Chapitre dix-septième.

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-       Comment te faire comprendre qu'il faut que tu manges Mary !

                  Kerian, s'énervait contre moi. Il se leva du lit où j'étais allongée, balança l'assiette qui s'éclata par terre bruyamment. Comme toujours, je réagis à sa colère, sursautant quand la vaisselle explosa sur le sol puis, je me mis à regarder cet homme énervé tourner en rond. Il avait toujours été colérique, bien que ça allait en s'améliorant, mais comment réagir quand on vous prive de votre propriété ? On s'énerve, et c'était exactement son cas, j'allais le priver de moi.

-       Nettoyez ça ! aboya-t-il aux femmes de ménages.

                  Les deux femmes accoururent avec leur attirail et en un temps trois mouvements le sol était de nouveau propre. Il ne regarda même pas ce miracle de rapidité, au lieu de ça il s'appuya contre la cheminé en fronçant les sourcils, surement voulait-il comprendre mon manque d'appétit. A vrai dire je ne voulais plus vivre. Qu'est-ce que c'était de rester jusqu'à sa mort enfermée avec une personne qu'on craint ? Une personne qui peut abuser de vous à n'importe quel instant ? On ne peut pas dire que je n'avais pas vécu, j'avais déjà vécu autant de temps que plusieurs générations d'une famille humaine. C'est vrai que je n'avais pas tout vécu, ni tout vu, par exemple je ne savais pas ce que voulais dire vieillir comme un être de dieu, mais je savais ce que voulait dire mûrir, s'amuser, avoir peur, conduire à toute vitesse sur une route de campagne, sauver des personnes et être sauvée, rester pendant plusieurs journée debout, stressée pour réussir, craindre l'échec, apprécier des personnes et les perdre, je savais même ce qu'étais aimer, maintenant, et être trahie par cette même personne. Alors qu'avais-je donc à perdre ? J'aurais pu perdre un amour, mais après ce qu'il s'était passé je doute qu'il me recherche, après tout, il penserait que je me suis enfuie, loin de la région, et qu'il n'y avait plus de danger dans l'immédiat. Affaire close ! Ils retourneront manger des cookie chez Lee. Non, il n'y avait plus rien, j'allais rejoindre certaines personnes ou j'allais tout simplement pourrir sous terre, tout s'effacerait, je ne saurais même pas que je serais morte !

                  Et puis mourir de faim me paraissait la mort la plus agréable. Je ne ressentais pas la faim, même si cela faisait plusieurs jours que je ne mangeais plus. Le seul véritable problème, c'était lui. Lui, soit ce grand mec blond aux yeux de glaces qui s'en était rendu compte. A vrai dire, j'avais déjà tout prévu, à chaque fois qu'on m'aurait apporté mon plateau repas dans ma chambre j'aurais fait disparaître la nourriture, on penserait me nourrir tout en me laissant crever de faim, mais je ne sais comment, après pratiquement 4 jours, ou plutôt onze repas loupés, Kerian s'en était rendu compte. Il avait débarqué en furie dans ma chambre avec une pizza, lui qui est dégouté par la malbouffe, afin de me faire manger le plus rapidement possible et reprendre de l'énergie. Mais je ne voulais pas. Je refusais d'ouvrir la bouche, je sentais que la fatigue arrivait, plus il me soulerait avec sa pizza refroidit depuis une bonne demi-heure, plus je fatiguerait vite, plus je voudrait rester éveillée et plus je brûlerait mes dernière forces et une fois au bord du coma, j'utiliserait une incantation, une dernière, et pouf ! Je disparaitrais dans un feu incandescent. Rapide et, presque, indolore !
                   Il lâcha le bord de la cheminée et se retourna pour me regarder :

-       Je sais ce que tu veux faire Mary, et ça ne fonctionnera pas !

C'est ce que tu crois mon cher, pensais-je dans mon fond intérieur, là où il ne pouvait rien lire. Il combla les derniers mètres qui nous séparait et se rassit au près de moi, au bord du lit.

-       Tu sais que je ne te laisserais pas mourir d'une façon aussi idiote...
-       Et comment pourrais-tu empêcher ça ... Formulais-je difficilement, comme lorsqu'on est à moitié endormie et que juste prononcer un mot demande tellement d'effort.

Salem.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant