Mes yeux me brûlent.
L'eau qui coule sur ma peau ne lave rien. Elle n'efface pas le sang, elle ne nettoie pas la douleur. Chaque goutte qui glisse sur moi semble s'infiltrer dans mes plaies, réveillant des blessures qui ne guériront jamais. La chaleur de l'eau me brûle, mais je ne la sens presque plus. Les coups, eux, restent. En mémoire, en moi, partout. C'est comme si ces deux hommes étaient encore là, cachés dans les coins sombres de la salle de bain, prêts à surgir pour recommencer.
Je suffoque. Ma poitrine se serre, oppressée par une terreur que je ne peux plus contrôler. Chaque petit bruit, chaque craquement du parquet à travers la porte, me transperce. Instinctivement, je me retourne, prête à me protéger, mais il n'y a rien. Il n'y a personne. Pourtant, les larmes coulent, comme si elles n'avaient jamais cessé. Comme si elles étaient devenues une partie de moi.
Je n'ai pas revu Liam depuis hier.
Logan était là ce matin, endormi à mes côtés, puis Christina est apparue. Ils ont dû m'aider à me lever, à marcher, à aller dans cette salle d'eau. Ils ont dû me déshabiller, pièce par pièce, comme une poupée cassée, incapable de bouger seule. Chaque mouvement m'arrachait un cri intérieur, chaque geste ravivait une douleur. Je n'arrive plus à respirer normalement, et mes muscles sont comme morts, lourdement engourdis, meurtris. J'ai l'impression que tout mon corps me trahit.
Je ne parviens même pas à sécher ces larmes. Elles sont là, ancrées en moi, comme si je n'avais plus la force de les arrêter. Je me dis que tout finira par aller mieux, que ça passera... Mais je n'y crois plus. La boule dans ma gorge est si serrée que je ne peux plus parler. Il ne reste rien, juste le vide, ce trou béant en moi qui ne sera jamais comblé. Je suis épuisée. Mentalement, physiquement. La lutte, elle, est bien trop longue. Trop lourde.
Je souffle, mais ça ne change rien. Je coupe le jet d'eau et sors de la douche. Le froid du sol me frappe durement, m'arrachant un gémissement de douleur. Mes pieds glissent à peine sur la surface, comme si même le sol m'en voulait. Je lève les yeux vers le miroir, mais ce n'est pas moi que je vois. Ce visage, avec cette lèvre fendue, cet hématome qui couvre mon bras, ces cernes profonds... Ce n'est pas moi. Ce corps n'est plus le mien. Je ne suis plus rien qu'un spectre, errant dans une existence de souffrance.
La nausée monte, violente, brûlante. Je pose mes mains sur le lavabo, mes doigts blanchissent sous la pression, mais ça ne calme rien. Tout à l'intérieur de moi se brise, se tord. Comment ai-je pu en arriver là ?
Un hurlement intérieur, une rage désespérée, m'emporte. Mes mains frappent les tiroirs avec une force que je ne pensais plus avoir. Tout s'effondre. Médicaments, sparadraps, bouteilles d'alcool. Tout s'éparpille autour de moi, mais je ne m'arrête pas. Je frappe encore et encore, comme si détruire ce monde autour de moi pouvait réparer ce qui est déjà mort en moi. La vitre éclate sous la pression de mon poing. Des éclats tombent sur le sol, mais je ne les vois même pas.
Je me laisse glisser sur le sol, heurtant un placard, laissant mon corps s'effondrer dans la misère de cette pièce. J'essaye de respirer, de me calmer, mais chaque inspiration me fait plus mal que la précédente. Je reste là un long moment, à simplement... ne rien faire. Parce qu'il n'y a plus rien à faire.
Finalement, je me relève, avec difficulté, et je m'habille. Le pantalon que Christina m'a donné me serre, comme une nouvelle couche de douleur sur une peau déjà à vif. Quand je me regarde à nouveau dans le miroir, ce n'est plus un visage que je vois, c'est une prison. Mon propre corps est devenu une cage.
Je me tenais devant le miroir, fissuré comme moi. Mes doigts glissaient dans mes cheveux emmêlés, poisseux de sueur et de terre. Chaque geste me semblait étranger, comme si je n'étais plus vraiment là. Sur la table, une paire de ciseaux étincelait dans la lumière vacillante. Je les fixais, hypnotisée.
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PURSUED [terminée]
Roman pour Adolescents"Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n'y est pas" Difficilement, fatiguée, j'ouvre mes yeux. Il n'a pas bougé de place. Je suis trop faible et trop désarmée pour faire ou dire quoi que ce soit. Je suis à moitié nue, seuls mes sous-vête...