Chapitre 17. ✔️

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Je m'écrase lourdement au sol, la mâchoire en feu, après une droite magistrale de Hugo. La douleur pulse dans mes tempes, irradiant dans chaque recoin de mon crâne, et j'étouffe un gémissement. Je ne cesse de geindre depuis plusieurs minutes déjà, mais ça ne semble pas affecter le moindrement le ténébreux qui me fait face. Ses yeux, d'un noir intense, me scrutent, et il m'adresse un léger signe de la main, m'ordonnant de me relever. Je grogne.

Il m'avait tirée du sommeil à l'aube, simplement en murmurant dans l'obscurité : « T'as cinq minutes pour être prête, sinon je te fais lever à ma façon. » Je n'ai pas pris le risque de tester ses menaces. Il avait levé un sourcil en me voyant débarquer dans le salon en moins de trois minutes. Peut-être aussi étonné que moi de ma rapidité.

Maintenant, à bout de souffle et meurtrie de partout, je me demande combien de coups encore je vais pouvoir encaisser avant de m'effondrer pour de bon. Ses frappes sont plus mesurées que celles de Liam, moins brutales, mais chaque coup porte l'empreinte d'années d'expérience. Ça se sent. Il a passé du temps à parfaire cette violence, que ce soit dans un gymnase de boxe ou simplement en côtoyant des bourreaux.

— Lève-toi, ordonne-t-il d'un ton tranchant.

Je m'exécute, le souffle court, mes muscles engourdis par l'effort et la douleur. Je viens à peine de m'appuyer sur mes jambes qu'il me décoche un coup de poing dans l'abdomen. Un éclair traverse mon ventre. L'air m'échappe dans une longue toux rauque, et je m'écroule de nouveau, le visage plaqué contre le sol froid.

Fils de chien.

— Et tu prétends être un agent ? ironise-t-il. Laisse-moi rire.

Ses mots se glissent dans ma tête comme un venin qui brûle. Ils réveillent en moi un mélange de frustration et de honte. J'aurais bien envie de l'envoyer se faire foutre, mais à quoi bon ? Chaque fois que je tente de me relever, il m'abat comme une proie désarmée. J'en viens à me demander si ces années d'entraînement n'ont pas été une vaste blague.

— Tu ne tiendras pas longtemps face à un vrai adversaire, grogne-t-il avec une indifférence glaçante.

Ces mots rebondissent dans mon esprit, mais je peine à en saisir le sens. Comment pourraient-ils espérer que je combatte un « vrai » adversaire, alors qu'ils me massacrent avant même que j'aie le temps de respirer ? Ces types n'ont clairement pas les boulons à la bonne place.

Je passe ma main sur ma lèvre éclatée et y découvre des traces de sang. Super, il m'achève petit à petit.

— Si tu arrêtais de me foutre un coup chaque fois que je me relève, ça serait un début, grogné-je.

Un éclair d'irritation passe dans ses yeux, mais son visage reste de marbre. D'un geste brusque, il m'attrape par le bras et me remet sur pied sans cérémonie. Je serre les dents. Malgré la poigne brutale, je remercie mentalement ce salaud de ne pas avoir opté pour me tirer par les cheveux.

— Tu crois qu'un autre te laissera souffler quand tu seras à terre ? Tu crois qu'il fera une pause parce que « mademoiselle » veut avoir le temps de se remettre debout avant qu'il attaque ? ricane-t-il avec mépris.

Il me lâche enfin et recule d'un pas, me toisant de toute sa hauteur. Ses traits sont figés dans une expression de dédain absolu, mais un sourire moqueur effleure ses lèvres.

— Dans quel monde de princesse tu vis Aurélie ?

Actuellement, je vis dans celui des frères Grimm.

Nos regards se croisent, acérés comme des lames. Le silence qui nous entoure s'épaissit, comme un duel silencieux où le premier à céder serait condamné. Je finis par détourner les yeux, une boule de frustration dans la gorge. Il a raison. Je le sais. Mais ça me tue de l'admettre.

PURSUED [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant