Debout ! Ce cauchemar passera bien si je marche. Je dois penser à autre chose... Et marcher m'aidera.
Je trouve inquiétant ce mauvais rêve qui revient, maintenant pour la troisième fois. Quatre si l'on compte la fois où il est apparu dans la cachette d'Azel. Les gens effrayés. Maman qui m'entraîne dans cette cache... J'ai si peur.
Je pousse la porte de l'extérieur et parvient aux remparts. Le vent vient frapper ma figure tandis que l'étau se resserre autour de ma gorge. Je voudrais changer le monde et c'est maintenant que les difficultés d'adultes surviennent.
Encore à demi endormie, je m'assois par terre et fixe mon regard sur un point invisible au milieu de la cour. L'activité qui s'était endormie quelques temps reprend petit à petit. Je sais qu'il va me falloir retourner dans la chambre pour me changer et rejoindre mes amis. Mais je ne veux pas. Pas encore.
J'observe d'abord passer papa, en bas. Puis un garde me voit assise par terre sur les remparts et me demande si tout va bien. Je cache ma mine mouillée et opine de la tête. Et je remarque maman qui s'approche des grilles. Une femme entre et vient discuter avec elle. Doucement, je les observe. Maman fait de grands gestes. La dame me tourne encore le dos. Mais quand elle vient me faire face, je blêmis.
Il est temps que je parte me changer. J'ai le cœur qui bat à rompre. Je cours ensuite dans la cour : maman et la dame sont toujours là. Et mes problèmes d'adultes reviennent. Je crois que durant ces quelques jours, je suis en train de passer de l'enfance à l'âge mâture. Presque sans transition.
Maman finit par prendre une lettre de la part de la dame et tourne des talons.
Se pourrait-il que la reine collabore avec la moule et La Berlue ?
Maman ?
Isak n'est pas aux grilles. Cela m'inquiète mais je ne m'y attarde pas outre-mesure et fais rapidement signe à Azel de me rejoindre. Je lui chuchote à l'oreille, en quelques mots, ce que je viens de voir.
Maman a lu la lettre et l'a laissée dans sa chambre. Dès son départ, nous entrons dans la pièce pour fouiller. Les tiroirs, l'armoire, les étagères sont vides de lettres. Mais Azel découvre un double-fond dans l'une de ses boîtes et me tend la lettre.
Fébrile. Courir dans ma chambre. Azel est derrière moi, rassurant.
- C'est ta chambre ?
- Oui.
Sans rien dire de plus, j'ouvre la lettre et la lit silencieusement. Cela ne se fait pas, je le sais. Mais j'ai peur pour mon château...
"Ma chère Alizée..."
Alizée ? C'est le prénom de maman ? Je ne savais pas qu'elle avait un prénom. Mais celui-ci résonne familièrement à mes oreilles : je crois l'avoir déjà entendu de la bouche de papa.
"Ma chère Alizée,
Ma lettre te surprendra mais je te conjure de la lire, en souvenir de ces heureuses années passées ensemble."Azel est debout près de mon bureau, observant mes bibelots.
"Aussi, chère Alizée, je te demande aujourd'hui ton aide. Tu me sais loyal à mon pays : dévoué jusqu'au prix du sang. Tu me sais courageux au point de me jeter dans les griffes d'une ville qui me haïssait, et tu me sais amoureux.
Ma tendre Alizée, tu es la seule à pouvoir affirmer avoir touché mon cœur... La Berlue, La Berlue ! Grand illusioniste ! Ce ne sont que des paroles et tu le sais bien. Derrière tous ces mots, il y a ce cœur que tu as brisé quelques années auparavant. Il y a moi.
En mon souvenir, en souvenir de ces joyeuses années, Alizée... Aide-moi.
Et si tu refuses, j'emploirais le chantage : je révélerais tout.
Alizée, pourrais..."
Azel m'arrache la lettre des mains et court se cacher derrière une armoire. Au même instant, la porte s'ouvre sur maman. La gratitude envers mon ami remplace la stupeur.
- Perle, tu n'es pas dehors avec ton ami ?
- Non maman. Je viens à peine de me lever. J'ai très mal dormi.
- Un cauchemar ?
- Oui... Maman ? C'est des personnes qui crient, et toi qui est inquiète... Est-ce que... Y a-t-il déjà eu la guerre ?
- Est-ce un cauchemar ou un mauvais souvenir ?
- Le deux.
- Oui ma puce, tu as raison. La mer nous a déjà attaqués de nombreuses fois mais papa l'a toujours repoussée avant qu'elle ne fasse de véritables dégâts. Mais une fois, oh tu étais si petite que tu dois à peine t'en souvenir, la bataille fut plus rude.
- La mer a-t-elle gagné ?
- Elle fut à deux doigts de remporter la guerre. Une partie du château fut détruite. Mais une fois encore, elle repartit.
- Comment avez-vous fait pour gagner ?
- La ville a fait bloc pour résister.
- Tous ?
- Tous, sourit maman. Tu en poses de ces questions... Serais-tu inquiète ?
- Toi aussi tu étais contre les méchants, n'est-ce pas ?
- Évidemment.
- Et tu nous aimes tous...
- Plus que tout. Quelles drôles de question, Perle !
- Je veux apprendre le plus de choses possibles. Parce que plus tard, je serai reine, comme toi. Et je voudrais être une bonne reine pour changer le monde.
- C'est bien. Allez, j'ai à faire.
Et maman quitte la pièce. Azel sort de sa cachette, soucieux. Il vient s'asseoir à côté de moi sur le lit, la lettre dépliée dans sa main.
- L'as-tu lue en entier, questionné-je ?
- C'est... Troublant. Je ne sais pas si j'aurais dû la lire. La princesse, puis la reine... Comment, moi, pauvre bougre, ai-je pu me retrouver dans une affaire de cette envergure ?
- Je veux lire la lettre.
- Moi j'ai déjà perdu ma pureté depuis longtemps. Mais toi, Perles, tu risques beaucoup à la lire.
- Est-ce donc si terrifiant ?
- Aimes-tu ta mère à l'infini ?
- Oui. Répliqué-je fermement.
Je récupère la lettre. J'ai peur mais il me faut faire preuve de courage.
"Alizée, pourrais-tu retarder autant que possible la défense de ton époux ?
Trahison ! Certainement pas, dois-tu te dire. Mais souviens-toi que dans notre jeunesse, nous nous aimions. Souviens-toi que lors de la dernière offensive de la mer, j'ai cédé à ton amour et ordonné une retraite, vous laissant la victoire. Je t'ai donné beaucoup. Maintenant j'exige un retour.
La Berlue."
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Mon château de sable
FantasyQuand le conte et l'amour s'invitent dans la Fantasy... Redevenez enfant. Unique en amour Aimer Mon château d'un jour Donner Le lien qui nous lie Aimer Devient si joli Donner Et la vie est telle Aimer Et la vie est belle Perle voudrait changer le mo...