Chapitre trente-cinquième.

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Kerian me tirait en avant, mais je ne cessais de regarder en arrière. Seth ... Il était toujours à terre, immobile, comme mort. Non, à quoi je pensais ? Il ne pouvait pas l'être !
       J'essayais de ralentir la cadence, être encore assez proche de l'indien pour avoir l'opportunité de le voir bouger, ne serait-ce qu'un peu ! Le cœur serré, je ne cessais de me répéter que tout ça était mon œuvre. J'avais lâché sa main, il avait supposé que les paroles de Kerian m'atteignaient. Pourtant il n'en était rien. Si seulement j'avais pu prévoir sa réaction, j'aurais su qu'il s'apprêtait à se jeter sur le blond pour me défendre. Oh Seth ... Je suis si désolée. Je te promets de me racheter mais pour ça il faut que tu te lèves. Bon sang lève-toi !

       Malgré mes réticences à le suivre, Kerian ne faiblissait pas. Il continuait de me trainer derrière lui, tirant fermement mon poignet en avant. Tout ça était pour le bonne cause, me répétais-je comme un manda, mais rien ne pouvait calmer mon tourment. Comment une chose aussi violente avait-elle pu se passer aussi vite ? Le changement d'humeur, l'attaque de Seth, la force de Kerian et le corps du loup qui retombe avec une telle violence qu'une gerbe de sable s'était soulevée.

       Dorénavant débarrasser de son rival, le sorcier-ange m'entrainait au loin, vers le cercle des sorcières. À l'intérieur de l'épicycle, je pouvais les voir plus nettement mais elles, elles ne me voyaient pas. Elles étaient aveugles, sourdes, insensibles au monde extérieur. Elles en faisaient partie sans vraiment en être. Dans un état second, elles continuaient de chanter frénétiquement des psaumes plus anciens que l'homme.

       Au centre du cercle, se trouvaient quatre énormes récipients. Des chaudrons en verres polis qui dévoilaient leur contenu, une étrange poussière brillante. Elle me rappela un ancien rêve. C'était donc pour ça qu'elles avaient commencé à chasser les vampires ? Mais combien en avaient-elles donc tué ? Et à quelle fin ? Malgré mon dégoût, je ne pouvais détourner mes yeux des récipients disposés entre les sorcières et le milieu même de la couronne. Ils formaient un carré parfait.

       J'arrachais mon bras, d'un coup sec, à la poigne viril de mon ravisseur. Kerian s'arrêta pour me regarder.

-       Tu n'es pas obligé de faire ça !

       Il ne semblait pas étonné par la phrase. Il s'y attendait, oui il devait s'attendre à une faible tentative de ma part, essayant de le faire renoncer au projet. De le sauver...

-      Je le suis.
-      Non, je me rapprochais, je voulais lui montrer que j'étais de son côté, personne ne t'y oblige. J'ai arrangé les choses. Ils vont payer pour ce qu'ils nous ont fait.

       Il sourit pourtant la tristesse voila son regard son regard. Le savait-il ? Avait-il deviné mon plan ? Il me caressa le poignet, là où plus tôt il l'avait serré, laissant une marque. Il s'en voulait sûrement. Son attention n'était visiblement pas de me blesser.

-       Si ce n'est pas eux, d'autres viendront. Il faut en finir.

       Mes sens titillés par sa supposition m'alertaient. Quelque chose clochait. Qu'est-ce que Kerian me cachait ?

       Il plongea sa main dans sa poche gauche et en ressortit une vieille montre à gousset en or massif. L'ouvrit d'un geste habitué et regarda attentivement les aiguilles filées, puis il la referma d'un mouvement sec.
       Il prit ensuite un temps fou pour la remettre à sa place initiale, dans cette même poche et avec toute sa nonchalance presque travaillée, s'avança au milieu des chaudrons. Sans réfléchir, j'en fis de même et le suivis à l'intérieur du carré. Mais là n'était pas le plan. Froidement, il m'éjecta en dehors du parallélogramme.

Salem.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant