Chapitre vingt-huitième.

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Je n'en avais pas pris conscience plus tôt, mais maintenant je comprenais que ce voyage était initiatique pour le groupe de Quileutes

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Je n'en avais pas pris conscience plus tôt, mais maintenant je comprenais que ce voyage était initiatique pour le groupe de Quileutes. Il s'agissait de leur premier voyage en dehors de leur contrée natale. En effet, ils n'avaient jamais eu l'occasion de quitter le continent américain et éprouvaient donc une excitation certaine et plus que visible en arrivant à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle. Malgré le décalage horaire ils étaient tout a fait éveillé et émoustillé, trépignant d'impatience de descendre et fouler le sol français.

-    Pourquoi nous sommes dans un aéroport ? Demanda soudain Jasper qui semblait lui ne pas du tout apprécier la situation.             Son manque d'entrain était dû à l'obligation, je crois, de se mélanger au genre humain et surtout à son odeur des plus alléchante.-       Les autres pistes étaient trop loin du centre, lui expliqua calmement Edward tout en tapotant son épaule.             Il ne fut pas le seul à le réconforter, Alice s'approcha de son amant et lui prit la main tout en lui glissant un encourageant « ça va aller ». C'était tout a fait étrange que Isabella, de transformation plus récente soit à l'aise avec les humains tandis que son comparse redoutait leur présence. L'attraction face au sang devait dépendre des vampires, conclu-je.         Il est impossible de décrire avec quelle lenteur nous traversâmes le fameux aéroport français et les diverses péripéties qu'il nous proposait, surtout pour un groupe tel que le nôtre. Et je remerciais le ciel que l'avion par lequel nous étions arrivé soit un bien privé et non pas la propriété d'une compagnie multinationale. En effet, nous n'avions pas eu cette désagréable obligation d'attendre pour descendre de l'appareil et de partager une grande partie de notre voyage vers la douane avec une ribambelle d'étranger. Malheureusement, ce statut privilégier s'évanouit à l'instant même où nous nous retrouvâmes dans l'immense structure qu'était l'aéroport. Malgré les panneaux d'indication qui nous promettaient un chemin direct vers la sortie, comme dit plus tôt, il n'en fut rien. Tout d'abord car tout reposait dans l'ambiguïté de l'affichage qui proposait certes un moyen pour quitter les lieux mais celui-ci était loin d'être des plus rapides. Nous fûmes donc contraint d'attendre derrière une imposante file afin de montrer nos passeports que personne n'avaient oublier à mon plus grand bonheur. Et puis, il faut dire que la nationalité américaine ouvrait beaucoup de portes. Ensuite, nous fumes obligés de laisser les autorités fouiller nos affaires pour finalement nous diriger vers la sortie et ce tant bien que mal. Car, comme dans tous aéroport se trouvaient une multitude de boutiques, que se soit de souvenirs, mais aussi d'agro-alimentaire, de téléphonies, de devise et j'en passe. Je m'arrêtais dans l'une d'elle tandis que les Quileutes, toujours sur leur petit nuage s'étaient précipités dans une autre où des multitudes de tour Eiffel de formes différentes trônaient en vitrine. A vrai dire, rien ne pouvait freiner leur enthousiaste. Ils avaient gambadé à travers les longs couloirs de l'aéroport, s'extasiant de tout et de rien. Comparant n'importe quel auguste objet sur lequel leur regard s'était posé avec ce qu'il avait pu voir chez eux. Même les poubelles y étaient passées. Et tout ceci était des plus fatigants surtouts accompagnés de cette désagréable impression d'être épiés. Sûrement la conséquence du remue-ménage que provoquaient les Quileutes. Oui, ces êtres étaient carrément épuisants !             Mais, il y avait cependant un très bon point, outre que les vampires payent la totalité de nos dépenses, et c'étaient le fait de partager tout cela avec lui. Ce jeune homme qui m'avait ouvert les yeux.             Enfin, nous sortîmes de l'aéroport pour nous diriger vers ce qui semblait un parking sous-terrain. Je compris alors que le plan était de rejoindre un chauffeur et je fus forcée de constater que je ne savais pas du tout où nous pourrions nous rendre, j'étais perdue. J'attrapais le bras de Seth, l'emmenant sur le côté. Le groupe quand à lui, trop occupé à s'émerveiller de ce qu'y l'entourait, où tout du moins c'était le cas des membres indiens complètement surexcités, ne firent nullement attention à notre absence soudaine. J'étais en l'espace d'un instant devenu le cadet de leur souci. Au moins, il avait la faculté, peut-être stupide, de profiter de l'instant présent sans songer aux malheurs qui les attendaient demain ou après demain ...-       Où est-ce qu'on va ? Demandais-je enfin à Seth tandis que je le collais au point de pouvoir fouiller ses poches ou y glisser quelque chose.           Les oreilles surdéveloppées, et pour le moins indiscrètes de ses acolytes, étaient, je l'espère, à une distance suffisante pour ne pas entendre notre conversation.-       Je crois qu'il y ont parlé d'un hôtel, répondit vaguement Seth qui ne voyait pas du tout où était le problème.             Je ne répondis rien et pourtant montrait à quel point je bouillonnais à l'intérieur. Pouvait-il imaginer à quel point c'était blessant ? Pouvait-il ressentir ce que je ressentais à ce moment ? Je comprenais de plus en plus que j'étais exclue de ce groupe, qu'à leur yeux je ne valais rien ou presque. Etait-il possible de dénier, de désavouer à un tel stade une personne tout en l'ayant traquée pendant des mois ? Même Aro n'était pas allé jusque là. J'étais haineuse et je ne le cachais pas. J'étais aussi abasourdie d'un tel paradoxe. Ils avaient tout fait pour me connaître, ou serait-il plus correcte de dire qu'ils avaient œuvrer afin de savoir à quoi je correspondais et pouvoir, finalement, me catégoriser dans leur tableaux. M'épinglant au hasard de leur ressenti dans la case « ennemie ». Oui, ils avaient cherché, rendant ma vie un enfer, me manquant d'un respect  pour finalement me demander de l'aide. Et là, maintenant, je n'étais pourtant plus rien. Un bagage, un livre qui sert seulement au cas où. Je me sacrifiais pour eux et voilà comment me traitait ces ignorants. Mais pourquoi ? Pourquoi j'étais venue ici ? Pourquoi avais-je accepté ce rôle ?           Suite à l'information que m'avait délivré Seth, je fis demi-tour. Mon itinéraire avait changé. Un élément en plus, de trop. La voiture s'éloignait tandis que je maudissais le groupe. Ma décision sembla si inattendue, mon action si brutale que seul Seth la vit. Il me couru après, criant mon nom et malgré le bruit autour cela alerta immédiatement ses charmants camarades. Bien vite, on me rattrapa, mêmes s'ils avaient couru à allure humaine. Tout cela, je m'y étais attendu, je l'avais même espéré.-       Qu'est-ce-que tu fais ?             Je dévisageais la personne qui avait formulée cette magnifique question. Un regard de fer, une peau cuivrée et les bras tendus où l'on pouvait déjà déceler de furtifs tremblements. Je ne devais pas faiblir.-       Je me casse.             Le chef Quileutes n'apprécia pas ma réponse et ses soubresauts se firent plus visibles.-          Quoi !-          Je. Me. Casse, épelais-je lentement.-       Tu fais ça et t'es morte, s'immisça Paul, apparut comme pas enchantement aux côtés de son patron.-         Je t'en prie, vas-y, mais fait attention, en prison il n'y a pas de pizza.             Comme il est attendu chez cette personne complètement dépourvue d'intelligence et très énervé par ma fâcheuse tendance à lui rappeler un épisode honteux, il voulu me sauter dessus, cependant Paul fût rapidement stopper par Edward qui le bloqua en coupant son élan avec son bras, lui barrant le chemin vers ma personne..-       Non, il y a trop de monde ici.             Le loup grogna. Je ne m'en préoccupais pas, en fait je cherchais juste à atteindre le regard de Seth, totalement déboussolé par ce qu'il se passait. Il ne comprenait pas ce brusque virement de bord. Il ne savait pas pourquoi je l'abandonnais, encore et encore.-       Je te joindrais, épelais-je sans le dire à haute voix, je voulais que lui seul comprenne.             Il plissa les yeux, mais je ne vis pas d'air entendu et je ne savais pas s'il avait capté mon message. Trop tard, je ne pouvais pas rester plus longtemps, je plongeais dans la foule compact qui sortit à cet instant précis de la bouche du grand aéroport. Sans grande surprise, je me mélangea parfaitement au groupe d'irlandais et continua ma route loin de la meute, loin des vampires mais, aussi et surtout, loin de mon protecteur.            Le pire fut de l'entendre désespéré, hurler mon nom, brassant les inconnus, essayant, en vain me trouver, espérant que je reviendrais, courant dans la direction qu'il crut me voir prendre tandis que la foule se dissipa. Mais, je n'étais plus là.            J'avais rapidement marché en direction de la gare la plus proche et je m'étais engouffrée dans le trou qu'elle proposait. Une fois sur le quai sous-terrain, j'avais pris le premier train en direction du centre de Paris et je m'étais arrêtée à Saint-Michel Notre Dame.       Moins pressée j'avais monté les escalier pour faire face au magnifique monument. Longuement, j'avais détaillé la cathédrale, chef-d'œuvre de l'art gothique français, je savais que ses vitraux finement travaillés, laissaient passer une lumière chatoyante à l'intérieur de l'édifice et j'aurais aimé les voir un peu, je m'y refusais. Rentrer dans une église est pleine de sens et je n'avais pas le cœur assez pur pour le faire à nouveau. Je bougeais finalement, continuant mon chemin vers les différents cafés qui poussait aux alentours du lieu touristique. J'en choisi un, un peu moins bondé de monde et pris place à une table en terrasse. Je regardais l'ensemble de la population traversée les rues, les couples se tenant la main, les femme et hommes en tailleurs courant vers leur lieu de travail avec un café déjà tiède en leur possession, des touristes chinois avec leur appareil photos qui n'avaient de cesse d'immortaliser les moindres instants vécu dans la capitale parisienne, mitraillant monuments et tout ce qui leur semblant légèrement intéressant.-       Désolée de t'avoir fait attendre.           La voix ne me fit même pas sursauter. En fait je la guettais, je m'impatientais de lui faire finalement face. De me persuader que ce n'était pas mon imagination, ni ma paranoïa et elle me le prouvait. La personne s'assit rapidement à la place que je lui avais réservée, en face de moi et je pu enfin m'être un visage sur cette ombre qui nous avait suivi.            Elle était svelte et de petite taille. Son visage était fin avec une peau ferme à la teinte rosée. Elle affichait naturellement une moue légèrement boudeuse qui jurait avec les traits stricte de son ossature. Cependant, et bien que cela puisse sembler étrange, c'était justement cet accord étonnant qui créait le charme de cette femme. L'alliance entre l'immaturité de son expression et le visage légèrement sévère. D'ailleurs, ce dernier était entouré d'une chevelure en cascade, ondulée d'un blond vénitien. En effet, sa couleur prenait de délicat reflet cuivré à la lumière du soleil.-       Je déteste filer l'une des nôtres, ça ne sert strictement à rien, on se fait toujours démasquer, souffla-t-elle, légèrement agacée de se donner du mal pour ce genre de résultat. Cela lui donnait l'impression d'un travail vain.             Je me demandais quel âge elle avait, si elle était plus âgée par rapport à moi, comme je le suggérais, ou si sa transformation est plus récente que la mienne. Malheureusement, pour le savoir, je ne pouvais nullement compter sur son physique qui renvoyait à une femme d'une vingtaine d'années.             Pendant que je la détaillais allégrement, et alors qu'elle allait une nouvelle fois prendre la parole, un serveur fit irruption à notre table. L'ayant coupé dans son élan, elle préféra fermer la bouche et examina rapidement la carte de l'établissement qui trônait depuis le début à notre table.-         Puis-je prendre votre commande ?-       Un thé russe avec beaucoup de sucre, formula-t-elle sans quitter la carte des yeux mais en accentuant particulièrement la fin de se phrase.             L'employé  griffonna rapidement sur son carnet la commande et se tourna vers moi, attendant ma réponse. Je délaissais un instant l'étrangère des yeux pour me concentrer à mon tour sur la carte. J'essayais de lire, mais rien ne me tentait, ou plutôt, je ne visualisais rien.-       Et vous ? S'impatienta l'homme.-       Et bien ... la même chose, finis-je par dire encore indécise.             Puis ayant remarqué quelque chose d'intéressant, je m'empressais de le mentionner avant de voir partir le serveur.-         Et si vous pouviez rajouter une assiette de cookies.-       Très bien, quelle saveur ? Nous avons double choc', cœur chocolat, noix de macadamia et fruits rouges, récita-t-il par cœur.             Là encore, je ne savais pas quoi choisir.-        Un ensemble de tout ça.-       Très bien, fit-il tout en terminant d'écrire la commande, puis il alla en direction des cuisines, nous laissant enfin seules.             J'avais remarqué, que la délicate intention de rajouter des gâteaux avait plus à mon invitée, je l'avais vu sourire à ce moment. Je profitais de ce petit retournement en ma faveur afin de formuler mon unique requête.-       Je sais que tu m'as suivis dès notre arrivé à l'aéroport, et je sais que si tu t'es donnée ce mal c'est pour me ramener.             Elle leva les yeux vers moi, m'écoutant attentivement.-        Je n'irais pas contre, continuais-je, mais j'aimerais que tu oublies de mentionner à Kérian les personnes qui m'accompagnaient.             Elle leva un sourcil, s'interrogeant tandis que je remarquais mentalement mon manque d'hésitation à la prononciation de son nom.-       Enfin, les vampires, rectifiais-je, tu peux en faire ce que tu veux, mais laisse les autres.-       Tu parles de ceux à l'odeur bizarre ?-       Oui, ils sont humains et je ne veux pas qu'on en tue.           A cette phrase elle tiqua et se mit à pouffer dans un son cristallin.-       Après ce que cette espèce nous a fait, tu les protèges ?         C'est vrai que son étonnement était compréhensible, un peu moins son amusement. Pensait-elle réellement que tout était de leur faute ?-       Il y en a qui n'ont rien à voir avec nous, avec notre état ... Tentais-je faiblement de défendre et étrangement elle hocha la tête, réfléchissant à ce que je venais de dire.-       Soit ! De toute façon ils ne m'intéressaient pas, conclut-elle.          Si elle savait à quel point Kérian serait prêt à aller pour rencontrer ses indiens justement, ne pus-je m'empêcher de penser.        Malgré qu'elle ait acceptée ma demande, j'avais du mal avec cette femme. Quelque chose d'infime dans son comportement me dérangeait. Peut-être cet air hautain, ce détachement, ou ce léger sentiment d'être supérieur qu'elle dégageait. Le serveur choisit se moment pour réapparaitre à nos côtés, accompagné d'un plateau. Il déposa d'un geste aguerrie notre commande, puis, avant de repartir servir d'autre client il se permit de nous complimenter.-       Je voulais vous dire que vous étiez très charmantes mesdames, glissa-t-il timidement avant de partir, n'attendant aucune réponse.          Ainsi, mon merci resta coincé à l'intérieur de ma gorge, ne passant pas le seuil de ma bouche, cependant je doutais qu'il en fut autant pour mon hôte.  Malgré ça, elle sourit, timidement, comme si le compliment avait pu réellement la toucher. Je profitais de cette courte pause pour lui demander ce qui me hantait depuis un moment déjà.-       Pourquoi tu travailles pour lui ?             Elle reposa la tasse qu'elle avait approchée de ses lèvres et d'un coup j'eu l'impression de voir sa fierté s'envoler. Suivant cette dernière, sa présence qui me paraissait outrageuse et irrespectueuse s'effaça pour laisser émerger une femme bien plus fragile.-       Je n'ai pas eu le choix.             Son regard se voila, apparemment j'avais fait remonter à la surface ce que toute sorcière détestaient au plus profond d'elle-même, ses souvenirs.-       Il existe un moyen de nous faire obéir, tout le temps, pour les hommes la menace, la torture, mais ça fonctionne aussi avec nous. Nous sommes, ce que nous sommes, ce n'est pas un choix, c'est un fait, il existe dans notre sang ce don, ou cette malédiction qui, quand il se réveille, fait de nous des êtres spéciaux ... A partir de ce moment on a pour acquis que ce « virus » qui nous protège sera toujours là, mais, à ton avis, que se passe-t-il si on nous le retire ?           Elle l'avait dit. A cette simple formulation, à cette question qui pourtant était des plus simples, mon sang se glaça. Il s'agissait d'un des plus grand tabou de notre espèce, parler de notre sang, de ce qui fait tout notre être et notre unicité par rapport aux autres espèces et, imaginer qu'on puisse me le retirer, cette chose qui me définie, était des plus déconcertant, non, c'était pire, c'était totalement effrayant.-       Comme on pouvait l'attendre de l'homme, du fanatique, de cette organisation de malheur, ils ont testé cette hypothèse. Au début, c'est simplement une douleur insupportable, puis ton esprit, par soucis de protection se renferme sur lui même. Se serait bien, si tu n'avais pas conscience de se qu'il se passe autour. Mais, c'est le cas, tu sais ce qu'il se passe dans ton corps et autour de toi, mais, sans énergie, sans ce sang qui te fait vivre, alors tu restes immobile. D'ailleurs, ton corps continu lui aussi d'exister, préservant ces derniers centilitres enfermés dans la membrane de tes organes et dans ton épiderme. Mais, même si notre sang ne disparaît pas, ne sèche pas, il peut pourrir. A ce moment, tu sens tes organes souffrir de ce manque et se flétrirent comme une pomme trop vieille, puis finalement c'est notre enveloppe tout entière qui prend le même chemin, qui se décompose et devient poussière. Ce processus prend des années, parfois des siècles, te laissant parfaitement penser à ce qui va se passer ensuite, tu es consciente que tu vas redevenir poussière, tu le sens. A ce moment là, que penses-tu qu'il advienne de ton esprit ? De ton âme.             Je savais où elle voulait en venir et j'en avais la gorge nouée. Je suis chrétienne, j'ai été élevée comme ça et j'y avais toujours crus, même aujourd'hui, mon état n'a jamais pu me détourner de la voie, au contraire. Malgré ça, je sais que le paradis n'est fait que pour les hommes ...             La femme se racla la gorge comme pour chasser cette image qui l'avait fait frissoner. Elle n'était pas la seule.-       Quand ils te présentent cette option ou celle de les servir, bizarrement c'est le second choix que tu prends.             J'hochais la tête. C'était des monstres. Et ils pensaient pouvoir accéder à l'Eden. Ils pensaient pouvoir changer leur destin alors qu'ils faisaient ce genre de chose. J'en étais dégoûtée. Malade. Toutes ces âmes qui les servaient. Nahash s'était entouré de fidèles armes en les menaçant de cette manière.             La blonde finit par reprendre complètement ses couleurs, termina son thé tout en croquant le dernier biscuit que je lui avait volontiers laisser, ne pouvait décidément plus rien avalé. Mon estomac était retourné. Comment croire en l'homme après ça ?-       Bon, on nous attend ! Ah, au fait, moi c'est Joséphine.-       Marie, me présentais-je à mon tour sous ma véritable identité.-       Ou Mary, oui je sais ! Me glissa-t-elle avec un clin d'œil.             Sa phrase des plus mystérieuses m'intriguait, pour autant je ne dis rien.       Finalement, je ne la trouvais plus du tout hautaine, au contraire, elle m'était devenue sympathique depuis que sa façade était tombée. Elle était une femme attachante et vivante. Je trouvais alors d'autant plus dommage que l'on ne soit pas du même côté. Il aurait été plus facile de s'imaginer que celles qui me feront face n'étaient que le reflet de la mentalité pourrie de Nahash.           Je me levais, puis chercha de quoi régler l'addition, laissant au passage un pourboire au serveur. Ensuite, je me dirigeai vers mon acolyte qui déjà s'éloignait de notre table en direction du métro. Je la rejoins prestement.-       Ah oui, on a pas de véhicule, donc on va rentrer au bercail par les transports en communs.             Pourquoi pas, me dis-je tandis que je suivis mon guide qui arpentait si facilement le réseau sous-terrain, connaissant sûrement ce site depuis des centaines d'années. Nous n'attendîmes pas longtemps sur le quai et quand le métro fût à notre hauteur nous nous engouffrâmes dans la rame emplie de monde, étonnant en vue de l'heure qui ne correspondait nullement à la sortie des bureaux.             Elle se tenait légèrement contre la porte et on aurait pu penser qu'elle posait tellement cela rendait bien dans cet univers. Je n'étais d'ailleurs pas la seule à le remarquer, les hommes avaient tendances à la dévisager désireux, les femmes aussi, envieuses. Finalement, nous n'avions pas du tout vécu les mêmes choses. J'avais toujours eu tendance à m'effacer, rentrant dans le moule que la société humaine demandait, alors qu'elle, elle était mon exacte opposé, elle n'avait aucun scrupule à se démarquer de l'homme et de ses catégories. Elle n'était pas humaine et ne voulait pas leur ressembler, voilà ce que criait l'aura autour d'elle. Dans un sens, je l'admirais, dans l'autre, je savais qu'elle pouvait faire ça uniquement car ceux qu'elle craignait connaissait son secret et en avait besoin, ainsi il la protégerait de la mentalité populaire tant qu'elle les servirait. Ca n'avait pas été  mon cas, j'avais été seule, je l'avais d'ailleurs choisi.             D'un regard, elle me fit comprendre que notre arrêt était le prochain, et je regardais le nom de la station. Nous arrivions à la Défense. C'est ici que s'était finalement installé le siège de Nahash, à une autre époque, ils étaient près de Versailles. Nous sortîmes du wagon en même temps qu'un grand nombre d'usager et nous montâmes les marches pour faire face à un ensemble d'immeubles, tous plus grands les un des autres. Etrangement, c'était magnifique. Elle se dirigea d'un pas assurer à travers cet ensemble  de structure immense et nous fûmes rapidement devant l'un des immeubles les plus hauts. Elle ne me laisse pas le temps de le détailler et je me dépêchais de noter la rue, le numéro et le nom de l'entreprise dans un coin de ma tête avant d'entrer par les grandes portes automatiques complètement vitrées et impeccablement entretenues. Sans passer par l'accueil, elle alla directement vers l'un des larges ascenseurs qui trônaient, appuya sur le chiffre 35. Joséphine dû ensuite entrer un code nécessaire pour atteindre cet étage privatisé, elle le pianota rapidement sur le clavier et je crus comprendre qu'elle ne souhaitait pas que je l'enregistre. Le trajet fut silencieux, ma comparse regardait soucieuse son téléphone.             J'avoue que je ne me sentais pas particulièrement sereine à ce moment précis non plus, au contraire, plus les étages défilaient plus je m'inquiétais. Je savais que je ne pouvais pas faire machine arrière, j'étais dans l'antre du loup, mais ce n'était pas ça qui me semblait le pire. Ce qui avait tendance à m'angoisser et faire battre mon cœur de plus fort en plus fort, était d'envisager de rencontrer le fameux loup. Etrangement, malgré ce désir de le fuir continuellement, il y avait cette connexion qui nous unissait. Un lien qui me poussait, contre ma volonté, à le rejoindre. Etait-ce mon destin que de revenir vers lui pour ensuite le quitter ? N'étais-je destiné qu'à être sa marionnette ? Je voulais partir, mais avant, quelque chose en moi, exigeait de le voir, un cours instant sûrement, mais tout de même le revoir. Et, j'essayais de combattre ce désir infime et totalement irrationnel. Kérian, devait être ma drogue, cette substance qui me fait vivre que de moments douloureux, celle que je ne peux que détester, mais qui pourtant reste ancrée en moi.        Quand les portes, s'ouvrirent, les battements de mon cœur augmentèrent encore leur rythme. Joséphine me conduit vers l'une des pièces de l'étage.-       C'est ici que tu crècheras, me désigna-t-elle tandis qu'elle ouvrit les portes de ma nouvelle résidence, me laissant entrevoir la richesse de la chambre.             Elle m'invita à entrer.-       On m'a dit de te dire de ne pas chercher à t'enfuir.             Comme à mon habitude, j'hochais la tête.-       Sinon, là je dois y aller et je suis obligée de t'enfermer, s'excusa-t-elle avec un sourirenavrée. Mais promis, je compte revenir plus tard !-         Je t'attendrais, dis-je, peu assurée.          Elle sourit, touchée puis ferma la porte derrière moi. J'entendis les clés tourner dans la serrure. Elle n'avait pas mentit. Je regardais la pièce. Elle était spacieuse, mais j'eu l'horreur de reconnaître certains meubles. Ceux de mon ancienne vie. Les mêmes qui avait meublé une très ancienne demeure. Il aimait décidément m'enfermer dans cette même bulle, la sienne.

Salem.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant