- Perle !
C'est maman qui court vers moi et me prend dans ses bras. Je pleure encore mais sa présence me réconforte un peu.
- Pourquoi as-tu mis tant de temps à rentrer du spectacle ?
- C'est... Je crois que c'est La Berlue. Il a envoyé des hommes à ma poursuite.
- La Berlue ? Mais... Pourquoi ? Bon, écoute ma puce. Rentre dans ta chambre, repose-toi.
Je rentre me coucher et m'effondre aussitôt. Ce même cauchemar revient me hanter. Je serre les poings. Une brume épaisse envahit mon esprit. Dans un demi sommeil, je sens ma bouche pateuse. Changer de position toutes les cinq minutes.
Et puis je décide que c'en est assez. Le sommeil ne viendra pas. Alors je me lève d'un bond. On vient par ailleurs m'annoncer que papa veut me voir et je cours dans son bureau.
- C'est vrai ce que m'a raconté hier ta maman, ma puce ?
- J'ai eu très peur, papa.
Il me prend sur ses genoux, remet en place l'une de mes mèches et me colle sur la joue un épais baiser.
- Il ne faut pas avoir peur, ma puce.
- C'est trop tard, maintenant.
- Raconte. Je peux peut-être faire quelque chose.
- Au moment de l'entracte, j'avoue avoir été prise d'une soudaine curiosité.
Et je lui conte tout, en omettant la partie qui concerne Azel. Il m'écoute attentivement, sourcils froncés, avant de répliquer :
- Ton histoire est incohérente sur certains points. Je ne comprends pas ton intérêt soudain pour cette pauvre étoile de mer et tu ne m'as pas parlé de cet Azel qui te faisait pleurer hier soir.
Je blêmis. Allons donc... Il va falloir tout lui révéler. Et c'est maintenant que je comprends que les secrets ont creusé un fossé entre nous. Et cependant, je sais que j'ai peu à me reprocher parce que je n'ai fait qu'aider mes proches.
Ainsi, je lui dis ma rencontre avec Azel, et toutes les aventures qui ont suivies, jusqu'à sa disparition hier. Mais une fois de plus, je préfère lui cacher la lettre de menace de maman. Lorsque je me tais enfin, mon père garde le silence. Nous nous observons ou détournons les yeux, embarassés. Puis :
- Tu ne m'en veux pas, papa ?
- Ma puce, écoute tu as libéré un malfrat et mis ta vie en danger, pourquoi t'en voudrais-je, rit-il doucement...
- Je vois bien que tu es déçu.
- Eh bien, je sais que tu es la plus merveilleuse princesse que l'on puisse rêver. Mais je ne vais pas te cacher que tu as mal agis. Tu es privée de sortie, seule, jusqu'à nouvel ordre.
- Mais ! Je vais m'ennuyer ici, m'exclamé-je.
- Non parce que tu vas passer ce temps-là avec moi.
Papa aussi je l'aime. Et c'est ce qui me le rend si attachant, si unique et si beau. Même s'il vient de me punir et que cela me fâche...
Papa m'emmène d'abord à l'université d'architecture où je vois de nombreux étudiants travailler sur des plans qui permettront le renforcement de nos défenses. Puis il m'entraîne à la caserne afin de superviser un exercice. Il s'entretient ensuite, mais cette fois-ci dans son bureau, avec le général et différents directeurs de grandes entreprises. À chaque fois, on me regarde entrer avec curiosité et amusement. J'espère vraiment qu'un jour on me considérera avec respect.
A la fin de toutes ces visites, papa et moi nous retrouvons assis l'un en face de l'autre dans son bureau. Il me demande :
- Et maintenant, ma puce, as-tu des questions ?
- Pas sur ce que nous avons vu. Mais une réflexion d'un autre ordre, plutôt. Hier soir j'étais, comme tu le sais, au grand spectacle de La Berlue. Et il a réalisé un tour étrange où il a forcé, je ne sais pas comment, la serrure qui le maintenait enfermé. Je t'ai raconté qu'il avait déjà envoyé une moule pour récupérer la clé. Penses-tu que la clé soit suffisamment en sécurité ?
- Où voudrais-tu la mettre, autrement ?
- Je... Je ne sais pas.
- Eh bien moi non plus. Mais je te promets d'y réfléchir sérieusement, ma puce.
- J'ai une autre question, papa.
Cette fois je grimpe sur ses genoux. La demande que je vais formuler me tient terriblement à cœur et je veux absolument que papa l'accepte.
- Je sais qu'Azel a fait du mal. Mais il est devenu mon ami.
Papa fait un geste d'impatience...
- Écoute, tu ne sais rien de son passé, tu...
- Je me contrefiche de son passé, papa. Ce que je sais - et ce qui m'importe - c'est qu'il m'a aidée et qu'il m'a montré de beaux sentiments. Et puis contrôle-t-on ses sentiments ?
- Oui, on peut les contrôler.
- Ah bon ?
- Oui, chérie.
- Oh ! Mais cela ne fait rien. Je l'aime quand même. Il est mon ami. Pourrais-tu le rendre libre officiellement et le disculper ?
Papa ouvre de grands yeux ronds tout en acquiesçant. Il m'observe de haut en bas, tout en murmurant :
- Ma petite fille grandit trop vite. Voilà que tu parles déjà comme une adulte !
- Donc il est libre ?
- Oui.
Un combat de gagné. Il m'en reste un second mais puis-je le demander sans craindre de recevoir la foudre sur ma pauvre petite tête ? Allons, du courage, Perle !
- Toi, sourit papa, je crois que tu n'en as pas terminé. Explique-moi vite parce que j'ai du travail.
- Azel est en danger. C'est La Berlue qui l'a enlevé. Il n'y a que toi qui pourrais le sauver.
- Tu n'es même pas sûre que ce soit La Berlue ! Et sais-tu ce que je risque en envoyant des gardes fouiller sa maison ?
- Papa, ce n'est pas...
C'est à ce moment-là qu'un ministre frappe à la porte. Il vient apporter des nouvelles. Papa le fait entrer et me fait signe de me reculer.
La mer arrive, la mer est tout près. Elle n'a jamais été aussi près. La bataille est imminente.
Mon père a bien vu tout à l'heure que nous êtions prêts à l'accueillir de pieds fermes. Mais la tension chez lui qui s'est accumulée ces derniers temps explose tout-à-coup.
VOUS LISEZ
Mon château de sable
FantasyQuand le conte et l'amour s'invitent dans la Fantasy... Redevenez enfant. Unique en amour Aimer Mon château d'un jour Donner Le lien qui nous lie Aimer Devient si joli Donner Et la vie est telle Aimer Et la vie est belle Perle voudrait changer le mo...