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Le silence règne, mais il n'est qu'une illusion temporaire, un prélude à la tempête. Émile sait comment l'utiliser. Il ne l'offre pas vraiment, il l'impose, comme une menace suspendue dans l'air. Je sens son regard, pesant, transperçant, chaque seconde qui passe me donne l'impression que quelque chose d'horrible va se produire. Mais il ne bouge pas, il attend. Léon, face à moi, ne dit rien. Peut-être croit-il que le silence me permettrait de reprendre mes esprits. Mais comment reprendre quoi que ce soit quand il n'y a plus rien à sauver ?
C'est un cadeau empoisonné de quelques minutes, et pourtant, chaque seconde pèse lourdement. Mon esprit tourbillonne, noyé dans une marée de questions qui s'écrasent les unes contre les autres. « Où étais-tu pendant toute ton enfance ? Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? ». Mais je garde tout pour moi. Je n'ai plus la force de chercher des réponses. Pas ici. Pas maintenant.
À mes côtés, Léon ne dit rien non plus. Peut-être croit-il que le silence m'aidera à digérer cette révélation abjecte. Je ris intérieurement, mais ce n'est qu'un écho amer. Comment peut-il encore penser que quelque chose puisse être digéré dans cette marée de douleur ?
— Aurélie... Je suis désolé, commence Léon, sa voix tremblante, presque implorante. Je voulais te le dire...
Mon regard fixe la fenêtre, mais je ne la vois même pas. Tout ce que je perçois, c'est la lumière aveuglante qui me fait mal aux yeux, me rappelant combien je suis faible. Les larmes se forment sans que je les contrôle. Je ferme les paupières pour les retenir, mais c'est peine perdue. Je serre la mâchoire si fort que mes dents grincent.
— Il y a tellement de choses que je voudrais rattraper, poursuit-il.
Le rire qui me monte à la gorge est amer, creux.
— « Rattraper ? » Je ricane, une amertume déchirante dans ma voix. Ving-quatre ans, Léon. Ving-quatre ans. Tu crois que ce n'était pas déjà assez difficile de perdre nos parents ?
Mes yeux se tournent finalement vers lui, mais je n'y trouve que douleur. Pas de réponses. Pas d'excuses qui feraient sens. Je sais que mon cœur devrait souffrir, mais il est trop engourdi par la fatigue et la peur. Je voudrais lui hurler dessus, le secouer, mais mon corps ne répond plus.
Avant qu'il ne puisse dire un mot, je l'interromps, le souffle court.
— Où étais-tu pendant tout ce temps ?
Mais encore une fois, le silence. Il baisse la tête, et je sais qu'il ne dira rien. Il n'a pas la force ou le courage de répondre. Mon propre frère me semble étranger, une ombre lointaine dans ce cauchemar.
— C'est bien ce que je pensais.
Je retourne mon regard vers la lumière, mes larmes silencieuses se mêlant à la douleur lancinante qui m'irradie la jambe et le bras. Mais c'est à cet instant que je le sens. L'air change, devient plus dense, plus oppressant.
Le bourreau revient. Son sourire est large, presque satisfait, comme un prédateur qui sait qu'il contrôle la moindre fibre de sa proie. Émile ne bouge toujours pas, mais son regard froid, calculateur, me traverse, m'écrase sous sa domination silencieuse. Il savoure. Chaque battement de mon cœur est un cadeau qu'il s'octroie.
L'homme retire lentement la lame de la cuisse de Léon. Je vois mon frère contracter sa mâchoire dans une vaine tentative d'étouffer un cri. La souffrance qui déforme ses traits me traverse comme un courant électrique, mais je suis trop brisée pour réagir. Mes mains tremblent, incapables de se refermer.
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PURSUED [terminée]
Roman pour Adolescents"Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n'y est pas" Difficilement, fatiguée, j'ouvre mes yeux. Il n'a pas bougé de place. Je suis trop faible et trop désarmée pour faire ou dire quoi que ce soit. Je suis à moitié nue, seuls mes sous-vête...