Chapitre seizième.

47 0 0
                                    

 Lorsque je me réveillais je ressentis tout d'abord un violent mal de crâne

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Lorsque je me réveillais je ressentis tout d'abord un violent mal de crâne. J'avais la dérangeante impression d'avoir pris une cuite. La tête qui tourne avec ce marteau qui ne cesse de taper à l'intérieur, l'estomac en vrac et cette incroyable envie de boire. La bouche pâteuse et le gosier asséché j'aurais pu demander de l'eau si une autre sensation bien plus dérangeante ne s'ajoutait pas à ces symptômes. J'avais la désagréable impression que quelque chose clochait. Bon, tout d'abord car Kerian me regardait avec un sourire fière et heureux, ce qui, d'habitude, n'allait pas de paire chez lui, mais surtout car une fragrance dans l'air était différente. L'air semblait moins moite, légèrement plus chaud. Le soleil aussi était différent ici, son angle était différent. Non pas comme si l'heure avait tourné mais plutôt comme si le lieu avait changé. Qu'est-ce qu'il s'était passé durant mon sommeil ? Je le dévisageais avec un regard mi inquisiteur, curiosité oblige, mi inquiet, je ne savais jamais à quoi m'attendre avec lui et la plupart du temps j'avais des raisons d'en avoir peur.-       Nous sommes en France ! Finit-il enfin par s'exclamer, non sans joie.                  D'ailleurs celle-ci était difficilement dissimulable, quand à mois je m'étranglais, la France ... Il m'avait ramené en France ! Mon esprit se décomposa en trois phases : la première fut la surprise, mais cette première étape fut de bien courte durée car la seconde lui emboita directement le pas : la colère. A cet instant précis j'aurais aimé être cette méchante sorcière du conte des frères Grimm et lui le pauvre petit Hansel, seulement dans ma version, le garçon finirait cuit, rôti à la broche avec un peu de fines herbes puis je le donnerais aux loups de la forêt, ayant trop peur de m'empoisonner. Enfin, après m'être réjouit un instant, mon rire intérieur se transforma en pleurs. La tristesse et la peur m'enserrèrent dans leur filet. Est-ce que tout allait redevenir comme avant ?-       Pourquoi ? Lui demandais-je timidement.-       Mary je suis sûre que tu le sais, dit-il avec ce sourire qui ne partait pas.J'avais beau réfléchir, je ne voyais qu'une seule raison de me faire revenir ici et j'espérais au plus profond de mon être que ce n'était pas ce à quoi je pensais. Je tournais la tête négativement, signant mon ignorance. Alors avec une grande douceur il me caressa la joue.-       Tu as peut-être oublié à force de vivre dans le nouveau monde mais nous sommes français Mary, c'est notre pays, notre patrie, il fallait que je nous ramène ici ! Et puis le noyau de l'organisation est ici.                  Je tremblais à ce simple mot. L'Organisation, quelle horreur ! Comment pourrais-je la décrire ? Tout d'abord, il l'appelait Nahash, nom du serpent corrupteur de la bible. Il s'agissait d'un rassemblement d'hommes, à partir de là rien de bien étonnant. Quand je parle d'hommes je parle de la race humaine, incluant les femmes aussi. Quoi que, la dernière fois que j'avais vue l'Organisation les femmes, forcément minoritaire, avaient été inclus par leur mari. J'imagine que la femme, n'est pas assez méritante pour entrer d'elle-même. Se sont des hommes riches, ou en tout cas s'ils ne le sont pas quand ils entrent ils le deviennent très rapidement. Je sais qu'il l'était à leurs vêtements même si je me souviens bien plus de cette ignoble broche que de leur magnifique toilette. Certaines organisations se reconnaissent à leurs vêtements, à un tatouage, à une lettre, celle-ci c'était par sa broche. Tous les actifs se voyaient remettre une broche en or blanc qui représentait deux têtes de serpents la langue au dehors, l'un avait l'œil pourpre l'autre noir, tout deux fait en tourmaline. Puis le cou de chaque tête s'enlaçait pour ne former plus qu'une seule et même queue dont les écailles ressortaient avec finesse. Je détestais cette broche. Le serpent, désignait le malin, et pour eux, les sorcières ressemblaient à la pècheresse. Leur but initial était de recrée l'Eden, un paradis fait uniquement pour les créatures de Dieu. Autant dire que ma race n'en ferait pas partie. Et ce nouvel Eden aurait pour maitre, pour Dieu, les détenteurs de la broche.-       Je suis devenu leur maitre grâce à ce que tu m'as donné.Je ne lui avais rien donné, il l'avait pris, sans vergogne.-       Si c'est le cas, pourquoi as-tu besoin de moi ?S'il n'avait pas besoin de moi pour gravir les échelons de Nahash à quoi pouvais-je bien lui servir ? D'autres idées plus sombres me vinrent à l'esprit, elles avaient un goût de déjà vu et c'est pour cela que je préférais les taire.-       Pour mettre à bien notre projet et pour cela on a besoin de vos pouvoirs.                  « Vos » ? Il y en avait d'autre comme moi, ici, en France ? à Nahash ! Je tombais des nues. Il avait fait ça à d'autres filles !-       Vous avez fait cette chose à d'autres filles ? Combien ? Lui demandais-je en colère.                Je sentis mes yeux me piquer et je crus voir sa mâchoire se crisper avant qu'il ne baisse les yeux.-       Non, les autres sont venues d'elle-même, Tu es la seule à avoir été ... créée.                  Je restais abasourdi. Pourquoi voudraient-elles les aider ?-       Tu sais, pour la plupart elles sont chassées par les vampires, ou massacrées par les loups, nous sommes les seuls à leur offrir un toit. En échange, elles nous aident.                  Je penchais la tête, le secouant. C'était des mensonges, que des bêtises. Nahash ne pouvait pas nous aider, ils nous détestaient. Nous sommes leur jouet ! Comment peuvent-elles proposer leur aide ? Ils vont faire des génocides, tuant tout ce qui n'est pas humain. Hitler à côté était un petit joueur ! Non, non, non. Je ne les aiderais pas et elles ne le devaient pas !                  Kerian, arrêta le mouvement incessant de ma tête qui passait de droite à gauche. Il la tint entre ses mains et planta son regard de fer dans mes yeux mouillés.-       Mary, pourquoi ne peux-tu pas comprendre que c'est aussi pour toi !                  Je ne voyais pas en quoi, tuer des êtres surnaturels était dans mon intérêt. Je repensais à Seth, à ses amis. Allaient-ils être désigné comme dangereux ? Tué ? Que dis-je, massacré !-       Je vais faire en sorte qu'il n'y ai plus de conflit religieux, s'il n'y a plus d'autres espèces que nous il n'y aura plus de chasse, plus jamais tu ne revivras ce problème à Salem. Il n'y aura plus de mort inutile.                  Je l'interrogeais du regard. Comment pouvait-il savoir pour Salem ?-       Si les hommes savent que plus rien ne peuvent les attaquer il n'y aura plus ce problème de religion, les terroristes n'auront plus lieu d'être, les procès sans fondements seront oubliés, obsolètes.                  Je n'en avais strictement rien à faire de ce qu'il disait, son discours était devenu inintéressant au moment même où il avait prononcé Salem. Ce même nom résonnait dans ma tête, tourbillonnant. Salem ... Salem ... Salem ... Je me revoyait dans ce village, avec ces gens, ces filles et puis l'horreur, le procès, les dénonciations, les cris, les pleurs, ma trahison... On dit qu'il y a des choses qui ne s'effacent pas, même avec le temps, et bien c'est le cas. Tout comme je me souviendrais pendant encore des décennies, non, des siècles de Kerian, de mes années avec lui, jamais je ne pourrais oubliée cet épisode. Bien cours, en comparaison avec ma vie, mais l'un des plus marquants, le seul où on découvre à quel point on peut être mauvais. Je ne savais pas qu'on pouvait tomber aussi bas pour sauver sa misérable vie, et quand je parle de misérable c'est un euphémisme dans mon cas. Ce qui c'est passé, je ne peux pas me le pardonner et pire encore je n'ai jamais pu y remédier. Pourtant j'aurais aimé. Oh oui ! Que j'aurais aimé repartir en arrière et la sauver. Au moins elle car cela aurait dû être moi au bout de cette corde et non pas elle. Je revois ses larmes lorsqu'on la emmené comme une lépreuse sur le place. Lorsqu'on lui a passé la corde au cou. Mais surtout, ce que je ne pourrais jamais oublié, c'est ce regard transperçant qu'elle m'a lancé quelques secondes avant que le sol ne se dérobe sous ses pieds. Je n'avais su ce qu'il voulait dire, de la haine sûrement. Je l'avais non seulement tué mais j'avais sacrifié la vie de son enfant. -       Comment tu sais pour Salem ? Demandais-je, le coupant dans son discours sans queue ni tête.                  Il me dévisagea.-       J'y étais.-       Quoi ! m'étranglais-je-       J'étais à Salem, durant le temps du procès. On m'avait prévenu que tu t'y trouvais alors je suis venu te rendre visite mais les choses ont dégénéré.-       Mais si tu étais là pourquoi tu n'as rien fait ? M'exclamais-je.-       Je n'en voyais pas l'intérêt.

                  « Quoi ! » Il n'en voyait pas l'intérêt ? Je me jetais sur lui, avec rage, je ne pouvais plus me contenir tellement je voulais lui arracher les yeux, le griffer, le mordre, le déchiqueter en morceau et le jeter aux chiens errants. Mais, je n'eu que le temps de dessiner une magnifique griffure sur sa joue gauche qu'il m'immobilisa les poignets, stoppant mon ascension vers ses yeux.

-       Elle était enceinte Kerian ! Crachais-je.

                  Sans perdre son flegme ni se mettre en colère, il me regarda dans les yeux.

-       Tu veux parler de cette femme brune ?

                  Cette femme brune, elle s'appelait Margaret pensais-je mais ça il le savait, il savait tout. A cette simple idée, qu'il connaissait cette femme mais aussi à quel point je tenais à elle m'énerva au point où je me voyais lui arracher de parfaite bande de chair, telle des bandes de cire. Le déchiqueter, lamelle de peau après lamelle de peau.

-       Tu aurais dû la sauver ! Vociférais-je de rage.
-       Je n'aurais du sauver personne si tu n'avais pas fais la gamine ! Elle serait morte naturellement ton amie si étais resté avec moi ! Finit-il par lâcher.

                  Cela, je le savais, je n'avais jamais voulu l'admettre jusqu'à présent, mais c'était vrai, Margaret ne serrait pas morte si j'étais restée en France, si je ne m'étais pas échappé. Si je n'avais pas voulu oublier mes obligations et mon ancienne vie. Si je n'avais pas voulu fuir mon mari... Des larmes s'échappèrent de mes globes.

-       Ce n'est pas de ma faute ! Criais-je, comme si je voulais plus m'en persuader.
-       Et de la faute à qui alors ? A ces pauvres idiotes avec qui tu faisais des tours de passe-passe ? Non Marry, et tu le sais, c'est toi qui l'a tué. Tu te rappelles du cri étouffé qu'elle a poussé quand le plancher s'est dérobé sous ses pieds et qu'elle a commencé à manquer d'air. Moi oui, elle aurait du vivre...

                  Il me releva la tête et planta son regard dans le mien, embué de larme. Il m'enserra dans ses bras. Je me laissais faire, je n'avais pas envie, mais je n'avais plus la force de me battre. Il le savais et décida de m'achever avec une dernière phrase.

-       Arrête de pleurer, tant que tu restes avec moi tout ses passera bien, tu ne feras plus de mal...

Salem.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant