- Il ne faut pas rester sans rien faire.
- Pouvons-nous seulement faire quelque chose ?
- Il n'est pas trop tard, il n'est jamais trop tard, pour se battre !
- Levez-vous.
- Se lever ?
- Ayez le courage de vous redresser.
- Mais...
- Le château est loin d'être mort !
- Il est en tas !
- Ayez du courage, enfin !
C'est maman qui a crié ces derniers mots. Alors, tous se taisent et écoutent. Isak, ragaillardi par mes retrouvailles avec lui, s'était posté sur un monticule pour apostropher les habitants du château. Je criais avec lui mais peu nous écoutaient. Cependant l'intervention de maman a eu son effet. Et la reine reprend :
- Quel sera notre avenir si nous ne nous battons pas ? Quel avenir, je vous le demande !? Il faut provoquer une révolte : nous rendre au front et nous battre.
- Nous n'avons pas d'armes...
- Mais nous avons du courage, m'écrié-je.
- Est-ce toi, Perle, toi qui nous a tous vendu, qui nous dis cela ? Rétorque une voix.
Je ne sais pas quoi répondre à ces mots mais ils me bouleversent. Le désespoir me gagne et je me recule du sommet de la butte où je me tenais. Le temps de reprendre mes esprits.
- Que ceux qui veulent refonder un nouveau monde viennent avec moi, ordonne Isak d'un ton vif et mûr que je ne lui connaissais pas.
Il se recule alors de quelques pas et croise les bras. Je me suis mis à l'écart avec lui aussi. J'attends que les autres réagissent. Mais rien ne se passe. Isak, bien que très valeureux, n'est pas connu. On se méfie de lui.
Il semble triste que personne ne le suive. Et un peu dégoûté certainement. Je lui prends timidement la main.
- Viens, dis-je. Nous irons tous les deux.
- C'est du suicide.
- Ou de l'héroïsme. Entre rester ici sans espérance et partir au feu, je sais ce que je préfère.
Et je l'entraîne vers le front. Doucement. Marchant, maintenant habitués à la pression de l'eau et plus résistants.
Une main cherche la mienne et la serre très fort. C'est maman. Elle nous a rejoint. C'est bien.
- Perle, chuchote Isak. Perle, retourne-toi tout doucement. Tout tout doucement.
Curieuse, j'obéis. Ils sont nombreux, là, derrière, à nous suivre. Maman m'adresse un clin d'œil en se penchant vers moi :
- Je savais bien que l'autorité que je représente vous apporterait un léger coup de pouce. C'est bien, les jeunes, ce que vous faites.
Alors je reprends espoir, un grand espoir qui étire mes lèvres en un grand sourire : nous allons peut-être réussir notre révolte.
Le niveau de l'eau commence à baisser, nous rencontrons de plus en plus de soldats qui nous regardent avec étonnement. Les hommes-gouttes poussent l'eau en avant, provoquant de larges vagues. Mais je vois bien, devant, que cela résiste. Et la mer, plutôt que d'avancer, semble reculer.
- Que faites-vous ici ? Clame un soldat en s'approchant de nous.
- Peut-être que nous ne voulons pas rester captifs toute notre vie, répliqué-je. Quel avenir pour nous, sinon ?
- Vous vous révoltez ?
- Oui.
- Ah ! S'exclame-t-il avec colère. C'est la révolte ! J'avais bien dit qu'il fallait tous vous tuer...
- Et préférer un massacre ? Vous auriez rejeté toute humanité, c'est stupide.
- Que se passe-t-il ici ? S'écrie un homme monté sur un hippocampe harnaché des couleurs royales de la mer.
Maman fronce les sourcils et comprend que c'est à elle d'intervenir. Elle lève les yeux vers cet homme qui la surplombe, flottant dans l'eau, et explique :
- C'est une révolte, sire. J'ai l'honneur de la conduire avec ma fille et son ami Isak.
- Nous pouvons vous donner des droits et vous intégrer à l'empire. Est-ce cela que vous désirez ? J'attendais que la situation au front soit plus stable pour vous l'annoncer mais je souhaitais octroyer à chaque famille une maison et des droits.
- Non, répond doucement maman.
Je constate alors un fait qui me glace d'effroi : des soldats se sont postés tout autour de notre petit groupe, l'arme à la main. Je me penche vers Isak pour le lui faire remarquer quand le roi adverse réagit :
- En ce cas, je le regrette, mais il nous faut...
Il marque une pause et sourit. Le dernier mot éclate comme un tonnerre :
- Combattre !
Et les soldats se jettent sur nous... Que faire ? Combattre ?
Je reste pétrifiée face au soldat qui se précipite vers moi. Il m'assène un grand coup au visage qui me fait tomber à terre. La guerre, la guerre, la guerre... Tu la vois en face, Perle. Il me frappe avec un grand bâton et j'ai mal. Alors, pour cesser cela, je tente d'attraper l'objet et tire de mes deux bras vers moi. Oui, j'ai peu de forces. Mais j'espère que cela suffira.
Bang !
Mon homme s'écroule soudainement. Et derrière apparaît Isak.
- J'ai cru comprendre que tu avais besoin d'aide, me souffle-t-il dans un sourire. Garde le bâton, il te sera utile.
Et ainsi, je suis armée ! Ce simple objet me redonne plus de confiance en moi et de vigueur que je n'en espérais. J'entraîne le groupe à s'approcher toujours plus du front. Et je m'extasie de nos victoires.
- Perle, me dit encore Isak. Les autres, les plus timorés qui étaient restés en arrière, ont pris l'armée à revers. Cela explique que tout nous soit si facile.
Et papa est avec eux et les entraîne, magnifique. Je reprends espoir : tout est possible, après tout. Petit à petit, le front se dégage. J'évite évidemment de frapper trop brusquement mais il est vrai que je manque plusieurs fois d'être touchée définitivement. Alors je me faufile un peu comme une anguille et j'esquive les coups. Je préfère passer sous la barrière de soldats et parvenir dans un champ libre où je pourrais exhorter le reste des combattants sans craindre pour ma vie.
Je suis devant, agile, rieuse. Je sais qu'Isac n'est pas loin. Bientôt, il me rejoindra. Je vois le sable sec, si proche de moi. Il ne me faut que quelques pas et j'émerge de l'eau. Je suis en territoire libre.
Libre !
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Perle, le retour !!!!!
Eh oui wifi un peu plus tôt que prévu donc j'en profite pour vous mettre ce chapitre. On approche de la fin... J'espère que ça vous plaît toujours ;-)
Et merci pour les 3k !!!
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Mon château de sable
FantasyQuand le conte et l'amour s'invitent dans la Fantasy... Redevenez enfant. Unique en amour Aimer Mon château d'un jour Donner Le lien qui nous lie Aimer Devient si joli Donner Et la vie est telle Aimer Et la vie est belle Perle voudrait changer le mo...