Chapitre quinzième.

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Tout ne peux pas être oublié. Ce sont même les choses les plus insignifiantes qui partent les premières, le reste, tout ce qui nous a choqué est gravé en nous. Les années passent, les souvenirs restent, bien qu'ils soient vu au fur et à mesure des années sous un angle nouveau cela ne change pas pour autant l'événement.J'aurais aimé monté au ciel, rejoindre les autres mais je ne pouvais pas, ou en tout cas, ne pouvait plus. Depuis cette fameuse nuit où on avait celé mon destin à celui d'un autre. Je me demande encore comme cela a pu se produire sans que je n'aie rien vu.                  Je courre encore et encore. L'adrénaline me fait supporter la douleur que je devrais sentir et qui pourtant se fait discrète. J'ai peur, une peur sourde qui me tord l'estomac et m'empêche de réfléchir. Je ne pense plus à mes pouvoirs, je pense seulement à m'enfuir. Malgré les battements de mon cœur, j'entends ses lourds pas derrière moi. Je sais qu'il est là pour moi. Qu'il ne me lâchera pas tant qu'il n'aura pas récupérer ce qui lui appartient. Cette scène je l'ai déjà vécu, quelques siècles auparavant et j'ai toujours redoutée qu'elle se reproduise. A l'époque ma peur m'avait donné des ailes, qui m'ont fait voler loin de lui mais maintenant elle me tétanise. Je suis apeurée. Lorsque l'on est affolé on ne fait plus attention à rien, on va de l'avant en regardant le paysage sans pour autant y faire attention. Regardant une énième fois en arrière, redoutant voir son ombre je me prend les pied dans une racine traitresse. La chute m'entraine tout droit dans une pente. Je ne comprends plus ce qu'il se passe, juste que les branches m'écorchent alors que je tombe. Le paysage passe trop rapidement dans ma tête, je roule. D'un coup je percute quelque chose de dur, j'entends quelque chose craquer dans ma jambe, mais je n'essaye pas de savoir de quoi il s'agit. A terre, j'essaye de me relever prestement mais une violente douleur m'irradie. Je comprend que j'ai la cheville foulée au mieux, cassée dans le pire des cas et pourtant j'essaye de courir, à peine je pose le pied et m'appuie dessus pour aller de l'avant qu'un crie de douleur s'échappe de ma bouche. Je ne peux plus courir, boitillant autour de moi j'essaye de me trouver une échappatoire. Grimper dans un arbre, est impossible mais me cacher dans les fourrage des buissons l'est. Je me traine, le plus rapidement possible, puis tombe. La douleur pourrait me faire hurler mais je sais qu'elle serrait bien pire s'il me retrouvait. Pour m'empêcher de gémir de douleur je mords à sang ma lèvre. Il ne faut pas qu'il me repère. J'espère, je prie, je supplie cependant j'entend. Oui j'entend ses pas se rapprocher de là où je me cache.  Puis j'entends sa voix la même que dans mes souvenirs, elle me fait frémir. Je ne veux pas revivre ça.-       Je sais que tu es là, tout près. Et tu sais que je te trouverais ...                  A cette simple promesse je sens mes larmes couler. Un sanglot m'échappe. M'a-t-il entendu. Je prie pour que ce ne soit pas le cas et pourtant il s'approche de moi. Il doit être à quelque centimètre. Il ne bouge plus. Mon cœur bat à n'en plus pouvoir, je m'oblige à retenir ma respiration saccadée. Je n'entends plus que ça, mon corps qui a peur.-       Mary ...                  Je me retourne précipitamment et le vois. Toujours le même visage, les mêmes cheveux blonds que la lumière perce, ses yeux d'un bleu glacé. Il se tient là devant moi. Haut, droit à tel point que je me sens minuscule. Je recule comme je peux. Poussant mon corps loin de lui, toujours par terre je recule, appuyant sur mes mains et ma jambe valide. Mais je suis trop lente, en quelque pas il me rejoint. Puis me regarde à nouveau le fuir. Je ne m'arrête pas, je n'ai aucune chance je le sais et pourtant je ne m'arrête pas jusqu'à ce qu'un arbre me bloque. Je l'utilise pour me relever comme je peux.-       Mary arrête de me fuir. Tu sais très bien que partout je te retrouverais.                  Je n'arrive pas à articuler une réponse, je secoue seulement ma tête de droite à gauche, frénétiquement. Non j'ai réussi à lui échapper, à leur échapper. Il s'approche de moi, je frémis, collée contre mon arbre, tétanisée.-       Nous avons été celé ensemble, je suis à toi et tu es entièrement à moi. Mary, comprend le.                  Je ne veux pas comprendre, je ne veux pas l'admettre, je veux être libre. Et pourtant ces paroles semble être une fatalité, trop lourde pour moi. Je me laisse glisser contre cet arbre, je ne pourrais pas fuir.Il marche encore et se baisse pour être à ma hauteur. Ses doigts effleurent mes cheveux, puis ma joue, je suis tremblante de peur. Mais je ne peux m'empêcher de le fixer. Dans son regard c'est mon destin qu'il détient en otage. Lui aussi me regarde.-       Les choses ont changé, ce n'est plus pareil maintenant. Je le ai changé pour toi, plus personnes ne pourras te faire du mal. Viens avec moi et rentrons.                  Rentrer, rentrer en France avec lui. Retrouver ma vie d'avant. Non c'était impossible, je ne voulais pas retrouver ses murs froids qui m'emprisonnent, ses gens en capuche.Je repousse dans geste sa main posée sur ma joue, m'appuie sur l'arbre pour me lever. Je ne lui tourne pas le dos, jamais, je recule tout en le dévisageant. Je m'oblige à poser mon pied par terre, à le bouger. Mais c'est trop tôt, je tombe encore.-       Ça sert à rien de me fuir, tu as la cheville cassée. Je la réparerais à la maison.                  Il se pencha vers moi puis me souleva. Je me débattis. Je frappais son torse. Je frappais de toutes mes forces. Il me regarda de son regard froid. Celui que je connaissais si bien.-       Je te conseille d'arrêter tout de suite.                  Ce n'était pas un conseil, c'était un ordre et j'obéis. C'est tout ce que je savais faire avec lui.Il me porta jusqu'à la voiture. Je n'osais plus croiser son regard, j'avais trop peur de voir à nouveau ces yeux emplit d'autorité se poser sur moi. Je sais que pour Kerian je suis à lui. Qu'il a tout les pouvoir sur moi. Il me déposa délicatement comme si j'étais une fleur, sa fleur. Une fleur qu'il avait ravagée, humiliée, brûlée, détruite de la manière la plus cruelle qui soit. Une pauvre fleur qui n'avait rien demandé, qui semblait si insignifiante parmi les autres. Et pourtant, une fleur qu'on avait arraché à la terre pour la gardée se faner année après année. Il m'attacha sur le côté passager. Maintenant qu'il m'avait retrouvé il ne me quittera plus.                  La voiture roulait à vive allure, les paysages passaient trop rapidement devant mes yeux. Je sentais son regard poser sur moi et je me recroquevillais un peu plus sur moi-même. Je pensais qu'on avait quitté Forks, mais je n'en savais rien, juste que là où il m'emmenait je serais loin de ceux que j'aimais. Emprisonnée. Et je n'avais pas tord. Il quitta la route pour préférer un sentier et après un quart d'heure de route sur ce chemin de terre on voyait se dresser sous nos yeux une gigantesque demeure quadriller par un grillage noir. Il s'arrêta enfin devant un imposant portail qu'il actionna sans que je me sois intéressée à la manœuvre. Elle devait être complexe pour que je sois à côté de lui quand il l'actionne. Après avoir dépassé le portail on pouvait enfin voir la splendeur de cette maison, tout d'abord par la taille mais aussi en découvrait la magnifique fontaine de verre qui accueillait. Il se gara un peu plus loin, là où déjà deux voitures de marques onéreuses se trouvaient.            Je le laissai me détacher et me porter jusqu'à l'intérieur de la maison. Toutes les maisons de Kerian avaient le même style à la fois simple mais beau, fait des matériaux les plus nobles. Cependant il me déposa toute boueuse sur un canapé qui devait à lui seul coûter plus cher qu'un salaire de ministre. Il se posa à mes côté et prie ma jambes entres ses mains. A peine l'eut-il toucher que je voulu hurler. Il souleva mon pantalon pour voir l'ampleur de la blessure. J'avais mal mais je refusais de crier.-       Tu peux. Tu peux crier si ça te soulage. Je sais que tu as mal.                  Normal qu'il sache. Il pouvait tout savoir rien qu'en me touchant, en me regardant. J'avais peur qu'il voit ce qu'il s'était passé toutes ces années mais surtout je ne voulais pas qu'il sache l'existence de Seth. Il m'avait touché et je l'avais laissé faire. Seth avait toucher la chose de Kerian et ça jamais il ne pourrait le pardonner à l'indien. Il prie mon visage entre ses deux mains.-       Mary qu'est ce qu'il y a ? Qu'est ce que tu ne veux pas que je découvre ?                  Paniquée mais pour autant pas totalement surprise je bredouillait un « rien ».-       Ne me cache rien Mary, je t'en prie ne me cache rien. Je ne veux plus te perdre.  Tu es à moi.-       Kerian je ne suis pas à toi alors laisse moi, je t'en supplie. Me surpris-je à dire, bégayant de peur. Effrayée à l'idée de sa réaction.                  Cependant il ne fit rien, après m'avoir guéris, il se leva d'un coup et me porta jusqu'à une chambre. J'étais une poupée entre ses mains, je l'avais toujours été.                  La chambre que je découvris me fit frémir de peur, des tremblements me prirent. Pourquoi ? Pourquoi me faisait-t-il ça ? A peine l'avais-je découverte que d'horribles souvenirs m'assiégèrent. Cette pièce était l'exacte reproduction de ma cage. Celle que j'avais occupée pendant huit longues années. Avait-t-il fait apporter les mêmes meubles ? Je revoyais cette même commode blanche faite en marbre surplomber d'un immense miroir que j'avais à de nombreuses reprises détruit. Cette chambre aux affreux meubles blancs qui essayaient de me renvoyer cette pureté que l'on m'avait volé.-       Tout sauf ici. Ne me laisse pas dans cette chambre s'il te plait.                  Il se pencha vers ce moi à genoux, toucha les larmes qui coulaient sur mes joues.-       Même ma chambre ?-       Même ta chambre est mieux que cet endroit.                  Il parut surpris, non plus que surprit de cette réponse à laquelle il ne s'attendait pas. Moi non plus. Me soulevant de nouveau il me fit quitter cet endroit effroyable.-       Je sais que tu ne veux pas vivre avec moi, je te laisse cette chambre, tu y seras tranquille.                  J'hochais la tête.-       Ma chambre est à côté, si tu as besoin.                  Je ne sais pourquoi il dit ça, il me proposa son aide car il savait pertinemment que je préférais de loin mourir de faim que de lui demander de l'aide, voire de me confronter à lui tout simplement. J'avais il y a longtemps été jusqu'à ce point, jusqu'à refuser tout ce qu'il pouvait me donner, ne souhaitant que quitter ce monde si je devais partager le reste de ma vie à ses côtés. -             J'étais dans cette chambre, cette chambre terriblement impersonnelle, qui me rappelait les chambres d'hôtels. Des chambres qui sont meublées, stylisées, belles parfois afin de s'accommoder à tout type de personnes. C'était triste. Il y avait-il d'autres personnes qui avaient séjourné ici ? En tout cas, cela ne changeait rien au fait que j'étais dans cette chambre. J'attendais prisonnière qu'on me nourrisse et si je voulais quelque chose il me fallait demander, paraît-il. Mais je doute que l'on puisse m'apporter une caisse de liberté pour me faire passer le temps dans une bulle d'illusion tout comme l'on pouvait ramener un bon roman. Assise contre le mure couleur nacre je regardais par la fenêtre le temps qui passe. Heureusement que les barreaux ne m'empêchaient pas de voir le soleil se lever puis se coucher dans un éclatement d'oranger. A cet instant, parfois, un sourire se dessinait sur mes lèvres lorsque je repensais à ce coucher de soleil sur la plage avec Seth. Même s'il m'avait trahis je ne pouvais m'empêcher de penser à lui. Je voulais sentir son parfum, plonger mes yeux dans les siens noisettes, toucher encore une fois sa peau chaude et tout cela me faisait pleurer car je savais que plus jamais cela n'arriverait, qu'il fallait que j'oublis. Comme lorsque l'on se réveille d'un beau rêve en pleurant car on réalise que tout est fini.            Les jours passaient. A défaut de ne pas voir Seth, au moins je ne voyais pas Kerian.  Après m'avoir déposé sur le lit de cette chambre, après avoir caressé ma joue tremblante et enfin, après avoir fermé à clés la porte de cette pièce derrière lui, je ne l'avais plus revu. Les seules fois où j'entendais la porte s'ouvrir c'était pour découvrir une femme. C'était toujours une femme qui venait et toujours une femme différente. Elle faisait tourner lentement la clé dans la serrure, entrait vêtu d'un uniforme de femme de ménage, déposait le plateau, prenant l'ancien et partait après m'avoir envoyé quelques politesses obligatoires « bon appétit » ou encore « si vous avez besoin de quelque chose dites le moi ». Je n'y répondais jamais, peut-être parce que je n'en voyais pas l'intérêt et surtout parce je n'en ressentais la moindre envie. Après tout, à quoi bon lui répondre, elle s'en fiche. Si elle travaille ici, donne à manger à une pauvre fille emprisonnée dans une chambre a-t-elle vraiment besoin de savoir quelque chose ? Ou peut-être que lui parler la ferait culpabiliser, peut-être qu'elle n'avait pas le choix. Dans tous les cas, cela me ramenait au même point, se taire était la meilleure alternative.             Sur chacun de mes plateaux-repas il y avait un grand pichet d'eau et une assiette avec un aliment qui changeait toute les trois heures. Le matin cela pouvait être des céréales, ou une biscotte. Pour le midi, du riz ou une omelette, à quatre heure un fruit et le soir une soupe. Apparemment, il ne voulait pas que je tombe dans ce coma si particulier aux sorcières, mais ne souhaitait pas non plus que je puisse utiliser mes pouvoirs, alors il m'affaiblissait. Dans cette chambre je n'étais plus rien. Non, ce que je dis est un peu trop extrême, je n'étais qu'un corps qui peinait à se mouvoir et une conscience terrifiée, pleurant à cause de ses souvenirs, soient trop bon, soient trop mauvais. J'étais pathétique. Je m'en rendais compte, petit à petit, que je m'effaçais.            J'en étais à ce point de ma réflexion lorsqu'il entra de manière tellement entendu dans la chambre. Comme d'habitude, j'avais entendu la clé tourner dans la serrure. Seulement je n'avais plus la notion du temps, aucune montre pour m'indiquer l'heure, seul le roulement régulier des bonnes et l'écoulement quotidien de l'astre solaire. Alors, je n'avais pas remarqué que ce fût deux heures plus tôt que l'horaire habituel. Avec le temps, dès que le son métallique se faisait entendre, j'avais pris l'habitude de tourner la tête vers la porte, portail paradoxal de liberté et de captivité. Je m'attendais à voir une énième femme, mais c'était lui. Il s'avança vers moi et je me recroquevillais d'avantage sur moi-même. Il prit mes mains qui enserraient mes genoux et me dit avec un grand sourire qu'il avait une surprise pour moi.-       Qu'est-ce que c'est ? Lui demandais-je, en redécouvrant le son de ma voix.-       Bois un peu et je te le dis, tes lèvres sont sèches.                  Je ne discuta pas, pris le verre qu'il me tendait et bus. Une gorgée, puis une deuxième, puis une troisième avant de finir le verre sous le regard bienveillant de Kerian. Après, il me semble, qu'il me dit que c'était bien, que j'étais une bonne fille. Il m'embrassa le front. J'avais essayé de l'esquiver, mais un violent mal de crâne m'interdis tout mouvement, tout devenait flous, ma bouche était pâteuse, tellement pâteuse que je ne pu lui demander un autre verre.

Salem.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant