Chapitre vingt-et-unième [part. 1]

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J'étais recroquevillée, éteinte, le visage en larme.-       Mary ça va ? Me demanda-t-il inquiet.-       Il faut que je retrouve Kérian, murmurais-je.                Je sentis sont cœur s'arrêter, son corps se figer, il ne respirait plus.-       Ne dis pas n'importe quoi, tenta-t-il, plus pour lui que pour moi.-       Il faut que je le retrouve, il faut que tu me ramène, dis-je plus fort.-       Mais, il va encore te faire du mal Mary, dit-il interloqué tandis qu'il posait ses mains sur mes épaules afin de me faire face.                Il ne comprenait plus rien. Il m'avait fait du mal, ça, Seth le savait, il l'avait sentis au plus profond de lui et ce sans que je ne lui ai jamais raconté l'histoire qui nous liait. Peut-être l'avait-il compris la fois où j'avais été tétanisée en imaginant l'avoir vu. Oui, c'était certainement cette fois là où il m'avait vu pleurer de peur juste en pensant l'avoir revu, qu'il avait sû que j'avais mes monstres. De vrais monstres ... Et aujourd'hui, je voulais qu'il me ramène auprès du pire de tous, alors qu'il venait juste de m'arracher à ses griffes. Non, il ne comprenait plus rien.                Je relevais alors la tête, jusqu'ici j'étais restée recroquevillée, la tête entre les jambes, mais maintenant je le fixais avec intensité. Je savais que mon regard était désespéré, mais je n'avais que ça à offrir. Je ne pouvais pas essayer de feindre un sentiment plus encourageant, je suis désolée Seth. Je suis tellement désolée de te demander ça, de te dire ça.-       Je vais mourir sans lui, fini-je enfin par lui avouer.                Je sentis alors que le sol se dérobait sous ses pieds. Déséquilibré, il mit un genou à terre pour éviter de chuter. Ce que je venais de lui annoncer l'avait bouleversé. Dans un sens, il le savait que je n'allais pas bien et se doutait que je pouvais mourir, mais il ne voulait pas voir la réalité en face, celle qui disait que j'allais mourir. Ses épaules s'affaissèrent et je n'osais pas le regarder tomber encore plus longtemps. C'était moi qui avait fait ça et je savais que le tuer aurait été plus doux.                Il était à mes pieds, ses deux genoux étaient dorénavant à terre, l'une de ses mains avaient glissé de mon épaule jusqu'à mon genou toujours replié sans qu'aucun de nous deux ne sache quand cela c'était produit. Son deuxième bras était quand à lui ballant, il pendait dans le vide, toujours accroché à son propriétaire qui pourtant ne semblait pas le sentir. Sa tête, elle, était baissée. Le voir ainsi me faisait mal et une petite voix à l'intérieure de moi me susurra narquoisement que c'était bien fait. Oui, je devais souffrir au moins autant que je le faisais souffrir.                Pourquoi était-je donc tombée amoureuse de lui ? Pourquoi avait-il fallu que je ressente le plaisir immense de le revoir pour ensuite connaître cette douleur de devoir le quitter. Combien de fois, lorsque j'étais prisonnière de Kérian, j'avais songé à lui ? Je m'étais imaginée être à ses côtés, le revoir, le toucher et maintenant que je le pouvais je devais tout simplement me dire que c'était la dernière fois.                Je n'envisageais même pas de mourir, le maléfice était fait pour me ramener vers Kérian, je ne pouvais pas y échapper, et pour ce fait il annihilait toute pensée suicidaire. Je ne pensais même pas à souffrir jusqu'à la mort car il y avait Kérian. De toute manière, retrouver cet homme c'était comme rejoindre la mort, une mort effrayante, glacée et incompréhensible. Ma mort me faisait peur peut-être bien plus même que celle qui était naturelle.                Je mis l'une de mes mains sur celle qu'avait laissé Seth sur mon genou, la deuxième se dirigea automatiquement vers ses cheveux. Je le caressais une dernière fois. Oui, même si c'était la dernière fois que je le voyais il fallait que nous en profitions. J'avais eu une chance que peu de personne en ce bas monde a, je pouvais choisir la manière dont je me séparerais de l'homme que j'aimais. J'avais cette chance de faire de cette séparation un moment magique que l'on pourrait garder tout les deux en mémoire jusqu'à la fin de notre vie, aussi longue soit elle. Je descendis du canapé et je me mis à sa hauteur, j'étais comme lui, à genou, et je l'enlaçais de tout mon être. Peut-être que je n'aurais pas dû, car mes gestes tendres furent à ses yeux comme une invitation à l'espoir.-       Laisse-moi t'aider, si tu as confiance en moi alors je vais te sauver, dit-il le plus sérieusement du monde à mon oreille.                Je voulais le croire, je voulais tant y croire à ses paroles, mais je savais qu'il ne pouvait rien y faire, il n'avait pas les compétences nécessaires, il n'était pas Kérian.-       Seth ...-       Laisse-moi t'aider, répéta-t-il tandis qu'il croisait mon regard. Ne me quitte pas encore.                Nos visages étaient si prêts que je vis toute la détermination qui l'habitait à ce moment précis. J'avais tellement envie d'y croire, d'oublier, non mieux, de faire taire cette envie féroce qui me tenait les entrailles, cette douleur qui me dictait d'oublier Seth et de me rendre le plus rapidement possible aux côtés de mon tortionnaire. Je voulais la faire taire et rester avec lui. Vit-il mon hésitation à rester auprès de lui ? Tout comme nos visages étaient proches l'un de l'autre, nos bouches s'effleuraient. Il m'embrassa chastement.-       Laisse-moi t'aimer ... chuchota-t-il tellement bas que je ne l'entendis pas.                Je l'embrassais en retour. Je suis tellement désolée Seth. C'est ce que je voulais lui dire à la place de ce baiser et pourtant les mots ne voulaient pas sortir. Je suis désolée de ne pouvoir me guérir, de mourir devant tes beaux yeux, de te donner de l'espoir alors qu'il n'y en a aucun, ni pour moi, ni pour toi, je suis désolée de te faire souffrir de cette manière et de te mentir en ne t'avouant pas mes sentiments, de t'abandonner. Je voulais lui dire, mais je ne pouvais pas, alors j'arrêtais d'essayer, au lieu je l'embrassais une seconde fois, puis une troisième fois. Il répondit à mes baisers et cet instant continua.                Entre deux baisers il entreprit de me déshabiller. Il fit ça délicatement. Tendrement il caressa ma peau. J'étais de plus en plus dénudée, mais il substitua au tissu ses baisers, il m'en couvrit. Je sentais ses lèvres qui parcouraient mon corps dans une tendresse et dans une langueur excitante. Doucement il effleura le bout de mes tétons. Je sentais mon cœur et mon corps se réchauffer peu à peu. Ce n'était pas une excitation sauvage, non ce n'était pas ce genre d'excitation qui vous fait écourter les préliminaires pour commencer les choses sérieuses, non cette excitation là était très différente, elle était nouvelle pour moi. Il était là, à s'occuper de moi comme si j'étais cette chose précieuse qu'il chérissait. Il prenait tellement de précautions pour ne pas me faire mal. Même si ce n'était pas ma première fois, il était attentif. Il me souleva, pour me déposer délicatement sur le canapé, ce que j'appréciais. C'était sûrement le fait que j'étais malade qui le poussait à tant de délicatesse, même s'il est vrai qu'avec l'excitation qui montait, et comme cela c'était déjà produit lorsque j'avais été sur son dos de loup, je me sentais mieux. Mes symptômes semblait être moins présent et même s'il y avait toujours ce quelque chose douloureux ce n'était plus qu'un petit quelque chose et non un tout terriblement douloureux.                Seth m'embrassa dans le cou, zone érogène très connu, puis descendis embrasser une à une mes clavicules, mes seins, mon ventre, mon nombril puis remonta. Il prenait un malin plaisir à m'exciter de plus en plus, mais c'était fait avec tendresse. J'osais alors m'y mettre, le toucher, le caresser, découvrir sous mes doigts son corps encore une fois tandis qu'il éveillait le mien. C'était tellement suave que même quand il me pénétra j'eu l'impression que c'était doux et mon plaisir n'en fût que plus renforcer. Je sentais son engin en moi, tellement gros et tellement bon. Seth était à la fois en moi mais aussi autour de moi avec ses caresses et ses baisers, il était partout. J'étais remplie d'amour. Je ne sentais que l'extase avec son corps qui maintenant s'activait. Le mien était bien réveillé, mes tétons étaient tendus de plaisir. C'était bon, ce qu'il me faisait là avec sa queue en moi, c'était bon, ses caresses, et ses baisers. Parfois il refusait de m'embrasser pour me voir me mordre la langue de plaisir, puis m'embrassait. Cette langueur dans nos ébats nous fit perdre le cours du temps, cette même langueur qui nous permettait de remettre ça dès que c'était fini. Je ne savais pas combien de fois on n'avait fait ça ni combien de temps cela avait duré. Est-ce que ça se comptait en minutes ? En heures ? Une heure ? Deux ? Peut-être même plus.                Cependant, l'inéluctable arriva. A force de dépenser de l'énergie dans ce plaisir charnelle si délicieux, on s'endormit épuisé, l'un contre l'autre. Ca avait été si rare et je savais que c'était la dernière fois, je l'avais décidé.                Quand je me réveillais, il y avait quelque chose qui clochait. D'ailleurs c'était cette sensation qui m'avait réveillée. Ah oui ! Mais bien sur ! Qu'est-ce qu'il m'avait prise de coucher avec Seth hier alors que je pensais l'abandonner ? Non pire ! Qu'est-ce qui m'avait prise de coucher avec lui autant de fois ? En repensant à ce qui s'était passé hier, je rougis, cette douceur dans ses baisers, cette tendresse dans ses caresses et cette délicatesse lorsqu'il m'avait dépose sur le canapé pour continuer nos jeux... Tiens, d'ailleurs, je ne remarquais que maintenant qu'il avait été déplié pour former un lit. Je me décollais du corps de Seth aussi délicatement que possible pour ne pas le réveiller, puis je sautais du lit. Enfin non, j'avais tellement peur de me briser tous les os de la jambe en sautant que je sortis du lit calmement et surtout très lentement. Avec apathie, je posais le premier pied à terre, le sol était froid et un frisson me parcouru l'échine. Dans la foulée, mon deuxième pied rejoint le premier et consciencieusement je me levais. Une fois de plus, je pris conscience que j'étais nue et surtout qu'il faisait froid quand on s'éloignait de Seth et qu'en plus qu'on lui laissait la couette. Chanceux va ! Je commençais donc à regarder autour de moi, enfin surtout au niveau du sol, s'il n'y avait pas mes affaires, et comme je m'y attendais il n'y avait rien. Je contournais lentement et silencieusement le canapé, à la fois pour ne pas me casser mais aussi pour ne pas réveiller l'indien qui dormait paisiblement. Cependant je ne trouvais toujours rien. Comme une mamie, je me baissa et regarda sous le canapé, au cas où mes affaires auraient glissé jusqu'ici, mais toujours et éternellement rien. Je me grattais la tête ennuyée, où étaient donc passées ces saletés de fringues ? Bon dieu ! Je rageais intérieurement. Je ne pouvais pas rester nue, en plus il fallait que je parte avant que Seth ne se réveille, car il ne voudra jamais me ramener vers Kérian. Il m'interdira de le rejoindre.                Du coup, ma seule solution pour le moment, était d'aller dans ma chambre, heureusement pour moi elle était au rez-de-chaussée. Je me dirigeais donc vers ma chambre, lentement, toujours, mais sûrement. J'étais dégoûtée de ne pas pouvoir utiliser ma canne pour me mouvoir, mais j'avais peur que le bruit régulier du bois qui frappe le sol, même légèrement, ne réveille le Quilleutes à l'ouïe très fine, même si, pour le moment, celui-ci dormait bien profondément sur le canapé-lit. C'était compréhensible en même temps, hier il s'était tellement donné... Pourquoi fallait-il que je repense encore à hier ? Me sermonnais-je mentalement.                Une fois dans ma chambre, je me mis à choisir des vêtements confortables et résistants, puis je me rendis compte qu'un tour à la salle de bain ne serait pas du luxe, enfin c'était même obligatoire à ce stade de mon apparence. Quelle misère ! Cette fois-ci il fallait que j'emprunte l'escalier. Ca faisait tellement longtemps que je n'étais pas allée à la salle de bain de mes propres moyens, à chaque fois c'était Seth qui m'y portait. Je me motivais et commençais à monter. Toujours avec douceur et lenteur j'atteins le lieu dit, déjà nue, je posais mes affaires sur le coin de l'évier et rentrait dans la cabine. Je n'attendis pas plus pour commencer à faire couler de l'eau fumante sur mon corps, c'était un réel plaisir car dans ces moments je ne ressentais aucune douleur. Je continuais de me savonner, puis me séchait en me demandant comment j'allais bien pouvoir faire pour rejoindre Kérian le plus rapidement possible. Mais je savais que je n'avais pas à m'en faire, ce démon me retrouverait assez rapidement, si ce n'était pas déjà le cas.                Une fois sèche, je me préparais mentalement à la torture qui allait suivre. En général, m'habiller était dure, car je me tordais dans tous les sens pour pouvoir enfiler ces affaires ou les attacher et dans mon état c'était comme me briser les os un à un avec une masse et sans anesthésiant. Mon soutien-gorge enfilée, je me préparais à l'attacher et serra les dents en préparation à ce qui allait suivre, mais rien, je n'avais rien ressentis. La douleur était partie. Je réitérais l'expérience en enfilant un tee-shirt. Rien. Je pris alors conscience que je ne ressentais plus ce poids depuis que je m'étais réveillée. Je n'avais pas cette impression de suffoquer, ni cette douleur dans chaque partie de mon corps, rien. Et je ne m'étais rendu compte de rien puisque par automatisme j'avais toujours fait abstraction de la douleur, par habitude je marchais lentement pour éviter de souffrir plus. Mais comment était-ce possible ? J'allais mourir et maintenant j'allais bien ! Pourtant la sorcière avait bien marqué que pour échapper au maléfice il n'y avait que deux solutions, deux seuls moyens, soit mourir, soit retrouver l'homme qui nous aime, donc pour moi ça aurait dû être Kérian, celui qui m'avait jeté ce sort des plus ignobles. Mais si, pensais-je, il n'était pas question du sort mais des sentiments qui l'anime, si c'est l'amour qui le crée, alors seul l'amour peut le défaire. Et si Seth m'aimait ? Alors, Kérian n'était plus le seul à pouvoir annuler le sort puis qu'il n'était plus le seul à éprouver ce genre de sentiment. Ce qui voulait dire que j'étais guérie mais surtout que Seth m'aimait ! Aimer ? Etait-ce seulement possible ? J'avais été sa prisonnière, son seul travaille consistait à trouver mon origine, il ne pouvait pas m'aimer. Je restais ébahie, choquée que cela puisse être une possibilité, peut-être même la réalité. Il fallait que je garde ça pour moi, pour le moment en tout cas.                Une fois habillée, je me précipitais dans les escaliers et cette fois-ci je ne me gênais pas pour sauter sur chacune des marches joyeusement, comme une enfant de 7 ans. Puis je sautais sur le canapé-lit où était encore en train de dormir l'indien aux milles vertus. Je le réveillais, mais à peine. Il émergea difficilement comme si c'était un simple réveil et non une fille qui lui était tombée dessus.-       Hum, pourquoi tu es habillée ? Dit-il la bouche pâteuse d'une voix encore endormie.                Sérieusement ? Je lui saute dessus sans me casser une jambe ou ne serrait-ce qu'un seul os, mieux, je saute, et il me demande pourquoi je ne suis pas nue ? Il avait vraiment la notion des priorités.-       Mais Mary, tu es habillée !                Il s'arrêta un instant et renifla l'air autour de moi.-       Tu es même douchée !                Je me demandais où il voulait en venir.-       Tu as pu monter les escaliers, finit-il par crier.-       Seth, je crois que je suis guérie. Dis-je, doucement.-       Comment ? Demanda-t-il, les yeux écarquillés tellement il était étonné que cela puisse être vrai.-       Je ne sais pas, mentis-je.                Il ne remarqua pas que j'étais en train de lui dissimuler quelque chose, non il était encore sur le fait que je n'étais plus en train d'agoniser sur un lit. Il réfléchis un instant.-       Je t'ai soigné avec ma baguette magique ! Lâcha-t-il hilare.                J'étais choquée, Seth qui sort ce genre de chose. Même s'il n'était pas si loin de la vérité, je restais tout de même consternée.-       Mais c'est quoi cette réplique de film X ? Demandais-je finalement, sur le ton de la rigolade.                Peut-être était-ce parce que ces longs jours où je m'approchais de la mort étaient enfin terminés, mais on se mit à rire, le soulagement était une émotion qui prenait différente forme, ici l'humour et les larmes de joie.                Mais à l'autre bout du monde, en France, il y avait une personne qui ne rigolait pas. Il avait senti que le sortilège avait été brisé et hurla de rage. Il fallait qu'il sache maintenant. Qui était ce Seth ?

Salem.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant