Chapitre 24. ✔️

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Mes mains agrippent ma tête, tentant de remettre de l'ordre dans le chaos qui déferle en moi. On me parle, mais il n'y a personne. Les voix ricochent contre les parois invisibles de ma tête, résonnant, se multipliant, devenant une cacophonie insupportable. Le sang. Il coule sur les murs. Des rivières écarlates traînent leur fardeau macabre le long des pierres sales, et tout autour de moi, le feu dévore. J'étouffe sous cette chaleur.

Je veux crier, mais un sifflement se glisse à mes oreilles. Quelque chose serpente le long de ma jambe. Un serpent ? Non, c'est pire, c'est quelque chose d'autre, mais je ne sais pas quoi. Il s'enroule, serre, je sens mon cœur battre contre ma poitrine alors que je tente de m'en débarrasser. Mes mains griffent frénétiquement, mais tout semble glisser sous mes doigts.

— Aurélie... ce n'est pas réel... tente de me rassurer une voix au loin, comme filtrée par une épaisse brume.

Je relève les yeux. Des yeux bleus. Réels ? Je ne sais pas. Mais ils disparaissent quand une silhouette familière s'avance. Une balle enfoncée dans son front. Le sang coule encore, trop rouge contre sa peau blanche. Ma belle-mère, son martinet à la main, claque le sol à chaque pas, boitant légèrement. Je recule instinctivement, mais elle avance, implacable, ses yeux vides plongés dans les miens. Des larmes brûlent mes joues tandis que j'essaye d'échapper à la main qui se tend vers moi.

— Ce n'est pas vrai... tu n'es pas là... je murmure désespérément, mais ma voix se brise au milieu des cris intérieurs.

Des fantômes surgissent de l'ombre, deux vieillards aux visages défigurés, chaque pas qu'ils font résonne lourdement. Ils m'entourent, des balles logées dans leurs crânes les dévisagent. Des morceaux de chair tombent à mesure qu'ils s'approchent. Je hurle, mais aucun son ne sort.

— Liam te cache tellement de choses, souffle une voix rauque. Celle d'une fille mutilée, sa bouche ouverte en un cri figé, les yeux révulsés vers moi.

Je trébuche. Ma gorge est nouée, je ne peux plus respirer. Le four autour de moi se referme, chaque souffle est brûlant. Je sens ma peau fondre sous cette chaleur oppressante, mes veines brûlent, ma tête tourne.

— Non... vous n'êtes pas réels... vous ne l'êtes pas...

Des voix.

Partout.

Elles murmurent.

Près et en même temps loin de moi.

Je ne parviens pas à les déchiffrer.

Les visages s'effacent lentement, mais les voix persistent. Elles murmurent, certaines hurlent. Puis, comme un coup de tonnerre, tout s'éteint lorsqu'une aiguille se plante dans mon bras. Mon corps s'alourdit d'un coup, les visages disparaissent, un à un, fondant dans les ombres comme s'ils n'avaient jamais existé.

J'essaye d'oublier toutes ces vies que j'ai gâchées. Le silence revient enfin alors que mes paupières se ferment lourdement... Les monstres disparaissent.

*

— Joyeux Anniversaire Aurélie ! Joyeux Anniversaire !

Le gâteau apparaît devant moi, et pour un instant, tout est parfait. Les voix autour de moi résonnent comme une mélodie familière. Je regarde les bougies danser sur le glaçage multicolore, un simple gâteau, mais à mes yeux, c'était comme un trésor. Je ferme les yeux, mes lèvres s'étirent en un sourire que je ne pourrais jamais reproduire aujourd'hui. on anniversaire était la meilleure des choses au monde – après Noel évidemment.

Tout le monde était là. Mes amis, mes parents. Et lui. Mon frère, assis un peu plus loin, absorbé dans son monde, jouant avec son crocodile en plastique.

PURSUED [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant