2014.
Les pleurs de la fille m'atteignent, mais je ne quitte pas son visage des yeux. Mes doigts pressent la gâchette. Un bruit sourd éclate, le sang jaillit en une éclaboussure grotesque, devant, derrière. Sa tête bascule, désarticulée, et elle s'effondre comme une poupée brisée, le trou béant au milieu de son front déformant ses traits, un masque de mort. Elle avait déjà les yeux fermés avant même que je tire. Ça n'a rien changé. Ça ne change jamais rien.
Je balance l'arme près de son cadavre sans un regard, sans une hésitation. Ce n'est qu'un autre acte dans cette longue danse. J'attrape le bidon rouge à quelques pas de moi et commence à verser le liquide sur chaque surface. L'odeur de l'essence, lourde et toxique, remplit l'air, mais je ne la sens plus vraiment. C'est presque familier maintenant, cette puanteur qui précède la fin.
Une allumette grésille entre mes doigts. La flamme s'allume, rouge, orange, jaune... Peu importe. Je n'ai jamais vraiment prêté attention à la couleur des flammes. Ce qui compte, c'est ce qu'elles consomment. Sans réfléchir, je jette l'allumette dans l'essence, et tout s'embrase. Le feu lèche les murs, avale tout sur son passage. L'enfer commence.
Je quitte la maison, la chaleur du brasier dans mon dos, mais je ne me retourne pas. Je rentre dans la voiture, retire soigneusement mes gants noirs, puis les balance à l'arrière.
— Elle n'a rien dit ? demande la voix à côté de moi.
Je ne le regarde même pas.
— Rien.
Mon ton est glacial, détaché. C'est devenu presque mécanique. Elle n'était que la cinquième cette semaine. Encore une piste morte, un autre échec dans cette chasse sans fin. Mais je ne ressens plus rien. Juste cette certitude lancinante : il faut que je continue. Il faut que je trouve ce salaud. Il faut que je le tue avant qu'il ne me trouve.
*
Je frappe le sac de frappe avec une régularité presque obsédante. Main gauche, main droite. Les coups résonnent dans la pièce, sourds, brutaux, mais pas autant que les images dans ma tête. Elles surgissent, implacables, comme des fantômes revenant me hanter. Je frappe plus fort, comme si je pouvais les expulser. Mais la rage ne fait qu'augmenter, se répandre dans mes veines comme un poison.
Les cris de ma mère deviennent de plus en plus fort. Elle supplie mon père d'arrêter de la frapper. Mon petit frère essaye tant de bien que de mal de la protéger, mais en un coup, il se retrouve contre un mur. Je cours vers lui pour essayer de voir son état. Des larmes perturbent ma vision et quand je retourne ma tête, le corps de ma mère se soulève du sol et les doigts d'Hadès contourne son cou.
Je serre les poings, frappe encore plus fort. Mon père. Cet enfoiré a tout pris. Et moi ? Moi, je suis devenu son reflet. Chaque coup contre le sac est pour lui. Chaque respiration, un rappel de ce que je suis devenu à cause de lui.
— Pleurer n'est que pour les faibles Liam, pleure encore une fois et tu comprendras pourquoi tu pleures réellement. L'amour n'est que pour les faibles.
Je m'essuie les yeux rapidement, refusant de laisser ces larmes couler. Je ne lui donnerai pas cette satisfaction, même dans la mort. Il m'a appris à étouffer tout ça, à ne plus ressentir.
Mes coups deviennent frénétiques. Je sens mes muscles brûler, mais je n'arrête pas. Je ne peux pas m'arrêter.
— On s'enfuira ensemble.
Je frappe plus fort. Mon souffle devient plus court.
— Pour de vrai ?
Mon rythme se brise, mes mouvements s'élargissent, se font plus erratiques.
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PURSUED [terminée]
Teen Fiction"Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n'y est pas" Difficilement, fatiguée, j'ouvre mes yeux. Il n'a pas bougé de place. Je suis trop faible et trop désarmée pour faire ou dire quoi que ce soit. Je suis à moitié nue, seuls mes sous-vête...