Chapitre vingt-deuxième.

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Sorcière, ce mot retentit dans toute la plaine pour résonner telle une cloche à mes oreilles

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Sorcière, ce mot retentit dans toute la plaine pour résonner telle une cloche à mes oreilles. Sorcière, un mot qui agresse. Sorcière.

                Personne n'avait put louper ce que venait de dire Aro. J'étais, au moment où il se vengea, en train de fixer Edward Cullen. Je pu voir alors, des émotions traverser son visage pourtant statique de vampire. Tout débuta avec de l'étonnement. Une sorcière, est-ce que ça pouvait exister ? Voilà ce qu'il devait se dire. Puis rapidement, la méfiance. Après tout, Aro venait demander de l'aide. Et enfin, la peur. J'étais un danger, un ennemi. S'il en croyait les paroles d'Aro, des personnes de mon espèce pouvaient aisément tuer des vampires. Edward comprit rapidement à quel point j'étais dangereuse et se positionna devant sa famille, comme bouclier. Il exprimait clairement le fait, qu'avant de toucher à un cheveu de sa famille, je devrais lui passer sur le corps.               Jacob, au même instant, réagit. Il se transforma en ce loup immense à la couleur rouille et couru protéger Rénesmée. Quand à elle, elle me regardait, certes méfiante, mais sans véritablement comprendre la tournure qu'avait pris les évènements. Elle n'avait certainement pas l'expérience de son père face au danger. Suivant l'exemple de Jacob, toute la meute, ou du moins, tous les éléments qui n'étaient pas encore métamorphosés, mutèrent. Seul restait Seth. Je me tournais pour lui faire face. Qu'allait-il dire ? J'avais peur de ce que je pourrais lire en lui.               Seth, la regardait, il tournait au ralentit. Il ne savait vraiment pas quoi penser de tout ce qu'il venait de se produire. Aro, la bulle, leur discussion, sorcière. Mais qu'est-ce que ça voulait dire ? Il repensa à tout ce qu'il avait pu lire ou voir à propos des sorcières. Mais non ! Ce n'était pas possible ! Il s'agissait de personnes qui vouaient un culte au diable. Ce n'était pas Mary, pensa-t-il dans un premier temps avant de se demander qui était réellement Mary. Il avait passé des jours avec elle sans pourtant en savoir plus. C'était un mystère. Un mystère des plus dangereux. Qui était-elle ? S'interrogea-t-il avant de comprendre qu'il n'en savait rien. Il se rappela tout ce qu'elle avait pu faire jusqu'à maintenant, des choses qui dépassaient son univers construit uniquement de vampires, de loups et d'humains. L'ignorance lui était insupportable. Il lui avait fait confiance. Depuis le début de tout ce bordel il avait été le seul à lui faire confiance, à la protéger des siens et des autres. Il avait tellement pris sur lui pour ne pas la brusquer et tout ça pour finalement savoir qu'un putain de vampire connaissait mieux Mary que lui ! Il avait cette désagréable impression de n'être qu'une marionnette désarticulée. Il avait envie de crier, d'hurler. De montrer qu'il avait mal tout simplement.               Etrangement, ce n'était pas plus la révélation de son état qui commençait à produire une foule de sentiments de plus en plus forts en lui, mais tout ce qui entourait cette femme. Avait-elle été juste une fois honnête avec lui ou tout ça n'avait-il été qu'un jeu grotesque ? Le jeu de cette putain de sorcière. Ca lui faisait mal au cœur. Pourquoi avait-il dû s'imprégner d'elle ? Il en avait marre de tout ça. De cette condition, de cette imprégnation, de ces mystères, de ces révélations, il voulait tout foutre en l'air. Limite, l'idée de la faire disparaître lui traversa l'esprit. Ce serait un moyen de ne plus la voir, de ne plus y penser.               Ce sont ces émotions, cette colère, cette haine, ce tourbillon de sentiments violents qui la fit frissonner. Elle sentait qu'il n'en pouvait plus, qu'il ne la voulait plus. Mary voyait parfaitement que son regard avait changé. C'était horrible pour elle aussi. Le seul qui l'avait aimé, malgré tous ses secrets, cet homme qui l'avait protégé et soigné, était maintenant là à la dévisager avec haine. Il avait l'impression qu'elle s'était moquée de lui et il n'en pouvait plus d'être cette personne attentive. On aurait dit qu'il voulait lui faire la peau.               Je n'ai pas pu soutenir ce regard plus longtemps. S'en était déjà trop. Etrangement, c'était au dessus de mes forces. J'étais détestée par l'homme que j'aimais. Je voulais partir au loin, quitter cette plaine maudite. Il fallait que je fuie.               A chaque fois que je me retrouvais acculée, sur le point de sombrer, je n'avais alors qu'une seule option qui me venait à l'esprit : fuir. C'était comme ça que je me sortais de tous ces ennuis, je fuyais. Je n'aimais pas faire face. Non, pire que ça, je ne savais pas faire face. Je n'avais jamais été courageuse après ma transformation. Je ne pouvais plus l'être face à Kérian. Je restais certes, impulsives, mais dès que le danger devenait trop grand, alors, je fuyais, me cachant puis pleurant dans mon coin sur mon pitoyable sort.               Ca allait encore recommencer. J'allais faire ce sortilège, que je connaissais dorénavant par cœur, tout en visualisant ma maison. J'allais prendre mes affaires, ou tout du moins, ce qui m'était nécessaire. Je penserais tout d'abord à mes livres, puis, prendre de l'eau, une barre sur calorique aux fruits ensuite, j'irais fourrer deux trois affaires dans un sac au hasard et je prendrais la voiture. Mon sort ne pouvait être utilisé deux fois de suite. A bord de la voiture, j'irais à toute allure loin, le plus loin possible pour disparaître de leur vie. A ce moment seulement, une fois que je me sentirais enveloppée d'une légère sécurité, alors je repenserais à ce que j'avais perdu. Seth.               Je répétais rapidement la formule dans mon esprit tout en fermant les yeux pour me concentrer d'avantage. Je sentis cette sensation pour le moins étrange d'être portée par le vent tout en étant plus petite qu'une fourmi. Puis, quand je rouvris les yeux j'étais à l'extérieur de la maison, encore dans le jardin, face au porche. J'entrais en claquant la porte, qui n'avait pas été verrouillée après notre départ précipité pour la plaine. Une fois à l'intérieur de la bâtisse, je me dirigeais immédiatement vers mes livres. Je montais deux par deux les marches qui me séparaient du premier étage. J'ouvris la trappe puis tirais sans ménagement les escaliers rétractables. Je montais ensuite pour arriver dans le grenier. Je pris une profonde inspiration et entamait sans respirer une incantation « congreget in abscondito te, congreget in abscondito te, congreget in abscondito te ». Je répétais ces mots jusqu'à ce que tout ce qui se trouvait avant dans la pièce ait disparu. Ce sort était fantastique. Il envoyait directement mes précieuses affaires, ou plus exactement tout ce qui trouvait dans cette pièce, vers une autre pièce. Dans mon cas il s'agissait d'un garage privé d'une compagnie qui louait des box dans le sud des Etats-Unis. Tout y serait transporté tel quel, étagères, livres et même le canapé. Tout ce qui était jadis dans cette pièce serait entreposé dans le box.               Une fois cela fait, je descendis prestement et commençais à ranger frénétiquement mes affaires. Il fallait que je parte. Dans la chambre, je prenais mes vêtements. Tee shirt, jeans, boxer et chaussettes. Je les tirais du tiroir au hasard et les jetais dans la valise ouverte. Vite. Il fallait aller plus vite encore. Je tremblais. Dépêche toi et range, c'était ce que je me répétais. J'étais au bord des larmes, je le sentais. Je savais que ranger n'était qu'un moyen pour ne pas exploser. Et pourtant finalement j'explosais. J'avais entre mes mains sa chemise. Le tissu me fit repenser à lui. Juste une image avait suffit pour pulvériser mes dernières barrières. Je m'assis sur le bord du lit et me concentrais sur son odeur. Pourquoi je faisais ça ? C'était totalement illogique. Une larme tomba sur mon doigt, puis une deuxième. Je pleurais. Mais pourquoi ? Pourquoi avait-il fallu qu'Aro vienne ? Et surtout, qu'est-ce qu'il lui avait pris de tout révéler ? Ce mot était tabou, il le savait parfaitement. Bien sur, je savais qu'il l'avait fait exprès, il avait sûrement dû lire dans l'esprit des Cullen qu'ils étaient ignorants de mon état. Alors, il l'avait utilisé comme moyen ultime pour se venger de moi. Je le haïssais. Il méritait de mourir dans d'atroces souffrances. Peut-être qu'une de mes sœurs s'en chargeraient ? Cette haine était un bon moyen pour oublier la perte. Puis, je me mis à réfléchir. Mes sœurs, qu'est-ce qu'il se tramait ? En y repensant, j'avais une petite idée. Mais elle me semblait si farfelue. C'était de la folie. A quoi pouvait donc penser Kérian ?               Quelqu'un ou plutôt quelque chose me fit sortir de mes pensées. J'avais trop tardé et ils étaient déjà ici. Qu'allaient-ils me faire ? Me brûler vive en pensant que cela fonctionnerait ? Je sentais une présence autour de ma maison, cependant, avec mes sinus bouchés, il m'était impossible de déterminer qui cela pouvait être.               Rapidement et sans bruit, cette présence se matérialisa dans ma chambre grâce à la fenêtre encore-ouverte. Il avait su me trouver, encore.-       Mary.               Je me retournais au son de sa voix. Je la trouvais légèrement différente, sûrement altérée par l'amertume. C'était donc lui qui allait s'en charger.-       C'est toi qui vas me tuer alors.-       Je te laisse une chance.               Il n'avait pas nié.-       Explique moi tout, reprit-il.-       Tu me laisses une chance de vivre ? Lui demandais-je étonnée.-       Avant tout, je nous laisse une chance.               Avais-je bien entendu ? Non, ce n'était pas possible. Tout à l'heure, il ne pensait qu'à me faire disparaître de sa vie.-       Tu voudrais... Tu voudrais encore de nous ? Demandais-je peu assurée.-       Oui, mais seulement si tu me racontes tout. J'en ai assez des mensonges et mystères. Je veux savoir, tout connaître de toi.-       Mais les autres ne me laisseront pas !-       Si, ils n'ont pas le choix.               Il avait dit ça comme une évidence. Il y avait-il quelque chose dont j'ignorais. Mais au delà de tout ça, était-ce réel ? Avais-je réellement une chance avec lui ? Devais-je lui dire ? J'avais fait mon choix.               Nous étions installés dans ma chambre, plus précisément sur le lit. Il me regardait avec intensité, attendant impatiemment que je commence mon monologue. Je me levais. J'étais tellement agitée que je ne pouvais décidément pas rester tranquillement assise pour lui raconter l'histoire de ma vie. Non, ce n'était pas possible. Je marchais, car le trac m'empêchait de rester immobile.-       Bon.               Je me triturais les doigts. C'était horrible.-       Je ne m'appelle pas Mary Warren. Débutais-je.-       Quoi ! S'égosilla Seth.               A cette nouvelle, je vis les yeux de Seth s'écarquiller à tel point que je crus, un instant, qu'ils allaient s'échapper de leurs orbites.               C'est vrai que je commençais fort, mais quitte à lui dire la vérité, autant commencer par le début. Et puis, comme ça, il sera peut-être moins surpris par la suite.-       Mon vrai nom est Marie de Rohan princesse de Guéméné. Mon père, Charles, était l'un des grands ducs de Bretagne, Duc de Montbazon, si ça peut t'intéresser, et ma mère, elle s'appelait Jeanne de Rohan. Ma famille est ancienne et noble. Nous vivions dans un château, près de la mer. Je suis née en 1669, j'étais la seconde fille qu'eut ma mère en couche, mais ma sœur ainée est morte le jour de ma naissance.               Je me tus un instant, le laissant encaissé ses premières révélations. Cette fois-ci, il ne m'interrompit pas.-       Contrairement à ce que l'on peut penser, je ne suis pas née sorcière. Je ne faisais pas des tours de magie à mes maitres et je n'étais pas regardée bizarrement. Au contraire, j'étais plus que normale. J'avais des caprices, des désirs, des crises, le plus souvent pour des futilités. J'écoutais mes parents. Etrangement, à cette époque, on avait un profond respect pour nos géniteurs. On les écoutait. Maintenant, je me rends compte que je n'aurais peut-être pas dû. Bref. Apparemment dans mon sang, sans que je le sache, coulait un mélange spécial. Mes parents le savaient, il y avait des signes qui ne trompent pas, apparemment. Il m'ont mis à l'écart du monde, dans une bulle, puis finalement ils m'ont transformé.-       Comment ? Demanda Seth.               Je m'y attendais, ou plutôt, je redoutais cette question.-       Pour devenir une sorcière, il faut être brisée.               En y repensant, je frissonnais. Je crois que Seth l'a remarqué.-       Qu'est-ce qui t'es arrivée Mary ?-       Il m'est arrivé un homme.-       Kérian, lâcha-t-il avec évidence, il y avait du dégout dans sa voix.-       Oui, Kérian ou si tu préfères mon mari. Annonçais-je comme une évidence-       Tu es marié ? S'étonna une seconde fois Seth. En plus à lui !-       Je n'ai pas vraiment eu le choix. Dis-je calmement.-       Je ne comprends pas Mary.               Ca, je m'en doutais.-       Tu sais, j'ai 17 ans, depuis longtemps certes, mais j'ai 17 ans. Je l'ai rencontré, un peu avant, à mes 16 ans. Il était plus âgé, il était beau, cultivé, riche. Toutes les filles idéalisent ce genre d'homme et moi je l'avais en face de moi. Je suis tombée sous son charme. Tout se passait bien entre nous, comme des jeunes gens qui se fréquentent. Puis, à l'aube de mes 17 ans, on m'a enfermé. Kérian est arrivé, tel un héros. Mais finalement il n'était rien de tel. Il a fait ce qu'il devait faire.               Je m'étranglais. Seth compris. Je n'avais pas eu besoin de décrire, ni de dire les choses. Je n'avais pas eu besoin d'avouer à quel point j'étais sale.-       Ensuite, dans ce genre de cas on mari les personnes. Ca fait moins bizarre. J'ai vécu pendant deux ans chez lui. Apparemment mes tendances suicidaires n'avaient pas trop plus. Tu sais, quand tu penses que ça ne peut pas être pire et bien tu te rends compte que si, c'est possible. N'est-ce pas génial d'être une sorcière ? Ironisais-je avec amertume.               Il me regarda, il avait mal pour moi. Avait-il pitié ? Je savais que j'étais pathétique.-       Ensuite, j'ai réussi à m'échapper. Je n'étais pas consciente de ce que j'étais à ce moment là. Donc j'ai fuis comme une humaine. Je suis allée dans une ville côtière et dès que j'ai pu je suis partie en Amérique. L'Amérique, soupirais-je. Le nouveau monde pour un nouveau départ. Je suis arrivée là bas en 1689, juste avant les fêtes.               Je repensais à mon arrivée là bas. Quand on débarque comme je l'ai fait dans un nouveau pays, un nouveau continent, on se pense libre. Mais tout ça n'était qu'une illusion. C'était juste un ordre différent, mais il y avait toujours ceux d'en haut et ceux d'en bas. Il faut trouver où vivre et comment vivre car on a rien et les hommes n'ont pas changé. Ils ne donnent rien. Alors, il faut vendre ses services d'une manière ou d'une autre. Mais j'ai été chanceuse.-       J'ai rejoint la communauté de Salem Village. J'étais une servante pour une famille, les Proctor. Il s'agissait de fermiers. En même temps, il n'y avait que ça. J'étais bien, même si je travaillais, que je dormais sur de la paille et que j'étais éreintée, j'étais vraiment bien avec cette famille car j'étais loin de lui. Tu sais, cette fois, j'ai crus revivre. Je me suis liée d'amitié avec des personnes. Notamment une femme. Elle m'avait dit, en chuchotant, qu'elle était une fille de sorcière avant qu'elle ne se transforme. Je ne savais pas son nom et pourtant c'est grâce à cette femme, que j'ai commencé à comprendre qui j'étais réellement.               Je me stoppais une nouvelle fois dans mon monologue. Repenser à cette femme me troubla. Ma première véritable amie depuis ma transformation. Si ce n'est pas avant même.-       Evidemment, je n'étais pas seule dans ce village, même si j'habitais loin, j'arrivais à voir du monde et je me suis liée d'amitié avec des filles, parfois même des fillettes et puis c'est là que tout a basculé. Est-ce que tu connais le Sorcières de Salem ?               Il s'agissait d'une question rhétorique, je ne m'attendais à aucune réponse de sa part. Je savais qu'il connaissait ou en avait entendu parlé tout du moins. Quel américain ne connaitrait pas cette fameuse période ?-       Il y avait dans ce village une femme, Tituba.               Je crachais ce nom comme s'il s'agissait d'un poison.-       une Amérindienne achetée par le Révérend Samuel Parris lors de l'un de ses voyages en Barbade. Il s'agissait comme moi d'une sorcière, seulement cette femme ne savait pas se cacher. A force de fasciner les filles avec ses tours, les deux gamines ont voulu elle aussi jouer à la magie. Si on peut appeler ça de la magie. C'était juste du cinéma. La fille du révérend, Elizabeth Parris a commencé à avoir des transes. Bien sûr le révérend a fait venir des médecins, mais comment expliquer une mise en scène ? Ensuite, la nièce du révérend Abigail Williams a, elle aussi, eu des transes. Les médecins ont alors décrété qu'il s'agissait de possession. Et le nouveau jeu en vogue était de jouer la possédée. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai fait comme elle. Et d'autres filles nous on rejointes. Au début, c'était marrant, on inquiétait les personnes. Puis, Abigail a convaincu la petite Betty et toutes les autres d'accuser des personnes. Elle a même réussi à me convaincre. Seulement, je n'avais pas prévu que ça allait aussi mal se passer. Au début, on a accuser Tituba, et d'autres femmes un peu bizarre. Puis, c'est devenu du grand n'importe quoi. Les filles accusaient tout le monde, des personnes immorales, des mendiants, comme des personnes respectées et pieuses. Au bout d'un moment, il n'y avait plus de places dans les geôles, le procès a commencé. C'était du n'importe quoi. L'atmosphère de la ville devint étouffante quand ils commencèrent à pendre les accusés. On nous redoutait dans la ville. Tout le monde surveillait tout le monde. Nos moindre fais et gestes étaient scrutés. On pouvait être accusé de sorcellerie juste en ayant acheté des bougies. Quand j'ai compris ça, j'ai voulu tout faire arrêter.               Je revivais les évènements. Le souvenir de ce moment était encore frais dans mon esprit, comme si ce carnage c'était produit hier.-       Mais les filles aimaient trop ce gout du pouvoir. Pour certaines, les parents se doutaient, mais les utilisaient pour condamner des concurrents.               Ann Putnam. Son nom me revint en mémoire.-       Par la suite, j'ai quitté le groupe. Grave erreur, le jour même j'étais accusé de sorcellerie. En prison, il y avait des viols, des femmes accouchaient. C'était horrible, l'odeur y était intenable. Lors du procès, les filles étaient là pour m'accuser. J'ai vraiment eu peur de mourir. D'être pendue sur la place publique, huée par tout le monde, les yeux arrachés par les corbeaux. J'ai menti. J'ai accusé à nouveau des personnes. Je savais qu'une des filles, Mercy Lewis, tenait à faire tomber quelqu'un. Alors pour rentrer de nouveau dans le groupe, j'ai mimé être possédée par cette personne. Tu sais, j'ai vraiment voulu tout arrêter. Je voulais trouver une solution pour faire cesser cette mascarade. Mais, je n'ai pas eu le temps. A la place, j'ai trahis ma seule et véritable amie dans ce charnier.               Je n'en avais peut-être pas l'air, mais repenser à elle me fit un mal de chien. J'avais du mal à respirer et je sentais une douleur lancinante au niveau du coeur. J'essayais de reprendre mon souffle et continua mon histoire.-       Elle s'appelait Mary Easty, dans les registres, il est marqué qu'elle avait la soixantaine quand elle est morte. Mais c'est faux, elle était jeune, pleine de vie, pieuse. Elle était bonne et m'a tout appris. Je suis un monstre, hoquetais-je.               Je ne pouvais plus retenir mon excès d'émotion.-       Tu ne pouvais pas savoir alors ne dit pas ça, essaya de me consoler Seth.               Croyait-il sincèrement en ses paroles ? Pensait-il un seul moment que j'allais être réconfortée avec ça ?-       Je savais que j'allais tuer quelqu'un ce jour là, avouais-je.               Je me retournais pour planter mon regard dans celui de l'indien.-       J'aurais dû mourir à sa place Seth.-       Tu ne peux pas décider de ce genre de chose.-       J'ai pourtant décidé de sa mort à elle.-       Ne dis pas ce genre de connerie.-       Elle était enceinte ! Finis-je par lui hurler.               Seth se tut. Ce bref silence me rappela le moment où le sol s'était dérobé sous ses pieds et que la corde à son coup s'était tendue. Elle n'avait pas eu la chance d'avoir la nuque brisée sur le coup, au lieu de ça, elle a suffoqué devant l'assistance. Les souvenirs de cette journée étaient si douloureux. Je me rappelais parfaitement de son regard, alors qu'elle était montée sur l'échafaud. Il n'y avait aucune haine. J'avais condamné deux vie ce jour là. Et pourtant rien. J'avais tué son bébé et pourtant elle m'avait pardonné. Je me haïssais.               L'indien se leva du lit où il était installé depuis le début de mon monologue pour m'enlacer de sa chaleur humaine. Je sentais qu'une larme avait frayé son chemin sinueusement le long de ma joue à la mémoire de cette femme. Toute sa famille avait été tuée dans ce maudit procès, sa sœur, son mari et son enfant. Mary Easty, je suis tellement désolée.               Le quileutes m'emmena sur le lit, m'obligeant à m'allonger tandis que je continuais de pleurer dans ses bras. Il ne dit rien, juste il me caressa. Il n'était pas question de sexe, il me caressait pour me calmer.               Quand j'eu fini de pleurer, je commença à hoqueter.-       Si tu veux, on arrête pour aujourd'hui, me proposa Seth.               Avait-il senti que j'étais allée très loin dans mes souvenirs pour lui ? Avait-il compris la souffrance que j'avais dû traverser ? Mais je voulais en finir avec ça. Je voulais qu'il sache, non pas dans les moindres détails, mais qu'il n'y ai plus ces mystères qui lui pesaient tant.-       Non, c'est bon.               J'inspirais un grand coup et continuais ma si longue histoire.-       Après le procès, dès que je l'ai put, j'ai quitté Salem Village et même aujourd'hui je n'y ai jamais remis les pieds. Ni à Salem, là où il y a eu le procès, ni là où tout a commencé, même si la ville a été renommée. Suite à ça, j'ai voyagé, j'ai voulu en savoir plus sur mes origines. Mes voyages m'ont mené en Italie. C'est là bas que j'ai rencontré les Volturis.               Je savais qu'il s'agissait de l'un de mes secrets qui titillaient Seth, ainsi que sa meute et le Cullen, depuis le début de notre rencontre, depuis que j'avais fait mention de ce groupe sinistre de vampires sadiques. Pourquoi je connaissais les Volturis, c'était l'une des questions qui les perturbaient.-       Au début, je n'y allais pas pour les vampires, loin de là. Mais pour le pays. Rome et surtout le Vatican. Il y a là bas, un nombre incalculable de reliques. De vieux parchemins, parfois des livres, qui font état des sorcières. J'avais besoin de me rendre là bas, pour mes recherches personnelles. Tu sais, la bibliothèque du Vatican est juste sensationnelle ! M'existais-je en repensant à toutes ces œuvres cachées et entreposées dans des salles secrètes.En poursuivant mes investigations, je suis tombée par hasard sur Aro. On a tout de suite accroché, c'est un vampire si cultivé et j'étais un personnage très curieux pour lui. Malgré son âge, il n'avait jamais rencontré de sorcière. Bien sûr, il en avait entendu parlé. Bref. Il m'a aidé à obtenir de nombreuses informations. D'où le fait qu'il en sache autant sur moi, d'ailleurs. Pendant des années, j'ai vécu dans son château. J'étais son invité d'honneur, comme il aimait me le rappeler. Puis, à force de recherche, une idée a germé dans son esprit. Tu sais, même si Aro et ses acolytes font tout un cinéma par rapport aux lois, ils n'auraient pas été contre créer une nouvelle espèce.               Seth grogna, il se rappelait très bien quand ils avaient dû faire face à Aro et qu'il avait menacé de les exterminer il y a quelques années déjà. Tout ça, car les lois devaient être respectées avait-il dit. C'était un hypocrite.-       Tout du moins, sans aller jusque là, il voulait tester le venin de vampire sur mon organisme. Je n'ai pas voulu être un cobaye, étrangement, alors j'ai fuis. Et d'ailleurs, je continue à le fuir comme la peste. Mais Aro ne comprend pas que tout le monde ne peut pas lui appartenir. Après toute ces années, il pense encore à me récupérer, de gré ou de force. Tu sais, les Volturis sont endurants et très imaginatifs pour pourrir une vie. Mais, j'ai noté au fur et à mesure des décennies que le classique « je t'empêche de vivre tranquillement » était leur méthode fétiche.               Seth sourit à mon sarcasme.               Finalement, ça m'avait fait du bien de vider mon sac, de tout lui raconter, enfin, presque tout.-       C'est tout ? Me demanda-t-il ?-       Non, mais là je ne vois pas trop quoi ajouter, lui expliquais-je sincère.-       Que tu m'as rencontré, peut-être ? Me susurra-t-il au creux de mon oreille pour me taquiner.                  Je rougis à ses mots.               J'avais du mal à garder, les yeux ouverts, face à Seth j'étais prête à m'endormir. J'étais vidée. J'avais bien trop parlé aujourd'hui et pourtant je me rendis vite compte que ce n'était pas fini. Une première présence se fit sentir, puis une seconde, une troisième. Un groupe ? Je me relevais précipitamment, Seth aussi. Il m'enlaça. La meute au complet mélangée au Cullen, fit irruption dans ma chambre. Mais qu'est-ce qu'il se passait ? Je regardais désemparée Seth, qui lui m'envoya un regard désolé. Pourquoi me regardait-il comme ça ? C'est quand je voulu m'enfuir en sautant par la fenêtre que je compris, qu'il ne m'enlaçait pas, non, il me tenait.

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