Une voix résonne dans ma tête. Un souffle qui glisse contre ma nuque, chaud et oppressant, comme s'il m'écrasait sous son poids invisible. Je me réveille en sursaut, le corps trempé de sueur froide. Je scrute la pièce. Personne. Mes muscles sont tendus à l'extrême, et une douleur lancinante me traverse la joue. Je frôle la peau du bout des doigts, presque certaine d'y trouver une marque. Mon cœur bat à tout rompre, comme s'il voulait déchirer ma poitrine, mais je tente de le calmer en reprenant mes esprits. Lentement, je me redresse, grimaçant à chaque mouvement, mes yeux tombant sur l'amas de couvertures jetées en désordre.
Un grincement de porte m'arrache à mes pensées. Je tourne la tête brusquement. Sans surprise, le tyran entre dans la pièce, un tube de crème coincé entre ses doigts. Il semble surpris de me voir déjà réveillée, comme s'il s'attendait à ce que je sois encore plongée dans l'inconscience, piégée dans mes cauchemars pour l'éternité.
Sans dire un mot, il s'approche et s'assoit sur le bord du lit. Il me tend le tube. Je le fixe, incrédule, ne sachant pas quoi en penser.
— Pour les bleus. À moins que tu ne préfères souffrir à chaque mouvement, lance-t-il avec détachement, comme si c'était une simple évidence.
Je secoue la tête et attrape la crème d'un geste sec, méfiante.
— Tu as l'air préoccupée, dit-il, l'air de rien.
Je lui jette un regard noir. Preoccupée ? Le mot me semble si dérisoire. Imagine te réveiller après t'être fait battre jusqu'à l'inconscience et on verra comment tu te sens, me dis-je intérieurement, mais à la place, je murmure entre mes dents serrées :
— Imagine-toi te réveiller dans mon état et on verra comment tu réagis...
Il esquisse un sourire, amusé. Bien sûr qu'il trouve ça drôle.
— Va prendre ta douche, ajoute-t-il finalement, un ordre déguisé en conseil. On a des choses à faire.
Je hausse un sourcil, stupéfaite. La douche ? Est-ce que je viens bien de l'entendre me suggérer de me laver ? Le choc me fait presque rire, mais je me retiens. Il s'est déjà levé, ses yeux parcourant la commode où une pile de vêtements propres l'attend. Je le regarde s'éloigner, et il se retourne vers moi, visiblement irrité.
— T'es sourde ou quoi ?
Je sors de mes pensées, déstabilisée.
— Non... balbutié-je.
— Alors qu'est-ce que tu fous encore assise sur ce lit ? grogne-t-il.
Je serre les dents. Ne réagis pas, me répété-je. Je me lève sans broncher et attrape le T-shirt et le pantalon propres qu'il m'a donnés. Ses yeux ne me quittent pas, me scrutant de la tête aux pieds. Je lui adresse un sourire hypocrite, un masque mal dissimulé. Une grimace de douleur m'échappe malgré moi lorsqu'il s'avance d'un pas vers moi, puis s'arrête, comme s'il hésitait à franchir une limite. Il reste là, juste à la lisière de mon espace vital.
Son regard tombe sur mes poignets, ma clavicule, puis dérive vers mon cou. Son expression change, légèrement, comme un éclat de préoccupation qui le traverse. Est-ce qu'il s'inquiète réellement ? Cette idée me répugne. Il semble sur le point de parler, mais se ravise, détournant brusquement les yeux comme s'il avait peur de ce qu'il allait dire.
Un téléphone retentit, brisant le silence de la pièce. Il le sort de sa poche, décroche immédiatement.
— Va prendre ta douche, lâche-t-il avant de sortir, m'abandonnant à mes pensées.
Je reste là, pétrifiée un instant, avant de souffler lourdement. Enfin seule. Je referme la porte derrière moi, puis je m'effondre contre elle, mes jambes flageolantes.
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PURSUED [terminée]
Ficção Adolescente"Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n'y est pas" Difficilement, fatiguée, j'ouvre mes yeux. Il n'a pas bougé de place. Je suis trop faible et trop désarmée pour faire ou dire quoi que ce soit. Je suis à moitié nue, seuls mes sous-vête...