Chapitre 21. ✔️

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C'est vide. Trop vide. Ce silence me ronge, me dévore de l'intérieur. Depuis le coup de feu dans la cave, tout semble figé, irréel. Comme si le temps avait cessé de couler. Christina... je ne l'ai pas revue. Peut-être qu'elle a trouvé un moyen de fuir cet enfer, de s'échapper loin de tout ça, loin de moi. Et elle ne reviendra pas. Pourquoi le ferait-elle ? J'ai fini par comprendre : je suis seule. Complètement, désespérément seule.

Personne d'autre n'a franchi cette porte, à part lui. Ce démon qui vient chaque jour vérifier que je suis toujours là, que je n'ai pas fui, que je me nourris. Mais je n'ai touché à rien. Qu'il me laisse crever de faim, ça me paraît préférable. Chaque bouchée que je refuse est une petite victoire, un minuscule acte de rébellion. Et pourtant... plus les jours passent, plus l'espoir s'éteint, comme une flamme qui vacille et meurt lentement. Personne ne me cherche, personne ne viendra.

Je veux croire que je compte pour quelqu'un. Que mon absence aura laissé un vide, que quelqu'un, quelque part, s'inquiétera assez pour soulever ciel et terre. Mais à mesure que les jours s'effacent, la certitude me gagne : je n'existe plus pour le monde extérieur. Combien de temps ai-je disparu ? Deux semaines ? Trois peut-être ? Mais la police... que peuvent-ils faire pour une orpheline sans famille, sans attaches ? Qui se soucie d'une ombre qui s'évanouit dans la nuit ?

Je ne peux compter que sur moi-même. C'est ma seule réalité. Je me surprends à rêver à des choses banales... Ma maison. Mon chat. Mon quotidien qui, autrefois, me semblait si monotone, m'apparaît maintenant comme un trésor perdu. Pour la première fois, je ressens une solitude si profonde qu'elle me broie de l'intérieur. Ce n'est pas cette solitude légère, ce petit vide qu'on ressent en déjeunant seul ou en rentrant dans une maison silencieuse. Non. C'est plus que ça. C'est comme si j'étais une étoile perdue dans l'univers, arrachée à sa constellation, errante, invisible, oubliée.

Mon ventre gargouille bruyamment, brisant ce silence oppressant. Je jette un regard à l'assiette posée sur le bureau, comme un défi. Mon corps me supplie de manger, mais mon esprit refuse de céder. Pas encore.

La porte s'ouvre.

Je n'ai pas besoin de tourner la tête pour savoir que c'est lui. Je peux presque sentir sa présence avant même de le voir, comme une ombre menaçante qui plane sur moi. Il est là, droit comme un piquet, attendant que je lui accorde de l'attention, que je le défie encore une fois. Mais cette fois, je ne bouge pas. Je n'ai plus la force de jouer à ce jeu. J'ai perdu bien plus qu'il n'était prévu.

Liam s'approche, entre dans mon champ de vision. Il observe l'assiette. Un soupir.

— Tu comptes manger ? Sa voix, lasse, presque déçue.

— Va te faire foutre, lâché-je dans un murmure.

C'est tout ce qu'il mérite. Je détourne le regard, fixant la porte comme si elle pouvait m'offrir une échappatoire. Je l'entends reposer l'assiette, puis un pas. Trop proche. Il m'attrape le bras et me force à me lever. Ses doigts s'enfoncent dans ma chair tandis qu'il prend mon visage entre ses mains, m'obligeant à plonger dans ses yeux marron. Je plisse les miens, refusant de céder.

— Quoi ? craché-je, chaque mot tremblant de haine.

Il me fixe, longuement. Je sens le poids de son regard, son souffle rauque. Puis, soudain, il me relâche, se mordant la lèvre comme s'il réfléchissait à quelque chose de plus important que moi.

— Tu sais que je ne te tuerai pas, alors tu te dis « autant que je me laisse mourir de faim » ?

Une étrange lueur passe dans ses yeux, quelque chose d'indéchiffrable. Mourir... Oui, l'idée me traverse l'esprit. Mais il ne me tuera pas. Je suis trop précieuse pour lui, je le sais. Il sort un paquet de cigarettes, s'en allume une, et le silence revient, accompagné de la fumée qui s'échappe de ses lèvres.

PURSUED [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant