PURSUED [terminée]

Chapitre 6

Je n'ai même plus la force de résister. Il me tire comme une bête qu'on traîne vers l'abattoir, son emprise froide et implacable sur mon bras m'empêchant de bouger. Chaque pas qu'il m'oblige à faire me rappelle une seule vérité : je suis prisonnière ici, dans cette maison maudite, piégée dans une cage invisible depuis bien plus longtemps que je ne veux l'admettre.

Liam s'arrête brutalement dans la cuisine. Le sang tache le carrelage crémeux, une flaque écarlate où l'un de ses hommes est tombé plus tôt. Le couteau que j'avais planté dans son épaule n'est plus là. Le blond, encore debout malgré la douleur, grogne en silence, les mâchoires serrées.

— Putain... marmonne-t-il, la voix tremblante de rage.

Un éclat de satisfaction traverse mon esprit. J'ai réussi à les blesser, à les faire souffrir, même si ce n'était que pour un instant. Mais cette satisfaction est vite étouffée par la réalité. Ça ne changera rien. Rien ne changera. Je n'ai jamais été libre, je ne le suis pas maintenant, et je ne le serai peut-être jamais.

C'est un véritable enfer.

— Tu m'impressionnes Aurélie, annonce Liam, sa voix tranchante brisant le silence. Mais tu sais que ça va te coûter cher. Très cher.

Je tente de me convaincre que je n'ai pas peur. Que la douleur, que la terreur qui monte dans ma gorge comme un poison, ne me contrôlent pas. Mais il y a une part de moi, enfouie, qui hurle. Une part qui a toujours été terrifiée. Depuis cette nuit où tout a changé. Depuis que cette existence cruelle m'a arraché à la normalité.

Il me regarde, ses yeux sombres me transpercent, lisant chaque recoin de mon âme. Je sens la tension monter entre nous, l'air s'alourdir. Je devrais baisser les yeux, céder. Mais je refuse. Je le regarde en retour, m'obstinant à ne pas laisser cette peur visible.

Ses doigts se resserrent brusquement autour de mon poignet, me coupant presque la circulation. Je grimace. Sa force est démesurée, une brutalité qu'il exerce avec une précision froide, calculée. Comme un prédateur jouant avec sa proie avant de la déchiqueter.

Je me débats. Un sursaut de rage, d'instinct de survie. Je balance mes bras dans l'espoir de me défaire de son emprise, mais tout ce que je gagne, c'est une douleur fulgurante dans mes poignets. Rien ne fonctionne. Rien.

Alors, je mords. Avec toute la force que me permet la panique. Il grogne, lâche prise pendant une fraction de seconde. Mais avant que je puisse m'éloigner, ses doigts s'enroulent autour de mes cheveux, tirant si fort que je crois qu'il va me les arracher.

La brûlure est insoutenable, mais je me tais. Je ne lui donnerai pas la satisfaction de mes cris. Pas cette fois.

Je dois penser à les couper.

Liam ne relâche pas sa prise sur mes cheveux. Je suis forcée de suivre le mouvement de sa main, la douleur me forçant à pencher la tête, à me plier sous lui. Je sens son souffle contre ma joue, chaque respiration une menace, chaque mot une lame qui se plante un peu plus profondément.

— Tu penses que tu peux me défier ? Tu crois que ça va t'aider, tout ça ?

Je ne réponds pas. Mes lèvres sont closes, une barrière de silence que je m'efforce de maintenir. Parce que si je parle, si je lui donne ne serait-ce qu'un mot, il saura. Il saura à quel point je suis brisée. À quel point je suis terrorisée.

Il tire un peu plus fort, rapprochant son visage du mien. Je sens l'odeur métallique du sang, la sueur et quelque chose d'autre, plus sombre, plus froid. Une odeur que je ne reconnais que trop bien. Celle du pouvoir qu'il détient sur moi.

— Regarde-moi, murmure-t-il.

Je ferme les yeux, refusant de céder à cet ordre aussi simple soit-il. Mon cœur bat à un rythme effréné, chaque pulsation une promesse de violence à venir. Je le sais. Ce moment de calme, c'est la tempête avant la déferlante. Et elle arrive, inévitable, écrasante.