrader. Il est parti s'installer à Godric's Hollow. Et peu à peu, il a mis de la distance entre nous. Et à la fin, il ne voulait plus entendre parler de moi. Il disait s'être trompé. Avoir fait une erreur de jugement. Je ne comprenais pas. Quand je lui ai annoncé que j'étais enceinte de ton père, ça n'a rien changé à la situation, ça a même empiré. Je l'ai détesté à un point que tu n'imagines même pas, Arya. Il m'avait manipulé, me poussant sans que je m'en rende compte à me pencher sur des sujets peu recommandables...nous avions fait des recherches sur la magie noire ensemble. Après ça, quand il n'a plus eu besoin de moi il, il m'a laissée. Il avait trouvé quelqu'un d'autre qui pouvait l'emmener sur le chemin de la grandeur. Albus Dumbledore.

− L'ancien directeur de Poudlard ? intervint Scorpius.
− Lui-même. Ils sont devenus très amis... Et même plus que des amis. Quand j'ai accouché, il est venu quelques jours plus tard voir ton père. Mais il n'est pas resté. Il avait d'autres tâches plus importantes à accomplir. Je ne sais pas exactement ce qui s'est passé avec Dumbledore, mais j'ai appris que Grindelwald quittait Godric's Hollow. Gellert a fait de terribles choses. Il prétendait œuvrer pour le plus grand bien, mais en réalité il faisait le mal. Je sais qu'il est revenu voir ton père quand il était plus grand, ce qu'ils se sont dit et si la rencontre s'est bien passée, je n'en sais rien. C'était peu de temps avant que Dumbledore ne l'arrête et ne l'enferme dans la prison qu'il avait lui-même construite. Voilà tout ce que je sais de ton grand-père. Rien de plus, rien de moins.

Arya soupira, déçue, elle pensait que sa grand-mère lui apprendrait plus de choses.
− Est-ce que tu sais s'il faisait partie d'une secte, ou d'un groupe de mages noirs ?
− Non, je n'en ai pas la preuve, mais je suis sûre que non. Il s'entourait parfois de fervents admirateurs de ses idées ou de son travail, mais de là à parler de groupe ou de secte...
− A-t-il commis beaucoup de meurtres ?
− Oui. Tout « pour le plus grand bien ».
− Comment est-il mort ?
− Voldemort est venu le tuer dans sa cellule de Nurmengard.
− Pourquoi ?
− Il voulait connaître le dernier possesseur de la baguette de sureau, c'est...
− Une des Reliques de la Mort, compléta Arya.
− Tu en as entendu parler...
− Oui bien sûr.
− Je ne vois pas ce que je pourrais te dire d'autre sur lui. Je n'en sais pas plus. Je n'ai jamais voulu le revoir. Et je n'aurais pour lui qu'une rancœur éternelle.
− D'accord. Merci. Je ne comprends pas pourquoi tu ne m'as pas dit ça avant mon arrivée à Poudlard, grand-mère !
− Je ne voulais pas t'angoisser.
− C'est raté. J'ai appris qui il était dans le train.

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