Chapitre 38. ✔️

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Je me précipite dans la pièce, le souffle court, le cœur battant. Lorsqu'elle apparaît enfin devant moi, je m'arrête net. Elle est là, dos tourné, ses mains tremblantes accrochées à la table comme si elle cherchait désespérément un point d'ancrage dans ce monde qui s'effondre autour d'elle. Une étrangère. Une ombre d'elle-même.

Je m'approche doucement, mes lèvres murmurant son nom dans un souffle, comme si le simple fait de le prononcer pourrait la briser davantage. Aurélie... Ma main s'avance, hésitante, mais avant que je ne puisse la toucher, elle se retourne d'un coup, le visage déformé par une terreur viscérale. Ses yeux, autrefois si expressifs, sont maintenant des gouffres noirs où plus rien ne brille. Elle s'éloigne, paniquée, et cette distance, ce mur invisible qu'elle érige entre nous, me déchire l'âme.

Mon regard glisse sur son corps meurtri, ses épaules affaissées, ses cheveux coupés à la hâte, son cou marqué. Mon souffle s'arrête en croisant ses yeux rouges de larmes qu'elle tente d'essuyer en vain. Ses sanglots brisent le silence, un son qui me transperce. Chaque reniflement, chaque spasme me plonge un peu plus dans l'abîme de ma propre culpabilité.

— Je ne veux pas t'effrayer... chuchoté-je, ma voix étranglée par l'émotion. Mais c'est déjà trop tard. Elle est terrifiée.

Elle cache sa bouche de sa main, un sanglot s'échappant malgré elle, et ses yeux, perdus, me supplient de ne pas lui demander de parler. Pas encore. Je veux qu'elle me parle. Mais la vérité est là, brutale et silencieuse. Je n'ai pas besoin de mots pour comprendre. Je sens les horreurs qu'elle a endurées. Les pires scénarios s'enchaînent dans mon esprit, dévorant chaque parcelle de ma conscience.

— Parle-moi... Tu vas bien ?

Non. Bien sûr qu'elle ne va pas bien. Ses yeux ne mentent pas, ils me crient tout ce qu'elle refuse de dire. Ils me crient qu'elle est brisée, irrécupérable. Merde, Aurélie, parle-moi !

Je m'approche, un pas, un autre, mais elle recule, toujours. Chaque pas en arrière qu'elle fait m'arrache un peu plus. Ma gorge se serre, une colère sourde monte en moi, mais ce n'est pas contre elle. C'est contre moi. Contre lui. Contre tout.

— Je suis désolé... je... je ne sais pas quoi faire... murmuré-je, presque suppliant.

— Non, je vais bien... je... souffle-t-elle dans un mensonge si fragile qu'il se brise en mille morceaux avant même qu'elle ne termine la phrase.

Elle craque. Ses épaules s'affaissent, sa respiration devient irrégulière, et elle s'effondre là, au milieu du salon, devant moi. Incapable de la sauver de ce cauchemar. Elle baisse la tête, ses joues en feu, et je la regarde, impuissant. Elle n'est plus forte. Elle n'est plus Aurélie. Emile l'a achevée. Il a détruit cette étincelle qui la rendait invincible. Il l'a laissée vide, brisée.

Je m'avance, prêt à la prendre dans mes bras, mais je m'arrête à quelques centimètres. Elle recule toujours. Je meurs un peu plus à chaque fois qu'elle me fuit. Ma colère et ma tristesse se mélangent dans une tempête intérieure que je ne parviens plus à maîtriser.

— Je vais te prendre dans mes bras... mais si tu ne veux pas, je te laisse tranquille, dis-je d'une voix rauque. Depuis quand ai-je besoin de demander la permission pour l'approcher ?

Elle ne dit rien, ses larmes coulent encore, silencieuses. Alors je fais le pas de plus. Je la serre contre moi, mon corps enveloppant le sien, si frêle, si léger. Elle ne me serre pas en retour, mais je m'en fous. Je m'en fous. Tout ce qui compte, c'est qu'elle est là, dans mes bras. Et je l'aime.

Malgré tout.

Malgré moi.

— Hey... calme-toi, murmuré-je doucement contre ses cheveux.

PURSUED [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant