Chapitre trente-deuxième.

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Je soupirais, déçue

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Je soupirais, déçue. Un instant j'y avais crus. J'avais pensé que peut-être elle m'accompagnerait, que nous serions deux à sauver ce monde. Maintenant, le doute n'était plus possible, je ne pouvais compter que sur moi-même. Je serais seule à mener la contre-attaque.

Sans le savoir, celle qui avait tant cherché à se défaire de ses bourreaux, les avaient finalement rejoint. En cédant à la tentation, elle avait choisi leur camp.            Je me levais quelques minutes après son départ avec pour premier réflexe m'enquérir de l'heure. Certes, la fin du monde ne débuterait que demain et pourtant savoir combien de temps il me restait semblait vital. J'allumais la télé, treize heures quarante-huit. Bien Mary ! Il ne te reste plus qu'une journée à vivre et tu fais la grasse mat', m'énervais-je contre moi-même. Comment pouvais-je à ce point perdre mes dernières heures sur cette terre à roupiller ? J'étais quoi ? Une marmotte ? Quelle imbécile je faisais ! Je devais me bouger.            Je me rendis dans la salle de bain et me débarbouillais le visage. L'impression de manquer de temps ne me quittait plus. Je m'imaginais comme le lapin d'Alice au Pays des Merveilles, toujours en retard, à courir après les minutes. Une sorte de tic-tac incessant en fond. Seulement, dans le reflet du miroir, ce n'était pas un rongeur aux longues oreilles blanches mais plutôt une souillon. Une souillon aux cheveux collants qu'il fallait dégraisser à grand coup de jet d'eau et de mousse.            Sous l'eau, en train de frictionner ma chevelure, je me remis à mon activité de prédilection, penser. Je n'arrêtais pas de réfléchir à un moyen de nous sortir de cette misère et finalement ça avait porté ces fruits. Une sorte de programme commençait à prendre forme avec pour grand un, joindre la meute et plus particulièrement Seth. Seulement, la perspective de reprendre contact avec eux mina mon moral. Je savais que, tout comme les précédents, mon appel tomberait dans le vide intergalactique des communications oubliées. Comme si mes ondes ne pouvaient attendre sa fréquence. En second point, se serait appeler les Volturis. Etaient-ils à Paris ? Et plus important : étaient-ils prêt à intervenir selon mes ordres ? Ensuite, je devais trouver un moyen de sortir. Je n'avais aucunement l'intention de fuir l'immeuble pour me réfugier dans les bras de mon cher et tendre, s'il l'était encore ... Non au contraire, je devais fouiner et découvrir où le passage serait installé. Joséphine avait parlé d'une porte magique. Enfin, et seulement après les trois premiers points effectués, je pourrais envoyer un message télépathique. En fait, j'avais déjà élaboré trois versions, une pour chaque tribus, mais plus que tout il était fondamental que les loups ainsi que les végétariens ne puissent sentir l'odeur des italiens. Ces deux groupes ne devaient, sous aucun prétexte se croiser.            Requinquer par toutes cette mise en place intellectuelle qui me donnait l'impression agréable d'avoir un but, je m'extrayais de la douche, me séchais vigoureusement et m'entourais les cheveux d'une serviette dans un espèce de turban volumineux et surtout inesthétique. Puis, je sortis de la pièce fumante pour m'attraper quelques affaires encore propres. A moitié habillée, je me dirigeais vers ma cachette, là où des jours plus tôt, j'avais décidé que le téléphone serait suffisamment en sécurité. Ecartant les lattes du canapé-lit de fortune, je l'attrapais et ni une ni deux, l'allumais. Ou du moins tentais... Car l'écran resta noir.-       Oh non ! Ne me fait pas ça, commençais-je à paniquer.            Précipitamment, je décapsulais la coque du téléphone, mettant en évidences les différents composants internes de l'appareil. Comme j'avais appris à le faire avec le temps, j'extrayais la batterie et soufflais vigoureusement dessus avant de la réinstaller. Mais ainsi que je le redoutais, il ne s'agissait pas d'un problème technique mais, tout simplement d'un problème d'alimentation. Je n'avais encore jamais rechargé l'appareil et ça ne risquait pas d'arriver. Dans ma bêtise la plus profonde, j'avais jeté l'alimentation. Certes, c'était parti d'une bonne intention tout ça, celle de dissimuler plus facilement mon secret aux yeux de tous, mais maintenant ça me desservait. Je pestais. Foutu technologie. Mais plus que tout je m'insultais. Mais qu'elle conne j'avais été. Comment je faisais pour communiquer maintenant ? De rage, je balançais le portable contre un mur où il s'explosa. En voyant les débris de l'engin, je n'eu aucun regret. De toute manière, après ça il n'aurait plus servi. Ca aurait été sa dernière mission. Merde quoi ! Je tournais en rond, cherchant une échappatoire à cette situation ennuyante et de plus en plus effrayante. Si je ne tentais rien, nous étions morts... La porte ! L'idée interrompit mes mouvements. Et si Joséphine n'avait pas fermé la porte ? Je ne me souvenais pas l'avoir entendu insérer la clé. Alors, à pas de chat, je me dirigeais vers le lieu dit et, avec toute la délicatesse dont j'étais capable, j'appuyais prudemment sur la poignée. Seulement, ça aurait été trop beau, la poignée se bloqua avant d'attendre la verticale, désespérée, je laissais exploser ma colère.            Je fulminais. Pourquoi n'avait-elle pas oublié ? Je pestais. Elle aurait pu ne pas m'enfermer pour cette dernière journée. J'hurlais ma rage.-       LA PUTAIN !            D'autres noms me vinrent en tête pour la décrire et je les criais tous, qu'elle m'entende la salope, qu'elle m'entende. Complètement droguée elle arrivait pourtant à se souvenir de fermer la porter. Elle voulait crever ou quoi ?            Puis, comme il est d'usage dans ces cas de figure, après s'en être pris à l'absent, il ne reste plus que soi-même à blâmer. J'étais en colère et j'avais peur. Comment ne pas l'être ? Je ne voulais pas mourir. Je ne pouvais pas m'imaginer errer comme une âme en peine. Non, c'était trop horrible et tout ça c'était de leur faute.            Mon irritation, se matérialisa en une petite voix doucereuse. J'étais impuissante et elle me le fit bien comprendre. Elle infiltra mon esprit et me rappela mon état, mon pauvre statut, quels auront été mes derniers jours. Elle me susurrait que je n'étais qu'une simple sorcière sans pouvoir, enfermée et soumise à mes ennemies. Elle me fit savoir à quel point j'étais lamentable. Et j'allais m'éteindre comme ça... Une telle image de soi est horrible, j'en tremblais. Non ! Je n'étais pas cette incapable. Pensais-je en secouant ma tête. Ce n'était pas de ma faute, tout ça n'était pas de ma faute essayais-je de me persuader. Je me pris le visage. Mais si elle disait la vérité ?-       Tais toi. Ordonnais-je.            Mais on ne donne pas d'ordre à sa psychose, on l'a subie.        Malgré mes supplications, elle continua. Un serpent se faufilant dans mes pensées. Me chuchotant le nom de Seth. Lui aussi il m'avait fuit. J'étais trop lâche pour lui.            Elle ne s'arrêtait pas, susurrant à mon oreille d'autres noms, d'autres blessures. J'avais mal. Je voulais qu'elle se taise. Je voulais la détruire. Alors les idées floues je m'emparais de la première chose que je trouvais, un bol qui trainait sur la table du salon et je le jetais de toute mes forces. En s'explosant contre le mur, le bruit sourd de vaisselle cassée couvrit la vicieuse. Alors, comme un rituel magique, je pris un second objet. Lorsqu'il s'écrasa contre le sol, la voix s'interrompit et j'en tirais un plaisir pervers.             Au troisième, je ne cherchais plus à faire disparaître la voix. Non, je souhaitais juste reproduire cette extase. Je me plaisais en destructrice. Pour la première fois, je jouissais de pouvoir. Je pouvais faire ce que je voulais de cette pièce. Alors, je crois que j'ai oublié. Ma mission disparue, ma pression, la fin du monde... Il n'y avait plus que cette délectation. Ce plaisir trop facile. Les bruits de casse fleurissaient un peu partout dans la pièce. Assiette, verre... J'avais l'impression d'être une folle dans un magasin de porcelaine et j'y prenais goût. Ca m'amusait de tout raser sur mon passage, je m'en fichais, après tout, ce n'était pas mes affaires.Euphorique après mettre débarrassée de la vaisselle dont les morceaux recouvraient le sol, mon regard se posa sur la table basse. Le fameux meuble que je voyais partout. Quand je me levais, quand je mangeais, quand je me couchais, quand je regardais la télé, partout il était... Sans imaginer le poids de l'objet, mélange d'un support en verre et d'un socle en bois, je le pris à bras le corps et le renversait, explosant la vitre. Mais des morceaux rebondirent pour m'entailler profondément le doigt.            Vous savez, il existe trois catégories de personnes. Celles qui énervées vont s'en prendre aux autres, celles qui s'automutilent, un poing contre un mur, des phalanges explosés ou encore des coup de tête contre une porte. Et enfin ma catégorie, celle qui s'en prend au matériel. Je ne massacrais que ce qui était inanimé et plus que tout, je préservais mon intégrité physique. C'est peut-être bête à dire, mais je n'aimais pas être blessée, je craignais la douleur et plus que tout je redoutais voir mon sang couler.            Ma frénésie m'empêchait de vraiment sentir la douleur, occultant le picotement provenant de mon doigt. Cependant, l'adrénaline ne m'empêchait pas de voir.Des gouttes de sang commencèrent à souiller le sol, se déposant sur le tapis cristallin. A sa vue, je m'arrêtais nette, regardant d'où cela pouvait provenir. Puis, en examinant la blessure sous un autre angle, une idée me vint. Je pouvais sortir.            Certes l'idée avait une part de génie, et je me demandais même comment je n'avais pas pu y penser plus tôt. Et puis je me souvenais que l'autre partie, peut-être même la plus importante était surement celle qui m'avait empêché d'y songer. Folie. J'allais utiliser le lien qui m'unissait à mon geôlier.            Je l'admets, e y réfléchissant plus sérieusement, c'était complètement suicidaire. Et moi qui pensais ne pas avoir ce genre de penchant,finalement je me révélais l'être au fil des mois. Lorsque à plusieurs reprises et je m'étais rapprochée volontairement de la mort. Est-ce que le trépas valait mieux qu'une vie en cage ? Mourir pour vivre plus longtemps, étrange mélange ...      Je m'emparais d'un éclat assez imposant de forme triangulaire qui me paraissait suffisamment tranchant. Mon poignard de verre. Je l'approchais de mon avant bras, mais avant même d'avoir touché la moindre parcelle de peau, je m'arrêtais et soufflais. De grosses gouttes commençaient à perler sur mon front. Je ne me sentais pas bien.-       Ok Mary, tu peux le faire. M'encourageais-je sans vraiment y croire.            C'est sûr qu'en pensée, ça avait l'air d'être une excellente idée, mais en pratique, nettement moins. Je déglutissais. J'avais sûrement plus de chance de mourir que de réussir. Bon ressaisie toi.            Je m'assis contre la porte, inspirait le plus profondément et fermais les yeux. Je n'avais pas envie de voir mon sang. Et alors qu'à l'aveugle j'appuyais sur ma chair, une bouffée de douleurs m'obligea à m'interrompre. L'épiderme était à peine entaillé, il fallait que je continus. Je ne savais pas d'où me venait ce courage, cette témérité et pourtant, je me poussais à m'entailler plus profondément, sectionnant enfin les veines. Voir mon sang dégouliner me provoqua un haut le cœur. Maintenant le deuxième. J'avais mal, mais je contractais tout de même mes muscles pour que le sang s'écoule encore plus rapidement. Plus vite ça sortirait, plus vite je serais sauvée. Enfin, c'est ce que je me disais alors que je trempais dans ce liquide rougeâtre.            Rapidement ma vue commença à se brouiller, j'avais froid et je voulais dormir. Je glissais le long de la porte, sans pouvoir me redresser. Tout mon corps était par terre, et je n'avais comme paysage que la désolation de ma prison.          Ironiquement Kérian aurais déjà dû être là, sentir mon état et venir à mon secours. Je m'étais convaincue que notre lien était plus fort que tout ça. Mais, peut-être était-ce à tord ? J'allais mourir ici. Au moins, pensais-je en souriant, j'avais choisi ma mort.            Ce fut ma dernière pensée après la brume occulta tout et je sombrais dans l'inconscience.            Une violente claque me fit ouvrir les yeux. Une personne s'activait au dessus de moi. Mes paupières papillonnèrent avec difficulté. Je voulais dormir.-       Mary, reste avec moi !            Tout était si flou, pourtant, je pouvais sentir des mèches blondes me chatouiller les narines. Puis, on me prit par les bras, me tirant. Je sentis le sol glisser sous mon corps. Ca ne devait pas être facile pour cette personne, je devais être si lourde, je me sentais si lourde.

Salem.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant